Un cours d’une semaine abordera l’équité, la diversité et l’inclusion en STIM
Pourquoi les femmes et les minorités sont-elles historiquement sous-représentées dans les domaines des sciences, des technologies, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM)?
Pourquoi importe-t-il de cultiver la diversité dans les communautés de scientifiques et de chercheurs?
Et comment freiner la propagation des préjugés inconscients lorsqu’on pense aux STIM?
Ce ne sont là que quelques-unes des questions qui seront abordées dans le cadre de l’institut interdisciplinaire estival de l’Université Concordia.
Une vingtaine d’étudiants et d’étudiantes à la maîtrise et au doctorat venus d’établissements des quatre coins du Canada et du monde seront choisis pour participer à ce cours de cycle supérieur de trois crédits qui se donnera du 27 au 31 mai.
Les professeures de Concordia Tanja Tajmel et Stefanie Ruel dirigeront le séminaire en compagnie des conférencières Katemari Rosa, professeure à l’Institut de physique de l’Université fédérale de Bahia, au Brésil, et Mary Beth Doucette, professeure adjointe et titulaire de la chaire Purdy-Crawford à l’École de gestion Shannon de l’Université Cape Breton, et membre de la bande de Membertou.
« Favoriser la diversité en STIM signifie accroître l’égalité sociale; il ne suffit pas d’améliorer la main-d’œuvre ou la production », affirme Mme Tajmel, professeure agrégée au Centre Génie et société de l’École de génie et d’informatique Gina-Cody de Concordia.
« L’éducation en STIM constitue essentiellement un droit de la personne. La sous-représentation des femmes, des personnes de couleur et d’autres groupes en STIM est le produit de siècles de discrimination sur plusieurs plans. Plus qu’une simple question de préjugés inconscients, il s’agit d’une inégalité sociale qu’il est temps d’aborder de front dans le but d’approfondir le sens du mot “diversité” au-delà de sa popularité actuelle. »
« Nous bâtissons ici notre avenir; par conséquent, si certains groupes sont exclus ou sous-représentés, cet avenir ne sera pas aussi florissant et équitable sur le plan social qu’il pourrait l’être. »
« La recherche diversifiée est de meilleure qualité »
L’institut abordera les concepts fondamentaux du genre, de la diversité et de l’intersectionnalité ainsi que les objectifs clés que sont l’égalité, l’inclusion et le respect des droits de la personne. Les matins et les après-midi seront consacrés à des conférences et à des ateliers animés par différents orateurs.
« La journée axée sur le colonialisme et les STIM sera notamment l’occasion d’effectuer une excursion pédagogique à Kahnawake pour y rencontrer des experts et découvrir les initiatives en STIM de la communauté autochtone », explique la Pre Tajmel, dont la recherche et l’action revendicatrice portent sur la discrimination intersectionnelle en STIM.
« Les faits ne trompent pas »
Tanja Tajmel souligne les avantages pratiques indubitables de l’hétérogénéité pour les groupes voués à la résolution de problèmes ou à la recherche qui travaillent sur les applications courantes de l’ingénierie, des mathématiques ou de la médecine. Un groupe diversifié tendra en effet à faire preuve de plus de créativité et à envisager de manière plus exhaustive les réactions potentielles ou l’accessibilité et l’acceptabilité des solutions.
« Prenez les feux de circulation dans une ville. S’ils ne sont conçus que par des trentenaires en santé, le temps alloué pour traverser la rue ne suffira probablement pas aux aînés, aux enfants ou aux personnes à mobilité réduite », note la chercheuse.
« De même, une surreprésentation des scientifiques blancs en STIM signifie probablement que leurs recherches aborderont des champs d’intérêt propres aux hommes blancs et reproduiront leurs points de vue. »
« Nous devons être conscients de ces problèmes. »
Le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie abonde d’ailleurs dans le même sens : « Les faits ne trompent pas : l’équité, la diversité et l’inclusion renforcent le milieu scientifique ainsi que la qualité, les retombées et l’utilité pour la société des travaux de recherche. »
L’interdisciplinarité stimule la créativité
Depuis une dizaine d’années, l’interdisciplinarité est de plus en plus populaire, et ce, à juste titre, selon Effrosyni Diamantoudi, vice-doyenne du recrutement et des bourses à l’École des études supérieures, et professeure de sciences économiques à la Faculté des arts et des sciences.
« L’interdisciplinarité incite les gens à sortir de leur carcan et à échanger avec des collègues d’autres domaines, ce qui ouvre grand la porte à l’inattendu », soutient-elle.
Pour la vice-doyenne, l’objet de l’institut cette année s’avère opportun et s’accorde bien avec l’interdisciplinarité ou la mixité intellectuelle.
« En diversifiant la population d’une discipline donnée, on obtient des résultats supérieurs, plus substantiels », ajoute la Pre Diamantoudi.
« Les STIM ne comptent pas moins de femmes et de personnes issues des minorités parce que celles-ci n’y excellent pas, mais bien parce qu’on ne les encourage pas à y étudier dès leur jeune âge. Les préjugés inconscients qui influent sur les choix de vie doivent être surmontés », conclut-elle.
Les étudiants et étudiantes des cycles supérieurs de tous domaines et établissements postsecondaires sont invités à poser leur candidature à l’institut interdisciplinaire estival de l’Université Concordia avant le 29 mars 2019.