Une nouvelle étude examine l’usage de l’humour à la moyenne enfance
La prochaine fois que vous êtes en présence d’un enfant de sept ans, prenez le temps de l’écouter. Vous trouverez probablement ce qu’il dit très drôle, du moins d’un certain point de vue.
Aussi amusant et fascinant soit-il, l’humour enfantin a fait l’objet de bien peu de recherches universitaires. Or, un nouvel article corédigé par Nina Howe, professeure en sciences de l’éducation et titulaire de la chaire de l’Université Concordia en éducation et en développement de la petite enfance, entend changer cette situation en examinant la façon dont les enfants de sept ans utilisent l’humour lorsqu’ils jouent avec leurs frères et sœurs.
Publiée dans le British Journal of Developmental Psychology, l’étude intitulée ‘H, I, J, K, L, M, N, O, PEE! Get it? Pee!’: Siblings’ shared humour in childhood est le fruit d’une collaboration avec Amy Paine, chercheuse postdoctorale à l’Université de Cardiff, au Royaume-Uni. Bien que la Pre Howe ait étudié le comportement et le jeu des enfants tout au long de sa carrière, c’est la première fois que sa collègue et elle examinent l’usage de l’humour à la moyenne enfance de manière organisée et systématique.
Une abondance de rires
Les chercheuses ont eu recours à des enregistrements vidéo compilés par un chercheur de l’Université de l’État de New York à Geneseo, qui montraient 86 enfants de sept ans s’amusant avec leur fratrie durant 15 minutes. Dans chaque paire, l’autre enfant pouvait être plus jeune ou plus vieux et du même sexe ou du sexe opposé, mais les deux enfants étaient d’âges assez rapprochés. Certaines paires jouaient avec un ensemble de village et d’autres avec un ensemble de train.
Mmes Howe et Paine ont élaboré un code pour répertorier les divers types d’humour qu’employaient les enfants, à savoir l’humour absurde (descriptions ou comportements inattendus ou anormaux), les jeux de mots, les jeux de sons, le badinage (taquineries légères), les tabous (humour scatologique) et les clowneries.
Les chercheuses ont également codé les réponses de chaque enfant à l’humour de l’autre : aucune réponse, réponse positive ou neutre, réponse négative, clarification, imitation et extension.
Enfin, elles ont minuté les incidences d’humour au cours des 15 minutes d’observation. Les enfants se sont révélés de drôles de petites créatures. L’un des enfants ou les deux ont en effet recouru à l’humour durant 9 % du temps d’observation.
Décortiquer les blagues
Après avoir examiné les données, les chercheuses ont fait une découverte frappante : il existait une disparité entre les sexes quant à l’utilisation de l’humour. Elles ont en effet constaté que les frères recouraient à l’humour plus souvent entre eux que les sœurs et les paires mixtes.
« Les garçons privilégiaient vraiment l’humour absurde, explique Nina Howe. Par exemple, un gamin a dit à son frère avec sa drôle de petite voix qu’il avait du fromage dans sa poche, et l’autre a éclaté de rire. »
Les autres types d’humour employés ne sont pas difficiles à deviner.
« On recourait beaucoup aux tabous – l’humour scatologique était très populaire. Sans oublier les clowneries, les grimaces et les gestes ridicules avec les doigts. »
La Pre Howe soupçonne qu’il existe des raisons pour lesquelles les garçons aiment plus utiliser l’humour entre eux que les filles ou les paires mixtes. Selon elle, les filles pourraient être socialement conditionnées à répondre ou à employer l’humour différemment des garçons, tandis que les enfants de paires mixtes voient leurs champs d’intérêts individuels diverger.
« [Les paires de même sexe] comprennent les blagues, explique-t-elle. Elles possèdent un langage commun et une expérience commune. »
Elle ajoute toutefois que les fratries ont souvent une interaction ritualisée en matière d’humour.
« Les enfants se connaissent très bien. Ils jouent ensemble depuis longtemps et peuvent donc s’inspirer de choses qu’ils ont vécues ensemble. On le voit par exemple dans leurs petits jeux, et cela signifie aussi qu’ils savent comment se taquiner! »
Jeux d’enfants
« Nous avons été vraiment frappées de constater à quel point les enfants recouraient à l’humour dans leurs jeux ainsi que la variété des types d’humour qu’ils employaient, conclut Nina Howe. Étonnamment, nous n’avons remarqué que très peu d’humour méchant. Les enfants savaient comment se divertir en restants assez positifs. »
En tant que chercheuse, elle avoue que l’étude était particulièrement amusante à mener. « J’étais fascinée par la manière dont les enfants interagissaient, élaboraient leurs jeux et tissaient des liens. Comme leur comportement était dyadique, ils s’attendaient à ce que leur frère ou leur sœur réagisse ou surenchérisse, ce qui montre à quel point ils sont liés. »
Consultez l’étude citée : ‘H, I, J, K, L, M, N, O, PEE! Get it? Pee!’: Siblings’ shared humour in childhood.
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