La doctorante Zahra Yousefli définit un processus d’amélioration des services hospitaliers canadiens
Année après année, les hôpitaux s’arrogent la plus grosse part du budget que le Canada consacre à la santé.
Récemment, l’Institut canadien d’information sur la santé confirmait qu’au pays, les dépenses hospitalières représentent 28,3 % de l’enveloppe budgétaire allouée à la santé – soit près de 2 000 $ par personne.
Étudiante en quatrième année du doctorat à Concordia, Zahra Yousefli veut s’assurer que ces fonds sont utilisés à bon escient. Aussi, sous la supervision d’Osama Moselhi et de Fuzhan Nasiri, professeurs à l’École de génie et d’informatique Gina-Cody, elle a élaboré une nouvelle méthode de gestion de l’entretien des installations hospitalières. Sa démarche pourrait notamment contribuer à augmenter le degré de satisfaction des patients.
Avant ses études à Concordia, Mme Yousefli a effectué deux maîtrises en Iran : l’une en architecture à l’Université islamique Azad; l’autre en gestion de projets de construction à l’Université de Téhéran. Par ailleurs, elle a exercé la profession d’architecte pendant plus d’une décennie.
Il s’agit de minimiser les retards et de maximiser l’efficience
Quel est le rapport entre l’image ci-dessus et vos travaux à Concordia?
Zahra Yousefli : Il y a environ 1 500 hôpitaux au Canada, et le Centre universitaire de santé McGill est l’un des plus importants. Fréquentés par d’innombrables patients, les établissements de santé sont ouverts aussi bien le jour que la nuit, la semaine que le week-end. Dès lors, les tâches d’entretien s’y révèlent des plus complexes. Les gouvernements canadien et québécois doivent donc gérer de façon innovante l’entretien des établissements de santé, mais sans compromettre leur rendement.
L’affectation inefficace des ressources entraîne souvent une augmentation des dépenses d’entretien – par exemple pour la main-d’œuvre, les matériaux ou les pièces de rechange. Selon l’approche centralisée classique en matière de gestion de l’entretien, la répartition des ressources et la programmation des tâches se font en fonction de données historiques.
Mais cette méthode fait abstraction des défaillances inattendues des éléments de construction, en particulier ceux qui comportent de nouvelles technologies et pour lesquels on ne dispose pas d’états d’entretien. En outre, elle ne tient pas compte des surcharges imprévues liées aux hausses du nombre de patients ou de visiteurs.
Résultat, les hôpitaux doivent composer avec des retards d’entretien et une accumulation de problèmes qui, avec le temps, nuisent au rendement et à la prestation de services.
Quels résultats attendez-vous de vos travaux?
Z. Y. : Grâce à un procédé de simulation faisant appel à de multiples méthodes, je compte mettre au point un système d’aide à la prise de décisions, et ce, à l’intention des responsables des installations dans les centres hospitaliers. Cette approche permettra aux établissements de santé d’intégrer des données segmentées à différentes étapes du processus de gestion de l’entretien – de l’exécution des tâches quotidiennes à la prise de décisions tactiques ou stratégiques. En définitive, il s’agit de minimiser les retards et de maximiser l’efficience.
Dans le cadre de ce projet, j’espère trouver des solutions rentables en matière de gestion de l’entretien et, aux fins d’une étude de cas, optimiser le volet planification d’un hôpital montréalais.
Quels pourraient être les effets concrets de vos travaux dans la vie des gens?
Z. Y. : Les repères classiques, comme le nombre de lits par hôpital ou le taux d’occupation de ces lits, ne reflètent plus la qualité des services fournis aux patients, aux membres du personnel et aux visiteurs dans nos établissements de soins aujourd’hui débordés. Or, les pratiques d’entretien efficientes et efficaces ont une incidence directe sur l’exploitation quotidienne des hôpitaux.
Parmi les retombées potentielles mais immédiates du procédé de simulation faisant appel à de multiples méthodes, soulignons une hausse du degré de satisfaction des patients quant à leur expérience en milieu hospitalier. Il pourrait aussi en découler des avantages généralisés à long terme qui, en retour, favoriseraient le bien-être collectif.
Quels sont les principaux obstacles auxquels vous vous heurtez dans vos travaux?
Z. Y. : Il est difficile d’accéder à des données exactes et fiables. La plupart du temps, l’information relative à la gestion de l’entretien d’un hôpital est uniquement consignée sur papier. Parfois, elle est peu ou pas étayée par des documents probants.
Pour des questions de confidentialité, c’est tout un défi d’obtenir des données financières, notamment des précisions sur les soumissions. L’essor de la recherche dans ce domaine nécessitera plus efforts concertés entre le milieu universitaire et le secteur de la santé.
Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de votre sujet de recherche au départ?
Z. Y. : Au début de mon doctorat en génie du bâtiment à Concordia, j’ai suivi le cours Fundamentals of Facility Management (« principes fondamentaux de la gestion d’installations »; BLDG 6631), que donnait Fuzhan Nasiri. Grâce à ce cours et à une consultation exhaustive de la littérature spécialisée, j’ai appris à discerner les lacunes que présentent divers aspects de la gestion de l’entretien des installations.
Par la suite, je me suis surtout concentrée sur la gestion des installations en milieu hospitalier. J’ai constaté que les hôpitaux connaissaient de vastes problèmes en matière d’entretien et que ces difficultés avaient une incidence tant sur la santé des Canadiens que sur la satisfaction des patients.
Depuis, j’ai communiqué avec les responsables des installations de plusieurs hôpitaux afin de mieux saisir les principaux enjeux auxquels ils sont confrontés et de me familiariser avec les solutions qu’ils ont adoptées en vue d’y remédier.
Quel conseil donneriez-vous aux étudiants en STIM qui veulent se lancer dans ce type de recherche?
Z. Y. : Peu d’analyses ont été effectuées sur la gestion de l’entretien des installations au sein des hôpitaux et des établissements de santé. Quelle que soit leur formation antérieure, les étudiants intéressés par cette question peuvent profiter de la vaste gamme de cours thématiques qu’offre Concordia et apporter leur contribution à l’essor des connaissances en gestion des installations.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus à Concordia?
Z. Y. : Des professeurs de renommée mondiale y enseignent la gestion des infrastructures et des projets de construction. Du reste, mes superviseurs – qui sont de véritables leaders dans leur domaine – m’ont assuré un appui indéfectible.
Je souhaite également remercier les centres de recherche où j’ai travaillé, notamment le Laboratoire de génie des systèmes énergétiques et d’infrastructure durables et le Laboratoire d’automatisation de la construction, sans oublier les membres de leur personnel pour l’aide inestimable et les précieux conseils qu’ils m’ont fournis.
Vos recherches bénéficient-elles du financement ou du soutien de partenaires ou d’organismes?
Z. Y. : J’ai reçu une bourse de l’Université Concordia octroyée dans le cadre du programme de soutien financier aux étudiants des cycles supérieurs de même que des bourses doctorales offertes par mes superviseurs. En outre, ma recherche est subventionnée par une bourse d’études supérieures Guy-Bourassa en génie du bâtiment et une bourse d’études de la Fondation Pierre-Arbour.
Apprenez-en davantage sur le Département de génie du bâtiment, civil et environnemental de l’Université Concordia.