Concordia accueille Queering the Map à ESPACE 4
Imaginez une sorte de carte du monde en ligne qui présente des archives collaboratives de 72 000 souvenirs queer.
Chaque point sur la carte mène à un récit personnel de joie, de douleur, de découverte, de résistance et de tout ce qui se trouve autour – le tout dans 23 langues.
Queering the Map a été créé par Lucas LaRochelle, qui étudie au Département de design et d’arts numériques de l’Université Concordia. À compter du 16 juillet, Concordia proposera à ESPACE 4 une programmation de dix jours liée au projet de cartographie.
Queering the Map: ON_SITE prévoit une série d’ateliers et de performances, une publication ainsi qu’une exposition qui permettra de transférer le monde virtuel de Queering the Map dans un lieu physique.
Queering The Map: ON_SITE est né d’une collaboration avec le programme de résidence en conservation Au-delà des murs des musées, organisé au laboratoire de conservation et de recherche engagée.
Dans l’optique d’encourager une « vision du commissariat tant collaborative que désordonnée et contradictoire », les responsables de l’organisation invitent le public à contribuer à l’exposition et à y laisser leur marque en interagissant avec les récits de la carte qui les touchent le plus.
« Un monde animé d’un passé et d’un présent queer »
Lucas LaRochelle a lancé le projet durant une résidence d’artiste à la salle de lecture de la Faculté des beaux-arts.
« J’ai commencé à m’imaginer ce à quoi pourrait ressembler un parcours à travers un monde animé d’un passé et d’un présent queer, et en quoi cela pourrait contribuer à éclairer l’avenir, explique-t-ol. Toutes ces histoires finissent par s’inscrire dans une expérience collective, une entité collective qu’incarne cette plateforme. »
Un succès viral qui devient une cible
En février 2018, après quelques mois d’activité seulement, Queering the Map est devenu viral. En trois jours, la carte passait ainsi de 600 à 6 500 points géographiques – de nouvelles contributions, de divers pays, en plusieurs langues. The Outline, la CBC, Broadly – du magazine Vice – et CityLab ont tous publié un reportage sur le projet.
Par sa popularité, le site est rapidement devenu la cible de pirates de la droite alternative, qui y ont inséré un code JavaScript malicieux. Résultat : des fenêtres contextuelles véhiculant de la propagande pro-Trump apparaissaient dès qu’une personne cliquait sur un point de repère.
Cela a forcé Lucas LaRochelle à mettre le site hors ligne, jusqu’à ce que des membres d’une communauté allosexuelle de programmeurs offrent leur aide pour le rendre plus sûr.
Les textes soumis font désormais l’objet d’une surveillance, mais les critères de modération demeurent très souples.
« Cette expérience a corroboré à mes yeux la valeur d’une pratique artistique accessible et fondée sur la communauté », affirme Lucas LaRochelle.
« C’est formidable de pouvoir parcourir cet univers numérique et témoigner de l’histoire de tant d’autres personnes. »
Autodéfense numérique, cours de danse et plus
La programmation d’ESPACE 4 prévoit une série diversifiée d’ateliers et de performances.
Le cours Encrypt Your Nudes (« chiffrez vos nus ») promet notamment d’aider les « membres des communautés marginalisées à concevoir des outils d’autodéfense pour accroître leur sécurité et leur vie privée sur le Web ».
L’atelier dirigé par la conservatrice et théoricienne du numérique Neema Githere, de Nairobi (Kenya), invitera le public à penser à l’amour radical et aux technologies. En outre, vers la fin de la programmation de dix jours, les visiteurs pourront participer à un cours de danse axé sur les corps allosexuels et les corps qui les aiment.
Il y aura également des ateliers sur la contre-cartographie par le perlage, la cartographie des désirs par le mouvement, et l’autoréflexion par le hip-hop. Consultez la programmation d’ESPACE 4 pour en savoir plus.
Ce projet bénéficie du généreux soutien du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH); du fonds d’initiative pour le développement durable et du fonds externe et de mobilisation de l'Union des étudiants et étudiantes de Concordia; ainsi que du Fonds de recherche du Québec – Société et culture.
Apprenez-en plus sur ESPACE 4, une installation de Concordia.