Une chercheuse de Concordia souhaite améliorer les méthodes de décontamination des eaux usées
Le 8 octobre 2019 sera célébrée la journée Ada Lovelace. Nommée en l’honneur de cette mathématicienne britannique avant-gardiste du 19e siècle, la journée vise à souligner dans le monde entier le rôle des femmes dans les recherches en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM).
Ashlee Howarth est professeure adjointe de chimie et de biochimie à la Faculté des arts et des sciences de Concordia. En 2018, elle a été classée par le magazine Forbes au nombre des « 30 under 30 » (30 jeunes de moins de 30 ans), catégorie sciences, pour ses contributions à la recherche sur le traitement des eaux usées et la détoxification des agents chimiques de guerre. Récemment, la professeure Howarth s’est aussi vu attribuer le prix de la jeune diplômée en chimie de l’Université de la Colombie-Britannique.
À Concordia, avec une équipe de quinze chercheurs et chercheuses du premier cycle, des cycles supérieurs et invités, Ashlee Howarth travaille à concevoir et à synthétiser des réseaux organométalliques de terres rares afin d’en tirer des applications pour l’assainissement des eaux usées et la détection des produits chimiques.
Elle discute de ce qui l’a orientée vers ce champ de recherche et offre des conseils aux jeunes femmes amorçant une carrière en STIM.
Il est important que les filles et les jeunes femmes aient des modèles inspirants
Quel parcours scolaire vous a amenée à Concordia, et quels aspects de l’Université vous aident le plus dans vos travaux?
J’ai eu un cheminement assez classique avant d’entrer à Concordia. J’ai obtenu en 2009 un diplôme de premier cycle avec Honours en chimie à l’Université Western. Ma passion pour la recherche scientifique a continué de croître durant mes études doctorales et postdoctorales – et c’est encore le cas aujourd’hui, alors que j’enseigne. Concordia m’a donné la chance de réaliser mon rêve : diriger ma propre équipe de recherche.
Du point de vue de la recherche, le fait d’être à Concordia m’a permis de travailler avec des étudiants et étudiantes remarquables. Mon programme de recherche n’aurait pas vu le jour sans le travail acharné, le dévouement, la motivation et la créativité de mes étudiants du premier cycle et des cycles supérieurs. Leur passion et leur enthousiasme pour la chimie me rappellent pourquoi je souhaitais devenir professeure au début.
Je ne suis peut-être pas objective, mais je crois réellement que Concordia possède les meilleurs étudiants et étudiantes du monde, et je me sens chanceuse de pouvoir travailler avec eux.
Pouvez-vous nous parler de vos travaux sur le traitement des eaux usées?
Mon groupe de recherche travaille sur une classe de matériaux poreux appelés réseaux organométalliques. Pour imaginer ce à quoi ils ressemblent, il faut penser à des éponges, la seule différence étant que ces réseaux peuvent être conçus et affinés à l’échelle nanométrique. Nous nous intéressons en particulier à la conception des réseaux organométalliques pour les utiliser dans des applications d’assainissement et de traitement des eaux usées.
Le traitement classique des eaux usées par les municipalités peut laisser passer une contamination de faible niveau par des substances comme les antibiotiques, les médicaments et le cholestérol. Même si de faibles concentrations sont généralement sans danger pour la consommation humaine, on ne sait pas grand-chose sur les effets combinés ou cumulatifs de ces contaminants dans nos eaux, surtout au fil du temps.
Nous travaillons à concevoir des matériaux absorbants novateurs capables d’extraire ces contaminants de l’eau.
Que tirent vos étudiants et étudiantes de ce travail?
Mes étudiants et moi apprenons chaque jour quelque chose de nouveau. Il faut travailler fort pour nous tenir à l’avant-garde, mais chaque défi représente une occasion d’apprendre et de contribuer aux connaissances dans le domaine des matériaux.
Je pense que mes étudiants et étudiantes bénéficient grandement de ce travail, tant sur le plan personnel que professionnel, tout en acquérant une expérience pratique dans une grande variété de techniques scientifiques. Ils apprennent également à lire des ouvrages scientifiques avec un œil critique, ce qui les aide lorsqu’ils butent sur un obstacle dans leurs travaux.
Ils ont aussi appris qu’en réalité, la recherche est faite d’innombrables échecs, et qu’il faut du temps pour mener à bien un projet du début à la fin.
Je crois qu’à chaque réalisation, ils gagnent de la confiance en tant que chercheurs et scientifiques. Ils découvrent les défis et les récompenses du travail d’équipe.
Pourquoi est-il important de mettre en valeur les femmes qui font carrière en STIM? Comment a été votre propre expérience dans ce secteur?
Je pense que bien des chercheuses en STIM – y compris moi – souffrent du syndrome de l’imposteur, mais le fait de se sentir soutenues aide à atténuer ce sentiment.
Ce soutien, qui peut prendre plusieurs formes et venir de différentes sources, donne aux chercheuses la confiance et l’assurance dont elles ont besoin pour réussir.
Il est en outre essentiel que les filles et les jeunes femmes aient des modèles inspirants. En attirant l’attention sur les femmes qui font carrière en STIM, on accroît la visibilité d’un nouveau bassin de modèles auxquelles on peut s’identifier. Il en va de même avec tout groupe longtemps sous-représenté dans les STIM.
Tout au long de ma carrière, j’ai reçu beaucoup d’appui de la part de mentors et de collègues. Le fait d’avoir des mentors qui croyaient en moi, même lorsque je perdais confiance en moi, est l’une des principales raisons pour lesquelles je suis ici, à Concordia. Bien que j’aie rencontré ces mentors à divers stades de mon parcours – premier cycle, cycles supérieurs, postdoctorat et enseignement –, ils continuent tous et toutes de me soutenir, et ce, après des années et même s’ils se trouvent dans différentes villes du Canada et des États-Unis.
Outre mes mentors, j’ai trouvé incroyablement utile de pouvoir compter sur le soutien de pairs et de collègues de même sensibilité. Ils m’ont aidée à relever les défis que posent tant la recherche que la vie quotidienne.
Les travaux actuels d’Ashlee Howarth sont subventionnés par le CRSNG, le FRQNT et le ministère de la Défense nationale.
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