À voir à ESPACE 4 : le monde à l’ère de la biologie synthétique
Dans les laboratoires et les salles de cours de l’Université Concordia, des chercheurs et des étudiants repensent, recréent et réinterprètent les systèmes biologiques dans le but de mettre au point des applications de grande valeur pour la santé humaine, l’agriculture, la chimie et les technologies environnementales.
Ces gens sont les biosynthéticiens de Concordia.
Le concept de « biologie synthétique » est relativement nouveau pour la plupart d’entre nous, mais ce champ de recherche pluridisciplinaire se développe à la vitesse grand V. Combinant des principes d’ingénierie et des outils du domaine de la biologie, il vise la création de nouveaux organismes permettant de s’attaquer à certains des problèmes les plus urgents du monde.
Du 20 janvier au 21 février, ESPACE 4 accueille Repenser, recréer, réinterpréter, un programme qui braque les projecteurs sur le travail novateur des biosynthéticiens de Concordia et qui vise à démystifier la biologie synthétique. Des installations interactives aident les visiteurs à comprendre certains des principes de base de cette discipline, tandis que des conférences, des cours et des tables rondes réunissant des chercheurs, des étudiants et des partenaires communautaires favorisent la discussion sur des enjeux centraux dans le domaine.
Échanger pour mieux comprendre
Les malentendus et les idées fausses sur le travail des biosynthéticiens engendrent des préoccupations qui se développent au même rythme que la discipline elle-même.
« Les gens qui ne travaillent pas dans notre domaine s’imaginent peut-être que nous formons un groupe puissant de chercheurs qui créent de nouveaux micro-organismes, dont nous nous disputons les brevets en espérant gagner beaucoup d’argent », affirme Kenza Samlali, doctorante au Centre de biologie synthétique appliquée (CBSA) et membre du laboratoire de microfluidique dirigé par Steve Shih, professeur adjoint au Département de génie électrique et informatique.
« Mais la communauté des biosynthéticiens est toute petite et parfaitement inoffensive », poursuit-elle.
« Notre discipline est en développement et nous réfléchissons continuellement aux tenants et aboutissants de nos travaux. En tant que biosynthéticiens, nous devons entretenir un dialogue inclusif avec la société au sujet des applications et des conséquences des technologies que nous mettons au point. »
Des installations interactives
Résolue à démystifier son domaine aux yeux du grand public, Kenza Samlali a aidé ESPACE 4 à concevoir les installations avec lesquelles les visiteurs interagissent pour mieux comprendre les théories et outils de base de la discipline.
À l’aide d’imposants transilluminateurs, ces derniers peuvent observer des échantillons de matériel génétiquement modifié, comme des souches de levure, à la manière des scientifiques en laboratoire, mais à plus grande échelle.
Inspirée d’un jeu de Lego, une installation guide les visiteurs à travers le processus de création d’une nouvelle protéine à base de cellules, au moyen des principes de programmation et de la logique de codage sur lesquels repose le langage SBOL (Synthetic Biology Open Language).
Les biosynthéticiens ne sont pas seuls à se soucier de la compréhension populaire de la discipline. À Concordia, des chercheurs du Département de journalisme s’intéressent en effet à l’évolution de la représentation de la biologie synthétique dans les médias et à ses effets sur la perception du public.
Pouria Nazemi et Taylor Kann, candidats à la maîtrise au département sous la supervision du professeur David Secko, ont collaboré avec ESPACE 4 à l’élaboration d’installations qui incitent les visiteurs à s’interroger sur ces représentations médiatiques.Celles-ci prennent, pour l’occasion, la forme de reproductions géantes et de projections dans l’espace.
Un espace de discussion
Tout au long du mois, des activités permettront à la communauté de Concordia et au grand public de se familiariser avec les nouvelles technologies biosynthétiques ainsi qu’avec leurs applications sociétales, et d’échanger dans un cadre ouvert.
Le 27 janvier, le cours Synthetic Biology and Industrial Applications, offert par le CBSA, aura lieu à ESPACE 4. Bien qu’il s’adresse principalement aux chercheuses et chercheurs en formation, il est ouvert à tous. Il y sera question de la prise en compte des préoccupations des intervenants et de la communication pendant la phase de conception de produits voués à un usage précis.
Des entrevues vidéo et des visites guidées avec des chercheurs du CBSA seront aussi projetées à ESPACE 4 tout au long du programme. Les visiteurs pourront ainsi franchir virtuellement les portes des laboratoires et autres installations de recherche en biologie synthétique de Concordia, y compris celles de la seule fonderie de génomes au Canada.
Des entrevues ont été réalisées avec les chercheurs suivants :
- Aashiq Kachroo, Département de biologie
- Alisa Piekny, Département de biologie, Centre de microscopie
- David Kwan, Département de biologie
- Christopher L. Brett, Département de biologie, Centre de microscopie
- Steve Shih, Département de génie électrique et informatique
Le 13 février, le Centre d’innovation District 3 tiendra sa prochaine causerie Biotalk Café à ESPACE 4. Pour l’occasion, Jordan Young, directeur adjoint de la Biologie à Repare Therapeutics, présentera la désormais célèbre technologie CRISPR et ses applications en recherche sur le traitement contre le cancer.
Deux autres ateliers signés District 3 – l’un sur la conception créative et l’autre sur la pratique humaine en biologie synthétique – sont en cours de préparation.
Le 19 février, pendant toute la journée, Brico Bio, un laboratoire communautaire voué à la démocratisation des biotechnologies, organise un minimarathon de programmation en biologie à ESPACE 4, suivi d’une discussion.
L’année dernière, l’équipe ayant représenté Concordia à l’International Genetically Engineered Machines (iGEM), une compétition internationale de biologie synthétique, a conçu un biocapteur sous forme de tatouage, capable de détecter la présence de fentanyl dans l’organisme. Elle animera plusieurs activités à ESPACE 4 dans le cadre du programme.
Au menu pour l’équipe : un atelier d’introduction à la biologie synthétique et à l’extraction d’ADN, une séance de discussion sur les défis éthiques de la biologie synthétique, à laquelle participeront d’autres équipes de l’iGEM et le professeur adjoint Brandiff Caron, une séance de sensibilisation, une activité de lancement du jeu SBOL à ESPACE 4 et la présentation de son projet pour l’iGEM 2020.
Consultez le site Web d’ESPACE 4 pour en savoir plus et connaître le programme complet des activités à Concordia dès qu’il sera disponible.