Comment traverser la crise de la COVID-19? À Concordia, District 3 conseille les entrepreneurs en démarrage
Alors qu’augmente le nombre de cas de COVID-19 tant au Canada que dans la majeure partie du monde, les gouvernements et le secteur privé mettent en œuvre des mesures de plus en plus musclées pour « aplanir la courbe ». Nul doute, avec les fermetures d’entreprises, les annulations de vols et les consignes de distanciation sociale imposées à tous, les répercussions économiques de la présente crise sanitaire sont – et resteront – énormes.
En vue d’aider les jeunes entreprises montréalaises à traverser cette période de turbulences, le Centre d’innovation District 3 (« D3 ») de l’Université Concordia a organisé vendredi dernier un webinaire en direct, suivi d’une séance de questions. Xavier-Henri Hervé (B. Ing. 1987, D. Sc. 2011), directeur général de D3, et Edna Chosack, conseillère principale à D3, ont livré leurs réflexions sur la situation et suggéré d’éventuelles solutions aux défis que les fondatrices et fondateurs d’entreprises en démarrage pourraient bien affronter dans les semaines et les mois à venir.
« Nous espérons que la conjoncture s’améliorera le plus rapidement possible, affirme Xavier-Henri Hervé. D’ici là, nous nous efforçons de favoriser la santé et le bien-être de nos jeunes gens d’affaires. »
À cette fin, les deux entrepreneurs chevronnés s’inspirent de leur expérience d’autres situations critiques, notamment les attentats du 11 septembre 2001, l’épidémie de SRAS de 2003 et la récession économique de 2008.
La communication, un facteur clé
Les deux animateurs insistent : la libre communication et le dialogue ouvert avec les cofondateurs, le personnel, la clientèle et les investisseurs importent plus que jamais.
« Discutez honnêtement de la situation avec les membres de votre équipe », conseille Xavier-Henri Hervé, cofondateur de Mechtronix, une entreprise spécialisée dans la conception de simulateurs d’entraînement au vol pour l’aviation commerciale, générale et d’affaires. « Pour la première fois peut-être dans votre parcours entrepreneurial, vous aurez à prendre des décisions vraiment très difficiles. »
M. Hervé compte une vingtaine d’années d’expérience dans plusieurs domaines technologiques ou fortement axés sur l’ingénierie, dont l’aviation, les systèmes d’information, la simulation et l’écotechnologie.
« Il n’existe aucune garantie »
Par ailleurs, les animateurs ont lancé l’appel suivant : actuellement, toutes les activités des jeunes entreprises devraient viser le résultat net. Cofondatrice et vice-présidente au marketing stratégique de Simbionix, Edna Chosack recommande aux entrepreneurs de revoir leurs prévisions de sorte à pouvoir composer avec la probabilité d’un ralentissement économique, d’un manque fonds et d’une pénurie de crédits bancaires.
L’expertise de Mme Chosack est largement reconnue. Elle a ainsi transformé Simbionix en chef de file mondial du domaine de la simulation chirurgicale; l’entreprise a plus tard été acquise par la société 3D Systems.
« Ce n’est pas facile de réduire les coûts d’une jeune entreprise, reconnaît Edna Chosack. Ça n’en demeure pas moins le meilleur moyen de lui imprimer un nouvel élan. Par exemple, pour survivre à la crise, vous devrez peut-être réévaluer des décisions relatives à la création de postes. De même, vous aurez possiblement à reconsidérer la composition de votre équipe et le mandat de ses membres. »
Elle poursuit : « Vos clients évolueront-ils comme prévu? Des investisseurs accepteront-ils de financer vos activités? Il n’existe aucune garantie. Dans une telle conjoncture, vous auriez probablement intérêt à miser sur vos bailleurs de fonds actuels plutôt que d’en chercher de nouveaux. »
Que faut-il surtout retenir?
« Cessez toute activité qui n’est pas directement liée à l’existence même de votre jeune entreprise », indique Xavier-Henri Hervé. Il ajoute que les recettes de l’entreprise souffriront indubitablement de la crise.
« Les entrepreneurs doivent revoir leurs hypothèses basées sur un scénario des plus pessimistes et envisager une situation deux fois pire », continue-t-il.
Vous ne constituez pas un cas isolé
Bien que les deux animateurs soulignent la gravité de la situation actuelle, leur message contient une lueur d’espoir.
« Consultez des personnes de confiance et ne prenez pas de décisions hâtives en vase clos, indique M. Hervé. N’en doutez pas, D3 et l’écosystème montréalais vous aideront durant cette période pénible. »
Par exemple, D3 étendra les heures d’accès à distance à ses conseillères et conseillers pour qu’ils soutiennent « en temps réel » les jeunes entrepreneurs. Outre des cyberservices, le centre offrira des ateliers virtuels sur plusieurs sujets, notamment la vente de produits et de services en ligne, les meilleures pratiques en matière de communications et la révision des modèles financiers.
« La crise nous touche tous, précise Edna Chosack. En ce moment, il est crucial de nous serrer les coudes et de nous assurer que les entreprises puissent composer au mieux avec cette situation épineuse. » Selon elle, la propagation de la COVID-19 aux quatre coins du monde change les règles du jeu, et les entrepreneurs doivent s’y adapter.
« Les jeunes entreprises qui survivront à cette période difficile en sortiront plus fortes, explique-t-elle. Elles seront prêtes lorsque les affaires reprendront. Dans l’immédiat, elles doivent se fixer pour objectif de subsister jusqu’à la fin de la crise. »