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Une chercheuse de Concordia invite les résidents de Notre-Dame-de-Grâce à mesurer les arbres dans leur propre cour

Carly Ziter opte pour une démarche autodidacte en contexte de pandémie pour mener son projet sur la forêt urbaine
25 mai 2020
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« Peut-être que c’est ce que nous aurions dû faire depuis le début! », affirme Carly Ziter.
« Peut-être que c’est ce que nous aurions dû faire depuis le début! », affirme Carly Ziter.

Dans le cadre d’un nouveau projet de recherche de l’Université Concordia, les résidentes et résidents du quartier Notre-Dame-de-Grâce, à Montréal, sont invités à explorer et à documenter les arbres urbains – dans leur propre cour.

Mené par Carly Ziter, professeure adjointe de biologie à la Faculté des arts et des sciences, le NDG Tree Project (« projet Arbres de NDG ») fait appel à une méthode qui permet aux participantes et participants d’apprendre de nouvelles notions tout en profitant du plein air.

« Montréal a la chance de disposer d’un excellent inventaire des arbres publics. Toutefois, beaucoup d’arbres dans la métropole poussent sur des terrains privés, et nous en savons très peu à leur sujet. En d’autres mots, notre compréhension de la forêt urbaine se compare à un puzzle auquel il manque la moitié des pièces », fait remarquer Carly Ziter.

La professeure Ziter est membre de l’équipe de la chaire d’excellence en recherche du Canada sur les communautés et les villes intelligentes, durables et résilientes.

Au sein de l’équipe de la CERC, elle travaille à faire ressortir le rôle essentiel des espaces verts et de la biodiversité en milieu urbain dans la démarche pour créer la ville nouvelle génération. Ses travaux portent sur des solutions ancrées dans la nature qui favorisent la santé et le bien-être des citadins.

Kayleigh Hutt-Taylor Kayleigh Hutt-Taylor

Donner un sens à la « courtepointe » urbaine

« Nos villes s’apparentent à des courtepointes – constituées de divers morceaux d’infrastructure bâtie et de types d’espaces verts. Les terrains privés forment une partie très importante – et très volumineuse! — de ce tissu écologique », souligne la chercheuse.

Dans cette optique, la professeure Ziter et Kayleigh Hutt-Taylor, une candidate à la maîtrise qui travaille sous sa direction, ont mis sur pied un projet consistant à cartographier les arbres situés sur les terrains privés qui entourent le campus Loyola de l’Université Concordia.

Au départ, l’initiative de recherche prévoyait la participation de la professeure Ziter et de ses étudiants : « l’équipe des arbres ». Ensemble, ils devaient rendre visite aux propriétaires participants afin de mesurer et de consigner les essences présentes sur leurs terrains.

C’était avant la pandémie de COVID-19. L’équipe de recherche a donc dû revoir sa démarche et l’adapter à la situation actuelle.

Le résultat? Une approche autodidacte qui permet aux participantes et participants de mesurer eux-mêmes les arbres, au moyen d’outils de base – dont une corde ou une ficelle, un cahier de notes ou une feuille de calcul téléchargeable et un appareil photo ou un téléphone intelligent.

« Ce projet témoigne du ferme engagement de notre établissement à l’égard de la durabilité », affirme le recteur de l’Université Concordia Graham Carr.

« Que ces chercheuses aient été capables d’adapter leurs travaux à la situation actuelle constitue un exemple de la résilience et de l’ingéniosité de notre communauté. J’espère que nos voisins du campus Loyola seront nombreux à saisir cette occasion de profiter du plein air et de se renseigner sur les arbres qui embellissent nos cours. »

Maya Catterall Maya Catterall

La science citoyenne

« Nous avons décidé d’adopter une approche scientifique citoyenne et demandé aux résidents de participer à la collecte de données sur leurs propres terrains », explique Carly Ziter.

« À la base, la recherche scientifique se résume souvent à résoudre un problème de façon créative. À mon avis, notre nouvelle démarche constitue un bon exemple de cette créativité en action », ajoute-t-elle. « Maintenant que la décision est prise, je suis très enthousiaste à l’égard de cette approche innovante et de sa capacité à livrer des résultats globaux encore plus convaincants. Peut-être que c’est ce que nous aurions dû faire depuis le début! »

« La recherche de nouvelles façons de susciter l’engagement du grand public s’est révélée pour moi un défi des plus stimulants », affirme Kayleigh Hutt-Taylor. Ce projet jette les bases de son mémoire de maîtrise et, elle l’espère, prendra de l’ampleur au cours des prochaines années dans le cadre du Laboratoire d’écologie du paysage urbain, dirigé par la professeure Ziter.

« J’ai voulu créer un projet à la fois interactif et facile à suivre. J’espère ainsi amener les résidents du quartier à se renseigner un peu sur la nature qui existe dans leur propre cour tout en contribuant à enrichir le bassin des connaissances sur la forêt urbaine de Montréal », ajoute Kayleigh Hutt-Taylor.

« Ce type de recherche fait œuvre utile dans la mesure où elle comporte de nombreuses occasions de susciter une conversation plus large sur les arbres urbains et la valeur qu’ils représentent dans nos villes. »

Les résidentes et résidents du quartier Notre-Dame-de-Grâce qui participent au projet n’ont simplement qu’à mesurer la circonférence des arbres sur leur terrain et à prendre une série de photos qui aideront l’équipe de recherche à identifier les essences recensées. Pour aider les participants à bien exécuter chaque étape de leur tâche, l’équipe a préparé une démonstration vidéo à leur intention.

« En comparant cette nouvelle base de données à celles de l’inventaire des arbres publics de Montréal, je pourrai mieux évaluer la mesure dans laquelle les propriétaires privés contribuent à la diversité des arbres urbains et aux bénéfices que celle-ci procure », explique l’étudiante à la maîtrise.

Lancé le 25 mai, le projet se déroulera tout au long du printemps et de l’été pour se poursuivre à l’automne.

Analyse des données

« Une fois que nous aurons recueilli nos données, je pourrai m’interroger sur les résultats, à savoir, notamment, s’il existe des variations en matière de diversité entre les espaces publics et privés ou si l’on observe davantage d’espèces indigènes dans certaines zones », précise Kayleigh Hutt-Taylor.

« J’espère ainsi pouvoir relier les caractéristiques propres à certains arbres à la prestation de services écosystémiques dans la communauté. »

Chaque espèce a ses propres avantages. Un petit arbre florifère peut contribuer à embellir le quartier, ou à fournir de la nourriture, alors qu’un grand arbre d’ombrage peut se révéler une meilleure option pour rafraîchir l’air ou emmagasiner le carbone.

« Une meilleure compréhension des tendances en matière de biodiversité peut nous aider à mieux évaluer et cartographier ces bénéfices à l’intérieur de nos villes », poursuit-elle.

Un projet appelé à prendre de l’envergure

Malgré les défis que présente une démarche axée sur la science citoyenne, Carly Ziter et Kayleigh Hutt-Taylor ne regrettent en rien leur solution de rechange.

« Le soutien que nous avons obtenu de nos collègues de Concordia dans le cadre du lancement de ce projet est extraordinaire », affirme Carly Ziter, elle-même résidente du quartier Notre-Dame-de-Grâce.

« À titre de nouvelle enseignante, je suis extrêmement reconnaissante de pouvoir bâtir mon programme de recherche au sein d’une université qui accorde une grande valeur à l’érudition du public et aux approches interdisciplinaires en recherche. »

« Si le projet de Notre-Dame-de-Grâce se révèle une réussite, nous avons l’ambition de l’étendre à toute l’île de Montréal », ajoute Kayleigh Hutt-Taylor.

« En intégrant des données sur les arbres en propriété privée dans notre recherche, nous avons espoir d’en arriver à une meilleure compréhension de la forêt urbaine. »
 

Pour en savoir plus, rendez-vous sur la page Web du NDG Tree Project.

 



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