Concordia reçoit 2,67 millions de dollars pour bâtir l’autoroute numérique de la 5G – et plus
Vidéo saccadée, téléchargements à n’en plus finir, écran gelé… Une connexion Internet défaillante a de quoi frustrer même les plus zen d’entre nous.
« Pourtant, c’est une question de vie ou de mort quand on parle d’applications comme la téléchirurgie robotisée, où chaque milliseconde compte », explique Roch Glitho, professeur et expert en infonuagique à l’École de génie et d’informatique Gina-Cody de l’Université Concordia.
« Dans notre monde de plus en plus interconnecté, la nouvelle génération d’appareils “intelligents” de l’Internet des objets exige des communications rapides et fiables. »
En juin, le Pr Glitho a été nommé titulaire de la première chaire de recherche industrielle Ericsson-ENCQOR 5G en infonuagique et informatique en périphérie pour la 5G et plus du Canada. Il est par ailleurs titulaire de la chaire de recherche du Canada de niveau II en génie des services destinés aux utilisateurs finaux des réseaux de communication.
L’informatique en périphérie désigne la répartition et le traitement de certaines tâches plus près de la source des données dans les serveurs locaux, au lieu du traitement de l’ensemble des tâches dans le nuage. Le processus est plus rapide que l’envoi et le renvoi de toutes les données au nuage, et réduit le risque de retard ou de perte de message.
La technologie 5G est l’infrastructure numérique émergente nécessaire à l’implantation imminente d’appareils de l’Internet des objets, notamment les voitures autonomes, les parcs éoliens autoréparables, les drones ambulances et les systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation intelligents, pour n’en nommer que quelques-uns.
Concordia s’est associée à Ericsson et à ENCQOR 5G pour créer la nouvelle chaire de recherche, qui sera financée à hauteur de 2,67 millions de dollars durant cinq ans.
L’initiative rassemblera une équipe de dix étudiants aux cycles supérieurs et trois boursiers postdoctoraux, ainsi que des chercheurs de l’industrie et des experts du domaine, pour développer, dans une approche proactive, les réseaux de demain.
« Nous sommes honorés de collaborer avec ENCQOR 5G et Ericsson pour relever ces défis en matière de recherche et de déploiement », affirme Mourad Debbabi, doyen par intérim de l’école et titulaire de la chaire de recherche industrielle principale CRSNG–Hydro-Québec–Thales sur la sécurité des réseaux électriques intelligents.
« Ensemble, nous visons à renforcer l’infrastructure numérique du Canada, et ce, en appuyant les systèmes infonuagiques, les infrastructures critiques, les systèmes cyber-physiques et l’industrie 4.0. Par ailleurs, nous formons du personnel hautement qualifié pour ces secteurs stratégiques. »
Infonuagique et informatique en périphérie
Roch Glitho et son équipe se concentrent sur deux principaux domaines de recherche liés à l’infonuagique et à l’informatique en périphérie.
« Nous cherchons à bâtir l’infonuagique et l’informatique en périphérie de l’avenir », explique le scientifique, qui est membre de l’Institut d’ingénierie des systèmes d’information de Concordia, du Centre de recherche sur la sécurité et du Centre de recherche en génie logiciel.
« Pour ce faire, nous travaillons sur des “nuages intelligents”, où l’intelligence artificielle s’occupe de toutes les tâches de gestion. Des nuages en périphérie aptes à la gestion intelligente seraient particulièrement utiles pour mettre en contact les premiers répondants durant une catastrophe comme un tremblement de terre. L’idée est d’étendre le nuage le plus près possible des sources de données et des utilisateurs finaux – de le rendre autonome. »
L’autre champ d’intérêt de la chaire est le développement d’applications 5G, dont la réussite dépend de l’infonuagique et de l’informatique en périphérie.
« Nous nous penchons par exemple sur la téléchirurgie robotisée et sur le traitement des phobies à distance à l’aide de la réalité virtuelle », mentionne le Pr Glitho.
« Pour la téléchirurgie robotisée, nous examinons la manière dont l’intelligence artificielle permet de déterminer quelles tâches de traitement par ordinateur devraient être effectuées plus près du chirurgien grâce à l’informatique en périphérie, et quelles tâches peuvent se dérouler dans le nuage sans risque de latence ou de retard. En cas de retard entre le chirurgien et le bras robotisé, on peut utiliser l’intelligence artificielle pour prédire le message manquant. »
Partenaires industriels en action
Cosubventionnaire de la chaire de recherche, ENCQOR 5G (« Évolution des services en nuage dans le corridor Québec-Ontario pour la recherche et l’innovation ») est un partenariat transformateur de 400 millions de dollars entre le Canada, le Québec et l’Ontario. Il se concentre sur l’innovation dans le domaine des technologies de rupture 5G, les initiatives d’adoption et les usages des systèmes.
Le partenariat ENCQOR 5G est notamment rendu possible grâce à un financement du gouvernement du Canada ainsi que des gouvernements provinciaux du Québec et de l’Ontario.
Le projet ENCQOR 5G a établi le premier corridor précommercial canadien pour l’infrastructure numérique 5G, essentiel pour faire de l’économie numérique une réalité.
« Notre programme réunit les grandes entreprises, les PME et le milieu universitaire pour contribuer à l’avancement de la recherche, à l’innovation et à la démonstration d’applications par l’intermédiaire d’une recherche-développement collaborative en 5G et de l’utilisation d’un banc d’essai précommercial au Québec et en Ontario », explique Pierre Boucher, directeur général d’ENCQOR 5G.
« La chaire de recherche de Concordia associée à Ericsson pourrait devenir un élément phare de notre programme de codéveloppement de la recherche au Québec. »
L’équipe de Roch Glitho travaillera depuis son Laboratoire de recherche en télécommunications et ingénierie de service à Concordia tout en accédant à distance au réseau 5G d’Ericsson et d’ENCQOR 5G. Elle travaillera également au laboratoire d’Ericsson à Saint-Laurent et accédera à l’équipement d’ENCQOR 5G in situ.
« Ericsson favorise constamment les collaborations de recherche avec le milieu universitaire et, en particulier, avec Concordia. Nous croyons que ces partenariats représentent une excellente occasion de tirer parti de l’expertise unique et de l’esprit novateur de l’Université », affirme Sorin Georgescu, chercheur principal en intelligence infonuagique pour fournisseurs de services de communication à Ericsson Research.
« Compte tenu des résultats impressionnants du Pr Glitho, de même que de son savoir-faire en technologie infonuagique et périphérique, nous sommes certains que nos objectifs de recherche seront entièrement atteints. »
Magnus Frodigh, vice-président, responsable d'Ericsson Research, est d’accord.
« Chez Ericsson Research, nous constatons que les futurs réseaux dotés d'une informatique profondément intégrée constitueront ce que nous appelons une structure de calcul en réseau, offrant un environnement d'exécution unifié et intégré pour les applications distribuées », explique-t-il.
« La chaire "infonuagique et d’informatique de périphérie pour la 5G et plus" de l'Université Concordia sera un moyen important d'explorer de nombreuses questions de recherche tout au long du parcours d'une telle structure informatique du réseau. »
Paula Wood-Adams, vice-rectrice intérimaire à la recherche et aux études supérieures de Concordia, souligne que la nouvelle chaire de recherche de l’Université est la première du pays en son genre.
« En plus de concevoir et de rendre mobile la prochaine architecture infonuagique, la chaire de recherche élaborera notamment des applications dans les domaines de la téléchirurgie robotisée et des véhicules autonomes, qui nécessitent une robuste infrastructure 5G », explique-t-elle.
« La complexification considérable des architectures infonuagique et périphérique de la technologie 5G exige de nouveaux paradigmes pour assurer une gestion et une exploitation proactives. Nous sommes enthousiastes à l’idée d’entreprendre ce projet d’avant-garde avec Ericsson et ENCQOR 5G, en tablant sur notre tradition d’innovation collaborative. »
Parer au déploiement
À l’heure actuelle, la plupart des réseaux 5G demeurent expérimentaux.
« Notre objectif est de bâtir une meilleure “autoroute” pour la 5G maintenant, de créer de nouvelles applications pour cette infrastructure en vue de mieux mettre à profit la technologie, et surtout de prévoir l’après-5G, par exemple la 6G », affirme Roch Glitho.
« Dans certains cas comme celui de la téléchirurgie robotisée, le résultat potentiel peut démocratiser les compétences du chirurgien, peu importe son emplacement. Un traitement plus près des sources de données et des utilisateurs finaux, en périphérie mobile, offrira systématiquement de meilleurs résultats. »
Renseignez-vous sur l’École de génie et d’informatique Gina-Cody.