Une nouvelle initiative de création de personas autochtones vise à offrir des environnements numériques plus inclusifs à Concordia
Les personas peuvent être un moyen de comprendre diverses réalités. Leur utilisation est d’autant plus pertinente que les concepts traditionnels d’objectivité tendent à exclure les multiples points de vue dans l’élaboration de produits et de services, voire d’expériences numériques.
Dans le cadre de sa stratégie numérique, l’Université Concordia a établi un partenariat avec Léger pour mener une série de consultations publiques auprès de membres autochtones de l’effectif étudiant et du corps professoral. Cette collaboration a donné lieu à un rapport comprenant des personas d’étudiants et de professeurs autochtones. Celui-ci met en lumière des aspects importants à prendre en considération dans la planification d’environnements numériques inclusifs.
« Les consultations publiques auprès d’étudiants et de professeurs autochtones nous nous permis de mieux comprendre les défis précis liés à l’environnement numérique de Concordia », explique Guylaine Beaudry, vice-rectrice exécutive adjointe à la stratégie numérique et directrice et bibliothécaire en chef de l’Université.
« Cette information contribuera à façonner les futures priorités numériques de l’Université afin d’assurer des relations plus respectueuses, réciproques et mutuellement profitables pour les membres autochtones de notre communauté. »
Les personas sont inspirés de quatre étudiants et cinq professeurs autochtones, sélectionnés pour passer une entrevue et refléter la diversité de la communauté autochtone de Concordia. Les entrevues ont été réalisées du 27 avril au 4 mai 2020.
Six thèmes
Les entrevues ont fait ressortir six grands thèmes, qui sont exposés dans le rapport :
- Le Centre de ressources pour les étudiantes et étudiants autochtones constitue un second chez-soi pour les étudiants autochtones. Cependant, certains ne découvrent l’existence de ce centre que bien après leur arrivée à l’Université.
- Il est difficile de trouver un espace physique culturellement approprié.
- L’environnement numérique pourrait faciliter des processus administratifs visant à rémunérer les gardiens du savoir et les fournisseurs de connaissances autochtones.
- L’accessibilité est essentielle pour permettre aux étudiants et aux professeurs autochtones de travailler tout en restant proches de leur communauté.
- Le recours à la technologie tend à être perçu comme une charge de travail supplémentaire.
- Un soutien émotionnel et professionnel en ligne est nécessaire.
Bien qu’ils ne reflètent pas l’ensemble des visions du monde et des expériences des peuples autochtones, les deux personas autochtones qui figurent désormais dans le guide des personas de la stratégie numérique de Concordia facilitent l’établissement de priorités pour un avenir numérique plus équitable.
La directrice principale des directions autochtones de l’Université, Manon Tremblay (B.A. 2003), souligne l’importance des personas autochtones et d’une inclusion numérique élargie à Concordia.
« L’accessibilité demeure un problème de taille. »
Quelle sera l’utilité des personas autochtones dans l’expansion de l’environnement numérique de Concordia?
Manon Tremblay : Je pense qu’il est important de ne pas oublier la diversité des expériences qu’on trouve au sein de la communauté de Concordia, d’en tenir compte et de savoir à quel point ces expériences influent sur l’accessibilité de la technologie et son utilisation.
En tant que diplômée, vous avez connu Concordia comme étudiante et membre du personnel. Avez-vous observé des changements dans l’environnement numérique de l’Université qui favorisent l’inclusion des étudiants et des professeurs autochtones?
MT : Oui, absolument. Toutefois, comme l’ont mentionné des sujets interviewés pour l’élaboration des personas, le recours à la technologie peut parfois être perçu comme une charge de travail supplémentaire.
En ce qui concerne les étudiants, l’accessibilité demeure un problème de taille, notamment pour celles et ceux qui viennent de communautés isolées ou du Nord, où la connectivité est souvent médiocre, au mieux. En outre, l’accès au matériel nécessaire représente aussi un défi s’ils viennent d’un milieu défavorisé ou vivent dans une communauté où l’équipement n’est pas à portée de main et où le coût de la vie est plus élevé qu’ailleurs au Canada.
Avez-vous collaboré à des projets semblables, axés sur la création de personas autochtones pour aider les décideurs politiques à prendre en compte les membres des communautés autochtones?
MT : Avant de revenir à Concordia en décembre 2019, j’étais fonctionnaire fédérale. À titre de responsable du Centre d’expertise autochtone de la Commission de la fonction publique du Canada, j’ai collaboré à une importante initiative de développement de personas visant à affiner la promotion des services offerts à tous les Canadiens et Canadiennes des communautés autochtones.
Prenez un instant pour en apprendre davantage sur la stratégie numérique de Concordia.