Le Paysage de l’espoir de l’Université Concordia élargit ses initiatives de lutte contre la haine et la discrimination à Montréal et à Chicoutimi
Le projet de Concordia Paysage de l’espoir a reçu près de 430 000 $ pour accroître considérablement ses activités de recherche sur les discours haineux et la discrimination au Québec.
Ces fonds, qui proviennent du Fonds de recherche du Québec (FRQ), de Patrimoine canadien et de la Fondation Michaëlle Jean, permettront à l’équipe transdisciplinaire d’organiser des ateliers et de créer des installations et des événements performatifs dans la région de Montréal en collaboration avec les communautés marginalisées, notamment les jeunes noirs et racisés, et à Chicoutimi en collaboration avec des partenaires communautaires autochtones.
Cofondateur du Paysage de l’espoir, Vivek Venkatesh est cotitulaire de la Chaire UNESCO en prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violents, directeur du Centre d’études sur l’apprentissage et la performance de Concordia et professeur en pratiques inclusives en arts visuels au Département d’éducation artistique. Selon lui, cet engagement financier est encourageant, car il récompense plusieurs années d’efforts à nouer des relations interdisciplinaires entre les corps professoraux de Concordia et d’autres universités québécoises et différents partenaires communautaires de la province.
« Avec le projet Paysage de l’espoir et le projet connexe Paysage de la haine, nous explorons des solutions pour que les nombreuses voix et perspectives faisant obstacle à la discrimination soient vues et entendues dans l’espace public », explique M. Venkatesh.
De concert avec La Boîte Rouge VIF et Hoodstock
Paysage de l’espoir est l’initiative phare du Projet SOMEONE, dans lequel chercheurs et professionnels apportent leurs différentes compétences. Ce projet est dirigé par le chercheur principal Owen Chapman, professeur agrégé de communication, et soutenu par une bourse d’appui à la recherche-création de trois ans du FRQ.
M. Chapman travaille en collaboration avec M. Venkatesh, Sandra Chang-Kredl, professeure agrégée en éducation, Annabelle Brault, chargée de cours en thérapie par les arts et Kathryn Urbaniak, gestionnaire de programme du Projet SOMEONE ainsi que Martin Lalonde de l’École des arts visuels et médiatiques de l’UQAM. Ensemble, ils développent des protocoles créatifs et numériques pour les ateliers et les installations.
M. Venkatesh et son équipe ont obtenu une bourse du Programme d’action et de lutte contre le racisme de Patrimoine canadien, grâce à laquelle le Paysage de l’espoir peut travailler de concert avec l’organisme communautaire autochtone La Boîte Rouge VIF de Chicoutimi. Élisabeth Kaine, professeure à l’Université du Québec à Chicoutimi et titulaire de la Chaire UNESCO en transmission culturelle chez les premiers peuples comme dynamique de mieux-être et d’empowerment, a joué un rôle clé en faisant le lien entre les deux groupes.
La bourse de Patrimoine canadien finance également des ateliers offerts en collaboration avec le collectif montréalais Hoodstock dans les communautés marginalisées et des partenariats potentiels, comme la Commission scolaire English-Montréal (EMSB).
Jean-Daniel Lafond, cofondateur et coprésident de la Fondation Michaëlle Jean, se dit ravi de s’associer à l’équipe du Paysage de l’espoir.
« L’objectif principal de la fondation est d’offrir des plateformes originales qui s’appuient sur les arts pour promouvoir la paix, l’harmonie et le changement social auprès des jeunes marginalisés. Donner une voix à ceux qui n’en ont pas et faire connaître leurs visions est notre engagement et notre mission », explique-t-il.
« Ça correspond parfaitement à l’initiative du Paysage de l’espoir. Nous sommes impressionnés par les capacités créatives de l’équipe de Concordia et nous avons décidé de nous joindre à elle et de la soutenir, car nous sommes persuadés que ce projet aura un impact profond et significatif sur le paysage social tant au Québec que dans le reste du Canada. »
Amorcer un dialogue difficile
Avec le Paysage de l’espoir, la création d’une performance multimédia ou d’une installation d’arts visuels devient un moyen d’explorer les enjeux entourant les discours haineux et discriminatoires.
« Tout est dans le processus, observe Mme Chang-Kredl. C’est la clé, car il permet d’entamer des conversations délicates qui seraient difficiles à avoir de manière directe. »
Les participants sont attirés par les technologies des médias comme les synthétiseurs, les échantillonneurs, les platines, les vidéoprojecteurs et les logiciels de cartographie de projection, ajoute M. Chapman.
« Il s’agit du point de départ du mentorat, de l’apprentissage et de l’exploration artistique. Les participantes et participants aux ateliers peuvent apporter leur contribution en faisant de la musique, en montant des images ou des vidéos ou en développant des protocoles. »
Mme Brault, musicothérapeute, explique que l’utilisation de médias mixtes offre aux participants une plateforme de réflexion sur des questions complexes, et qu’il est de la responsabilité des animateurs d’ateliers de les impliquer dans les processus.
« Si les gens n’ont aucune connaissance de la technique, nous avons les compétences nécessaires pour susciter leur intérêt, dit-elle. Parce que nous avons à cœur la participation et l’amplification des voix, nous offrons aux gens auprès desquels nous travaillons différentes options pour les aider à exploiter leur potentiel au maximum. »
D’ailleurs, tous les événements du Paysage de l’espoir sont différents, remarque Mme Brault. Chaque communauté apporte ses compétences et ses intérêts, qui déterminent la manière dont un sujet difficile sera abordé.
Aborder les thèmes de la haine, de l’inclusion et de la division
M. Chapman explique qu’en tentant de bâtir des relations significatives avec différents collaborateurs, les chercheurs étudient les manières de renforcer nos capacités de résistance au racisme, à la discrimination et aux préjugés.
Mme Chang-Kredl, de son côté, tente de trouver des façons d’intégrer les méthodologies du Paysage de l’espoir à l’échelle des établissements. Elle a organisé des ateliers d’éducation aux médias avec les enseignants de l’EMSB, en adaptant leurs pratiques dans un contexte de salle de classe. Elle constate que les enseignants ont un réel désir d’en apprendre plus.
« À mon avis, le Québec a un excellent projet de programme d’études qui se concentre sur l’apprentissage critique et l’éducation aux médias. Mais il s’agit de trouver comment cela pourrait fonctionner pour les enseignantes et enseignants et comment ils pourraient réellement aborder les sujets de la haine, de l’inclusion et de la division avec les jeunes enfants. »
Apprenez-en plus sur l’initiative de Concordia, Paysage de l’espoir.