Des chercheurs de l’Université Concordia répertorient l’arsenal diagnostique de la COVID-19
La recherche clinique sur la COVID-19 connaît un essor prodigieux depuis le début de la pandémie il y a 18 mois. Un nombre incalculable d’articles se sont penchés sur les multiples facettes de la COVID-19, y compris les méthodes de détection.
Aux fins de publication d’un nouvel article dans la revue Clinical Microbiology Reviews, une équipe de chercheurs dirigée par des ingénieurs de l’Université Concordia a passé en revue des centaines d’articles traitant des outils et des technologies de détection de la COVID-19. L’équipe cherchait à répertorier et à comprendre les outils actuels ainsi que les domaines lacunaires et les possibilités d’amélioration. Résultat? Une analyse exhaustive de la question qui cite près de 600 articles distincts touchant un vaste corpus d’ouvrages.
« Les publications et les nouvelles technologies se sont multipliées à un rythme effréné, si bien qu’il est devenu difficile de suivre le fil de l’évolution dans le domaine », indique le chercheur et auteur principal de l’étude Hamid Tali, étudiant au doctorat au Département de génie chimique et des matériaux.
« Notre étude évalue les caractéristiques de ces technologies, les difficultés qu’elles soulèvent, les lacunes sur le plan des connaissances actuelles et les orientations futures. Nous décrivons les connaissances acquises depuis le début de la pandémie au sujet des méthodes diagnostiques, ce qui pourrait s’avérer fort utile dans l’éventualité d’une autre pandémie. »
Les auteurs estiment que l’article se veut une ressource étoffée et centralisée à l’intention des experts en microbiologie clinique et de tous ceux qui veulent en savoir plus sur les diverses méthodes diagnostiques.
« L’accès à un tel travail de synthèse sur un sujet aussi vaste est très avantageux, puisqu’il accélère considérablement la démarche des chercheurs qui pourront se familiariser rapidement avec les technologies de pointe dans le domaine, explorer et cerner les difficultés actuelles, et mieux définir leurs objectifs de recherche », précise M. Tali.
Sana Anbuhi, professeure adjointe de génie chimique et des matériaux, est l’auteure en chef de l’article, ainsi qu’auteure-source en compagnie de Jason LeBlanc de l’Université Dalhousie. Zubi Sadiq et Oyejide Oyewunmi de l’Université Concordia et Carolina Camargo, Bahareh Nikpour, Narges Armanfard et Selena Sagan de l’Université McGill ont corédigé l’article.
Satisfaction des critères ASSURED
Les auteurs soulignent que la multiplication soudaine des techniques et des outils de détection — de qualité parfois douteuse — résulte du besoin d’intensifier le dépistage alors que le fonctionnement des chaînes d’approvisionnement était perturbé par la propagation du virus à l’échelle mondiale. Certaines techniques sont plus précises, d’autres plus abordables. Certaines exigent de l’équipement de laboratoire de pointe, d’autres non.
Les chercheurs se sont appuyés sur les critères ASSURED de l’OMS pour évaluer les divers tests utilisés. Reconnus internationalement, les critères ASSURED, dont l’acronyme signifie faible coût (Affordable), sensible (Sensitive), spécifique (Specific), facile à utiliser en un minimum d’étapes (User-friendly), rapide (Rapid), sans équipement (Equipment-free) et à la disposition de tous ceux qui en ont besoin (Deliverable), décrivent les caractéristiques auxquelles les appareils diagnostiques utilisés au lieu d’intervention doivent prétendre. Ces critères ont aidé l’équipe à définir les forces et les faiblesses des outils diagnostiques existants.
« Certains appareils de détection sont sensibles et spécifiques. Ils relèvent donc la présence du virus de la COVID-19, mais sont difficiles à utiliser ou exigent de l’équipement encombrant et du personnel hautement qualifié pour le faire fonctionner », explique Mme Anbuhi. En ce moment, les outils les plus pratiques sont les tests d’amplification des acides nucléiques, puisqu’ils détectent très efficacement l’acide ribonucléique (ARN).
Des ingénieurs en appui à la santé
Les chercheurs espèrent que l’examen des faiblesses actuelles des outils diagnostiques contribuera à freiner l’adoption de mesures draconiennes comme le confinement et l’effondrement de l’économie si une autre pandémie venait à se déclarer.
« Nous espérons que notre travail guidera les chercheurs vers le dispositif idéal susceptible d’être utilisé par quiconque, dans tout lieu et à peu de frais », ajoute M. Tali.
Enfin, les auteurs font remarquer que les ingénieurs ne publient pas souvent d’articles dans une revue à l’intention des microbiologistes cliniciens.
« La dimension diagnostique de la COVID-19 est un domaine interdisciplinaire. La réalisation de cet examen exhaustif est donc le fruit d’une collaboration entre quatre groupes de recherche différents, chacun détenant son propre champ d’expertise. »
Lire l’article cité : « Tools and Techniques for Severe Acute Respiratory Syndrome Coronavirus 2 (SARS-CoV-2)/COVID-19 Detection. »