Deux chercheurs de Concordia participent à un projet national visant à comprendre et à protéger les zones de pêche nordiques
Comment les scientifiques peuvent-ils protéger et entretenir les zones de pêche dans les communautés autochtones du nord du Canada?
Un partenariat à grande échelle, qui rassemble des communautés autochtones du nord du Canada ainsi que des biologistes et des spécialistes des sciences sociales, dont deux chercheurs de la Faculté des arts et des sciences, se penche sur cette question.
FISHES (favoriser la pêche indigène à petite échelle pour la santé, l’économie et la sécurité alimentaire) est un projet qui unit le savoir autochtone et la science. Son objectif est de favoriser le développement et la cogestion de zones de pêche nordiques durables et d’améliorer la sécurité alimentaire, le bien-être social et la continuité culturelle.
Le projet a reçu un financement de 14,5 millions de dollars, principalement de Génome Canada et de Génome Québec, avec des contributions additionnelles de 20 partenaires de recherche du nord du Canada, y compris des organisations autochtones et des agences gouvernementales provinciales et fédérales. L’organisme sans but lucratif Mitacs, qui soutient les innovations, a aussi fait une contribution.
Mode de fonctionnement
« Ce projet nous aidera à relever les défis et à saisir les occasions liées à la sécurité alimentaire des collectivités autochtones du Nord ainsi qu’à la conservation et au développement de leurs zones de pêche », affirme Monica Mulrennan, professeure au Département de géographie, urbanisme et environnement et vice-rectrice adjointe à la recherche – Développement et rayonnement au Vice-rectorat à la recherche et aux études supérieures.
Monica Mulrennan, spécialiste des sciences sociales, et Dylan Fraser, professeur au Département de biologie, font partie du dynamique groupe de chercheurs des universités Concordia, Laval et Carleton qui mène le projet avec des communautés cries, inuites et dénées.
Les deux chercheurs de Concordia entretiennent des relations de longue date avec les communautés cries de Eeyou Istchee.
« À titre d’ichtyobiologiste, j’ai hâte d’en apprendre plus sur la biologie des poissons dans des domaines qui me sont familiers ou inconnus, de partager des histoires et des connaissances avec les pêcheurs locaux et de former la prochaine génération de biologistes afin qu’ils adoptent des approches pluralistes de la gestion des zones de pêche », déclare Dylan Fraser.
Les espèces de poissons étudiées comprennent le touladi, l’omble de fontaine, l’omble chevalier, le doré jaune, le grand corégone, le cisco et le saumon de l’Atlantique.
Faire preuve de créativité durant la pandémie
Privés du travail sur le terrain, Mme Mulrennan et M. Fraser ont dû faire preuve de créativité durant la pandémie de COVID-19.
Pour Dylan Fraser, cela s’est traduit par une accélération : « Même si la situation était assez stressante, notre planification initiale nous a forcés à accélérer la coproduction de connaissances et la prise de décision en collaboration directe avec nos partenaires cris. »
Dans certaines régions, le professeur Fraser et son équipe ont été capables de mettre en place un camp de base et ainsi de travailler directement avec les membres de la collectivité. Malgré tout, la majorité de l’échantillonnage pour le projet a été effectué par les pêcheurs cris locaux, à qui M. Fraser et son équipe ont fourni des connaissances scientifiques et du soutien à distance.
La pandémie a eu l’effet contraire pour la professeure Mulrennan et ses étudiantes et étudiants aux cycles supérieurs, qui ont dû ralentir leurs efforts.
Leur participation au projet implique une collaboration intime avec les détenteurs du savoir cris pour veiller à l’intégration dans le projet du savoir autochtone ainsi que des intérêts et des préoccupations des populations autochtones en matière de poisson et de pêche.
« La pandémie nous a donné le temps de réfléchir à une approche plus consciencieuse et plus créative, note-t-elle. Au cours des 18 derniers mois, nous avons travaillé avec une équipe de partenaires cris fantastiques pour concevoir un guide et former les chercheuses et chercheurs communautaires à mener des entrevues et à recueillir des histoires. »
Une communauté résiliente
Natasha Louttit, agente de liaison de la faune de la région marine d’Eeyou pour la Cree Trappers Association, travaille étroitement avec Mme Mulrennan et M. Fraser au projet FISHES.
Elle admet que la COVID-19 a compliqué les choses, les collectivités éloignées devant prendre des précautions extraordinaires étant donné leur manque de ressources médicales. De plus, les bateaux ne pouvaient transporter qu’une seule personne à la fois, ce qui a nui à l’efficacité des prélèvements de tissus de poisson.
« Mais nous nous adaptons, nous sommes résilients, affirme Mme Louttit. Notre communauté est tissée serrée, et nous avons trouvé des solutions créatives, particulièrement pour ce projet. »
L’autodétermination est la clé
L’objectif final du projet FISHES est d’intégrer le savoir autochtone et les intérêts des collectivités dans les recherches en génomique afin d’appuyer la pêche indigène à petite échelle dans le nord du Canada.
« Je pense que nous avons eu une révélation dans ce type de partenariat, en ce qui concerne notre compréhension de la façon dont les chercheurs doivent communiquer et prendre du recul, et de l’expérience des partenaires des collectivités pour l’élaboration des modalités de l’engagement, remarque Monica Mulrennan. Tous les éléments trouvent leur place. »
Dylan Fraser est du même avis : « FISHES est une occasion en or qui tombe à point.
« Je suis ravi de créer le cadre grâce auquel les collectivités autochtones pourront améliorer leur activité économique avec la pêche, améliorer leur sécurité alimentaire et prendre leurs propres décisions de gestion des ressources, en utilisant les meilleures connaissances disponibles ainsi que des outils et technologies de pointe. »
Apprenez-en davantage sur le projet FISHES (favoriser la pêche indigène à petite échelle pour la santé, l’économie et la sécurité alimentaire).
Apprenez-en plus sur le laboratoire de Dylan Fraser, Eco-Evo-Gen in Conservation Biology.
Apprenez-en davantage sur le groupe de recherche de Monica Mulrennan, Partners in Indigenous Conservation and Environmental Futures (PICEF).