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Les origines du diabète pourraient être différentes chez les hommes et les femmes, selon une nouvelle recherche de Concordia

L’apparition de la maladie dépend du lieu et du type de tissu adipeux chez chacun des deux sexes, écrivent Kerri Delaney et Sylvia Santosa
23 mars 2022
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Kerri Delaney and Sylvia Santosa
Kerri Delaney et Sylvia Santosa: « La grande question est de savoir comment les différents dépôts de graisse contribuent distinctement à l’apparition du diabète, et cette contribution est-elle différente chez les hommes et les femmes? »

Au cours des quatre dernières décennies, les cas de diabète sucré de type 2 à l’échelle mondiale ont explosé. Ainsi, selon les estimations de l’Organisation mondiale de la santé, le nombre de personnes atteintes de la maladie est passé de 108 millions en 1980 à 422 millions en 2014, la croissance la plus rapide étant survenue dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.

Bien qu’il s’agisse d’une affection commune, beaucoup de recherche reste à faire pour en élucider pleinement les mécanismes. Par exemple, même si l’on sait que le diabète est lié à l’obésité, les chercheurs ignorent de quelle manière ce facteur provoque la maladie.

Or, dans un nouvel article paru dans la revue Obesity Reviews, les chercheuses de Concordia Kerri Delaney et Sylvia Santosa examinent comment différents types de dépôts de tissu adipeux dans différentes parties du corps contribuent à l’apparition du diabète chez les hommes et les femmes. Elles ont compulsé des centaines d’articles scientifiques afin de mieux comprendre le fonctionnement du tissu adipeux en surface et au niveau des tissus ainsi que les mécanismes qui en régissent le rôle dans l’apparition du diabète.

« Le mode d’apparition du diabète fait l’objet de nombreuses théories. Selon nous, les tissus adipeux contribuent différemment au risque selon l’endroit où ils se trouvent », affirme Kerri Delaney, doctorante rattachée au Centre PERFORM de Concordia et auteure principale de l’étude. « La grande question est de savoir comment les différents dépôts de graisse contribuent distinctement à l’apparition du diabète, et cette contribution est-elle différente chez les hommes et les femmes? »

De la surface à la cellule

Les hommes et les femmes stockent les graisses dans des régions différentes du corps. Or, comme bien d’autres maladies, le diabète est intimement lié à la graisse abdominale. Chez les femmes, cette graisse tend à être stockée sous la peau, ce qu’on appelle le « tissu adipeux sous-cutané ». Chez les hommes, en revanche, la graisse tend à être stockée autour des organes, qu’on nomme alors « tissu adipeux viscéral ».

La graisse semble présenter des caractéristiques différentes chez les hommes et les femmes. Elles croissent différemment, se dispersent différemment et interagissent différemment avec le système inflammatoire et immunitaire. Par exemple, chez les hommes, le tissu adipeux croît en raison de l’augmentation de la taille des cellules qui le composent; chez les femmes, en revanche, cette croissance est attribuable à la multiplication des cellules adipeuses. Cette distinction disparaît à la ménopause à la suite de la diminution de l’estrogène, une hormone au rôle protecteur. Ce phénomène pourrait expliquer pourquoi les hommes souffrent plus souvent de diabète tôt dans la vie que les femmes.

Se fondant sur l’hypothèse que le risque de diabète est lié à l’expansion des cellules de graisse viscérale chez les hommes et de graisse sous-cutanée chez les femmes, les chercheuses ont ensuite analysé les articles pour voir ce qui se passait dans les microenvironnements du niveau cellulaire.

Bien qu’il faille encore mener beaucoup de recherches sur le sujet, des différences globales ont été observées dans les niveaux de cellules immunitaires, d’hormones et de signalisation cellulaire entre les hommes et les femmes. Celles-ci semblent appuyer la thèse d’une origine différente du diabète chez les deux sexes.

Kerri Delaney et Sylvia Santosa espèrent qu’en cernant l’écart de risque de diabète entre les hommes et les femmes, il sera possible d’élaborer des démarches thérapeutiques mieux adaptées aux caractéristiques précises propres à chaque sexe.

« Si nous comprenions mieux les facteurs qui distinguent les hommes et les femmes, nous tiendrions compte de ces mécanismes au moment de recommander des traitements pour le diabète et choisirions les médicaments en fonction de leur mode d’action. »

Lisez l’article cité : Sex differences in regional adipose tissue depots pose different threats for the development of Type 2 diabetes in males and females.



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