Un accélérateur de décarbonation des bâtiments conçu à Concordia voit le jour à Montréal
Le récent engagement de la Ville de Montréal à décarboner ses bâtiments d’ici 2040 constitue une excellente nouvelle pour l’environnement et les communautés locales. Il pose également de nouveaux défis au secteur de la promotion immobilière. Des solutions innovantes seront donc nécessaires à de multiples égards, notamment en matière d’énergie, de construction, de zonage et de financement.
Dès cet été, un accélérateur de décarbonation des bâtiments lié à l’Université Concordia fournira gratuitement aux promoteurs les outils et les ressources dont ils ont besoin pour rendre plus durable l’industrie tout entière. En tablant sur l’expertise combinée de membres de divers secteurs, l’accélérateur vise à multiplier les projets de construction et de rénovation à faibles émissions et à l’épreuve des changements climatiques dans les quartiers commerciaux et résidentiels de Montréal.
Une transition rapide vers la décarbonation assortie de défis complexes
L’engagement de Montréal signifie que les bâtiments existants devront rapidement passer de l’énergie reposant sur les combustibles fossiles à l’énergie renouvelable seule d’ici 2040. Quant aux nouvelles constructions déjà en cours, elles devront vite pivoter pour répondre à l’exigence de la Ville d’ici 2025.
« Si les choses deviennent trop difficiles, les promoteurs se retireront et construiront ailleurs », explique Natalie Voland, doctorante ainsi que principale propriétaire et présidente de la société de promotion immobilière Quo Vadis.
« Il était évident pour moi que si nous ne trouvions pas nos propres solutions, les nouveaux projets de construction et les prix pourraient en pâtir. »
Mme Voland a discuté de solutions avec sa superviseure, Ursula Eicker. Titulaire de la chaire d’excellence en recherche du Canada sur les collectivités et les villes intelligentes, durables et résilientes, la Pre Eicker est codirectrice fondatrice de l’Institut des villes nouvelle génération. En tant que membres du Partenariat Climat Montréal, qui vise à accélérer les efforts de la ville en matière de décarbonation, Mmes Eicker et Voland saisissent l’occasion de faire avancer leur mission.
Le Partenariat Climat Montréal est un regroupement inédit de près d’une centaine d’organisations économiques, institutionnelles, communautaires et philanthropiques montréalaises, engagées à relever le défi de réduire les émissions de gaz à effet de serre de Montréal de 55% d’ici 2030 et de mettre la métropole sur la voie de la carboneutralité et de la résilience d’ici 2050.
« Les bâtiments représentent le meilleur potentiel de réduction de GES pour Montréal, mais pour cela il faut passer à la vitesse supérieure, multiplier les réalisations concrètes de construction et de rénovation aux plus hauts standards climatiques, et montrer à tous que c'est faisable », explique Mélanie Le Berre, directrice générale du Partenariat Climat Montréal.
« Nous sommes très satisfaits de voir nos membres du Partenariat oser des collaborations innovantes pour mettre sur pied cet accélérateur, qui a le potentiel de créer une véritable culture de bâtiments zéro-carbone, résilients et inclusifs à Montréal. »
Dans le cadre de son travail à l’Institut des villes nouvelle génération, la Pre Eicker dialoguait déjà avec des partenaires commerciaux et industriels en vue d’appuyer le récent engagement de la Ville.
« Des discussions au sein de nos réseaux ont révélé que tout le monde veut des bâtiments sobres en carbone, mais il n’existe dans le milieu aucun exemple manifeste d’investissements accrus aux fins de rénovation en fonction de normes plus élevées », affirme la chercheuse.
« Par ailleurs, les quartiers écologiques sont formidables, mais soulèvent d’importants enjeux sociaux si personne ne peut se permettre d’y habiter, ajoute-t-elle. Il est crucial de susciter la participation d’intervenants à même de favoriser et d’accélérer le processus. »
« Un commando de la durabilité »
L’accélérateur de décarbonation des bâtiments mise sur les partenariats de Concordia avec des intervenants clés de l’industrie et de la communauté pour former un groupe de travail puissant et agile.
Ursula Eicker et Natalie Voland ont ainsi recruté des spécialistes de multiples secteurs, dont le droit, le génie, l’énergie, le financement et la durabilité urbaine pour relever les nouveaux défis sous tous les angles. L’équipe collaborera directement avec les promoteurs pour accélérer les projets de construction ou de rénovation décarbonés, fournissant des solutions pour gérer les émissions de carbone, le financement, le zonage, la consommation d’énergie et plus encore.
« Par exemple, un financement novateur à long terme est nécessaire afin que les projets soient à la fois écologiques et rentables pour les promoteurs. Nos partenaires rendront tout cela possible », explique Mme Voland.
« Il s’agit en quelque sorte d’un camp d’entraînement climatique ou d’un commando de la durabilité – nous montrerons aux promoteurs immobiliers comment faire en sorte que leurs plans d’affaires répondent à la nouvelle exigence de la Ville, et nous les aiderons à relever les défis correspondants. »
Un autre aspect de la réussite et de l’impact de l’accélérateur est l’établissement d’une plateforme pour la recherche de Concordia, où innovateurs-étudiants et promoteurs immobiliers pourront tisser des liens.
« La plupart des promoteurs ne disposent pas de service de recherche et de développement, tandis que la plupart des étudiants ont besoin d’un accès pour mener leurs recherches sur le terrain » fait remarquer Mme Voland.
« Le fait que Concordia priorise les villes et la durabilité constitue pour nous un atout de taille. En rassemblant étudiants et promoteurs, nous pouvons contribuer à mettre en pratique de nouvelles idées et à transformer les obstacles en opportunités. »
Les projets pris en charge par l’accélérateur respecteront des normes écologiques élevées tout en s’avérant abordables pour les promoteurs et les utilisateurs finaux.
« Concordia soutient nombre d’initiatives environnementales. La nôtre est axée sur le climat, mais en appuyant aussi l’inclusion, elle élargit son objectif de durabilité », précise Ursula Eicker.
En tant qu’ancienne travailleuse sociale, Natalie Voland est motivée par l’importance qu’accorde l’accélérateur à l’abordabilité pour les promoteurs, les acheteurs et les locataires.
« Toute industrie doit s’adapter aux nouvelles réalités qu’impliquent les changements climatiques et les enjeux sociaux, par exemple en améliorant l’accès et l’équité en immobilier durable, conclut-elle. Nous devons agir maintenant, plus que jamais, pour que les générations futures n’héritent pas de nos problèmes. »
Membres de l’accélérateur
L’initiative est rendue possible par les membres suivants :
- Natalie Voland, présidente, Quo Vadis;
- Ursula Eicker, codirectrice, Institut des villes nouvelle génération de Concordia, et titulaire de la chaire d’excellence en recherche du Canada sur les collectivités et les villes intelligentes, durables et résilientes;
- René Demers, premier vice-président, Entreprises et Gestion privée, Immobilier, Banque Nationale du Canada;
- Amélie Laframboise, responsable soutien aux élus, Transition écologique, résilience et environnement, Cabinet de la mairesse et Comité exécutif, Ville de Montréal;
- Jonathan Théorêt, chef de division – Transport, Énergie et Bâtiment, Bureau de la transition écologique et de la résilience, Direction générale adjointe – Qualité de vie, Ville de Montréal;
- Joël Courchesne, architecte, Bureau de la transition écologique et de la résilience;
- Annie Gagnon-Larocque, associée, Droit immobilier et Planification, McCarthy Tétrault;
- Louis-Philip Bolduc, directeur de la construction, Énergère;
- Linda Otis, Réseau du futur, DP – Planification du réseau et services techniques, Hydro-Québec Distribution.
Appel à projets anticipé
Les soumissions de concepteurs portant sur des projets de construction ou de rénovation décarbonés sont maintenant acceptées. L’équipe de l’accélérateur collaborera directement avec les concepteurs pour diligenter la mise en œuvre des projets, en appuyant diverses solutions au regard du financement, du zonage, de la consommation d’énergie, de la réduction des émissions de carbone et plus encore.
Pour en savoir plus, communiquez avec Ursula Eicker ou Natalie Voland.
Apprenez-en davantage sur l’Institut des villes nouvelle génération.
Renseignez-vous sur l’École de génie et d’informatique Gina-Cody de l’Université Concordia.