Une chargée de cours de l’Université Concordia se sert de son jardin pour mobiliser des artistes autour de la crise climatique
The Patch était au départ un projet expérimental de l’artiste Bonnie Baxter, chargée de cours à temps partiel de l’Université Concordia en médias d’impression. Elle avait réuni des artistes et des étudiants autour des plants de tomates qu’elle faisait pousser pour approvisionner la banque alimentaire de Val-David, au Québec. Le projet est devenu une installation vidéo à 360° qui a récemment été projetée au Musée d’art contemporain des Laurentides (MAC LAU) de Saint-Jérôme, au Québec.
Le projet, intitulé The Patch, est une série de fables contemporaines créées et racontées par 11 artistes et collectifs de différents pays. Âgées de 4 à 76 ans, les personnes participantes ont été invitées dans le jardin de Bonnie Baxter pour réfléchir à l’écologie, à la crise climatique et à la durabilité alimentaire.
En 2020, Bonnie Baxter s’est retrouvée confinée chez elle à Val-David. Elle a eu envie d’agir pour contrer l’immense solitude dans laquelle étaient plongés ses étudiants et ses collègues-artistes. Les conditions n’étaient pas propices à la création artistique pour ses étudiantes et étudiants, car ils avaient un accès limité au matériel, aux studios et à leur communauté.
« Comment aller plus loin que ses références personnelles et faire quelque chose d’utile pour l’avenir? », s’est interrogée Bonnie Baxter alors qu’elle réfléchissait aux prémices de The Patch.
L’idée a émergé des conversations qu’elle a eues sur Zoom avec ses étudiantes et étudiants. La poignée de semences plantées dans un potager sur le terrain de Bonnie Baxter a donné 120 plants de tomates. Ce lieu, surnommé The Patch, est devenu le site principal de performances qui ont été filmées par elle et son équipe de tournage.
« Le sujet des changements climatiques a paralysé beaucoup de mes étudiants. »
Près d’une centaine de personnes ont participé au projet, soit devant ou derrière la caméra, dont de nombreux artistes et étudiants de la communauté de Concordia. Parmi eux : Devora Neumark (B. Bx-arts 1984, Ph. D. 2013); Alana Riley (B. Bx-arts 2003); Mathilde Rohr (B. Bx-arts 2017); Camille Charbonneau (B. Bx-arts 2019); Nico Williams (M. Bx-arts 2021); Ingrid Bachmann, professeure d’arts plastiques; François Morelli (B. Bx-arts 1975), professeur de peinture et de dessin; et les chargées de cours Juliana España Keller (B. Bx-arts 2000, M. Bx‑arts 2003), et Kathleen Kennedy-Turner (B. Bx-arts 2014, Cert. 2e cycle 2019, Ph. D. 2020).
Les anciens chargés de cours à Concordia Joe De Leo, Richard Purdy et Jen Rae, Johannes Zits de Toronto, les jeunes artistes du collectif The Serene Seasons Dream Collective de Montréal et de Guelph (Ontario), et les artistes A Climate Chorus figuraient aussi au nombre des participants.
Florence-Ariel Tremblay, coordonnatrice adjointe du projet The Patch, se souvient que Bonnie Baxter lui avait d’abord présenté son idée comme un projet artistique d’autonomisation des femmes. « Ce projet multidisciplinaire m’aura appris différentes choses, estime-t-elle. C’était très inspirant de voir Bonnie continuer à créer, surtout pendant la COVID-19. »
The Patch a été filmé avec un drone à caméra, une caméra à 360°, une caméra infrarouge et une caméra vidéo. Le résultat final, après l’édition de plusieurs heures de matériel, est un film en trois parties (ou « livres ») qui tisse les images des 11 performances pour en faire un récit sur l’espoir, la perte et le changement.
Les livres vidéo sont projetés du plancher au plafond pour créer une installation immersive à 360 degrés.
« Il est difficile de prévoir ce que le public retiendra de l’installation, mais j’espère que ce sera l’urgence de la crise, souligne Bonnie Baxter. Beaucoup de mes étudiantes et étudiants m’ont confié qu’ils se sentaient paralysés par le sujet des changements climatiques. »
The Patch a reçu l’appui financier du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) et de l’Association des professeures et professeurs à temps partiel de l’Université Concordia (CUPFA).
Pour Bonnie Baxter et son équipe, une partie de la philosophie derrière The Patch vient d’une paraphrase du poème Tout est un du célèbre poète persan Rûmi : « Rien de ce qui existe en ce monde n’est en dehors de toi. »
L’artiste explique que le poème a été utilisé en guise d’avertissement pour nous faire réfléchir à ce que nous sommes prêts à laisser mourir. Elle ajoute que l’équipe du film espère que le message et les valeurs au cœur du projet inciteront les gens à prendre soin d’eux, des autres et de leur environnement.
Apprenez-en davantage sur le Département des arts plastiques de l’Université Concordia.