Conclusion d’un projet de cartographie de la forêt urbaine mené à Concordia à l’aide de données publiques et privées
Un projet de l’Université Concordia consistant à répertorier la forêt urbaine diversifiée d’un quartier résidentiel de Montréal vient de prendre fin, et selon les chercheuses qui l’ont mené à bien, les résultats obtenus mettent en lumière l’importance de la diversité des peuplements forestiers.
Le projet a permis de découvrir que les arbres situés autour des résidences privées et des établissements comme les écoles et les lieux de culte diffèrent de ceux qui ont été plantés par les autorités municipales dans les parcs urbains et le long des voies de circulation ou des trottoirs. Les arbres plantés par la Ville ont tendance à être plus gros et plus résistants aux agresseurs environnementaux comme la sécheresse ou le sel, tandis que les arbres des propriétés privées, plus petits, ont d’autres fonctions comme celles de produire des fruits ou des fleurs ou d’ajouter à la beauté du paysage.
« Nos résultats reflètent les différents buts et motivations des personnes qui ont décidé de l’emplacement des arbres plantés », indique Kayleigh Hutt-Taylor, étudiante à la maîtrise et codirigeante du projet avec Carly Ziter, professeure adjointe au département de biologie. Ainsi, une personne responsable de la gestion du territoire municipal n’aura pas les mêmes priorités qu’une personne résidante ayant accès à une petite arrière-cour.
« Cela donne lieu à des différences mesurables dans les essences d’arbres qui sont plantées et à quels endroits, parce que nous avons tous nos raisons personnelles de planter un arbre à un endroit particulier plutôt qu’à un autre. »
Les résultats du projet ont été intégralement publiés dans la revue Urban Forestry & Urban Greening.
Les avantages de la diversité des espèces
Les chercheuses ont sollicité la participation des personnes résidant à proximité du campus Loyola de l’Université Concordia, dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce, et des responsables d’établissements comme des écoles et des églises situés dans ce même quartier. Elles leur ont demandé de mesurer la circonférence des arbres se trouvant sur leur propriété, d’en photographier l’écorce et les feuilles et de consigner leurs observations sur le site Web du Projet arbres de Montréal.
Au cours de l’été 2020, elles ont reçu 98 contributions de propriétaires de terrains du quartier; elles ont également consulté les données ouvertes figurant sur le site Arbres publics de Montréal de la Ville afin d’analyser les arbres situés dans les endroits publics. Au total, près de 4 300 arbres poussant sur des terrains publics et privés ont été répertoriés.
Les érables de Norvège et les érables argentés comptent pour près de 30 % des peuplements, ce qui en fait les espèces les plus répandues dans la région étudiée. Cinq espèces constituent presque la moitié des peuplements totaux : les deux espèces d’érable, le thuya occidental, le tilleul à petites feuilles et le frêne vert.
Les chercheuses ont constaté que les résidences privées présentent la plus grande diversité d’espèces, tandis que pour les propriétés foncières institutionnelles — écoles et églises en grande partie —, cette diversité était la plus faible. Cette grande diversité des arbres situés sur les terrains privés représente une contribution essentielle des propriétaires fonciers à la forêt urbaine. Néanmoins, les chercheuses précisent que même les zones où la variété des espèces est plus faible jouent un rôle important, car les arbres fournissent des lieux ombragés, assurent une régulation de la température et constituent une barrière contre la pollution.
« D’un point de vue écologique, la présence de peuplements d’arbres diversifiés donne lieu à un paysage plus multifonctionnel », explique Kayleigh Hutt-Taylor, qui est maintenant coordonnatrice d’un projet axé sur les solutions fondées sur la nature au campus Loyola de l’Université. « Cette diversité rend également les forêts plus résilientes face à des bouleversements comme les changements climatiques, les changements dans le tissu environnemental de la ville ainsi que les invasions d’animaux nuisibles et les maladies. »
La chercheuse donne l’exemple des dommages causés par l’agrile du frêne à cet arbre en particulier pour souligner l’importance de la diversité des espèces : « Si le frêne avait été l’espèce dominante, nous aurions pu perdre la moitié de nos forêts. »
Des citoyens qui épaulent les scientifiques
« Les arbres qui poussent sur les terrains privés représentent une pièce essentielle du puzzle que constitue notre compréhension des forêts urbaines, mais leur contribution à la vitalité des peuplements forestiers n’est pas toujours prise en compte. La science citoyenne offre des façons de recueillir des données concernant ces arbres tout en mobilisant les membres de la communauté », ajoute Carly Ziter.
Kayleigh Hutt-Taylor suggère aux résidantes et résidants qui souhaitent planter des arbres dans leur arrière-cour d’opter pour des espèces indigènes et différentes de celles qui se trouvent sur les propriétés voisines.
« C’est une bonne façon d’obtenir des peuplements forestiers plus diversifiés, une démarche à promouvoir dans l’ensemble de nos quartiers. »
Lisez l’article cité : Private trees contribute uniquely to urban forest diversity, structure and service-based traits.