Le Bureau des perspectives noires décerne trois nouvelles bourses de recherche pour 2023
Le Bureau des perspectives noires (BPN) de l’Université Concordia accordera trois bourses de recherche en 2023 afin de faire rayonner les travaux d’érudition noirs à Montréal, au Québec et ailleurs dans le monde.
La mission du BPN consiste à financer, à appuyer, à encadrer et à promouvoir les travaux de recherche menés par les membres de la communauté noire de Concordia, ainsi qu’à soutenir les programmes, les contenus et les réseaux culturels axés sur la valorisation identitaire et la défense des personnes noires.
« Ces bourses de recherche représentent un moyen tangible de favoriser l’épanouissement des personnes noires et de mettre en lumière la richesse et l’étendue des savoirs, des talents et des expériences propres à la communauté noire », fait valoir Maurice Riley Case, chef du BPN.
« Pour les membres noirs de la communauté de Concordia, il s’agit d’un moyen de se réapproprier pleinement des expériences et des espaces dont la population noire a longtemps été privée. Le fait de donner une voix plus forte à ces personnes, d’élargir leurs perspectives à l’échelle de la diaspora et d’accorder une plus grande place aux traditions intellectuelles noires représente une valeur ajoutée pour la communauté universitaire. Je tiens d’ailleurs à féliciter les personnes lauréates de cette année ».
Ce concours de bourses s’adresse tant aux membres de l’effectif étudiant, du corps professoral et du personnel qu’aux membres de la communauté montréalaise élargie, la priorité étant toutefois accordée aux étudiants chercheurs noirs de Concordia.
Cette année, le BPN a décerné trois bourses à Anthony Mclachlan, à Anick Jasmin et à Dalia Elsayed, qui poursuivent des études aux cycles supérieurs.
Des mesures adoptées à l’échelle territoriale et municipale pour la surveillance du hip-hop à Montréal
La recherche de M. Mclachlan porte sur les institutions qui régissent et définissent la représentation généralement admise de l’ordre social.
« Depuis toujours, la population noire est perçue comme une menace à l’ordre social établi, et il a donc fallu lui imposer des contraintes », explique-t-il. Les travaux de M. Mclachlan examinent la façon dont les institutions ont évolué dans leur conception de la déviance et du désordre sociaux, particulièrement en ce qui concerne les jeunes personnes noires.
Aux yeux de la population blanche, le hip-hop est souvent associé au désordre social; c’est pourquoi les institutions ont mis en place des mesures répressives pour assurer la surveillance des jeunes Noirs, observe-t-il.
« La nécessité de surveiller la population noire a dicté l’approche utilisée par les autorités pour encadrer les pratiques inspirées de la culture hip-hop, comme le rap, les graffitis et le breakdance », ajoute M. Mclachlan. Sa recherche met en cause la relation qu’a entretenue le Québec avec la communauté noire au cours de l’histoire et les tactiques qu’il a employées pour exercer une surveillance sur la culture hip-hop.
Lisez l’entrevue avec Anthony Mclachlan.
Retracer le parcours de femmes noires d’origine haïtienne travaillant dans le domaine des STIM
Dans le cadre de sa recherche, Anick Jasmin cherche à cerner les facteurs expliquant la sous-représentation des femmes noires d’origine haïtienne dans le secteur des sciences, des technologies, de l’ingénierie et les mathématiques (STIM).
« La communauté haïtienne compte parmi les plus importants groupes ethniques d’origine non européenne à Montréal, et elle se compose majoritairement de femmes; or, celles-ci sont sous-représentées dans le domaine des STIM, note-t-elle. Ce problème a diverses répercussions sur les personnes qui choisissent de se spécialiser dans ces disciplines, notamment l’isolement social ainsi que le manque de modèles, de mentors et de réseaux de soutien tout au long de leur cheminement scolaire et professionnel. »
S’inscrivant dans une perspective interdisciplinaire, la recherche de Mme Jasmin vise à dépeindre les réalités socioculturelles particulières que vivent les femmes montréalaises d’origine haïtienne et la façon dont ces expériences définissent leur vision de la société et des STIM.
« Je cherche à comprendre leur parcours ainsi que les obstacles qu’elles ont dû affronter et surmonter pour réussir leur carrière. J’espère également combler les lacunes de connaissances concernant les expériences vécues par les femmes noires d’origine haïtienne travaillant dans le domaine des STIM. »
Lisez l’entrevue avec Anick Jasmin.
Comprendre les mécanismes de construction de l’identité noire dans le milieu de l’éducation supérieure au Canada
Dans le cadre de sa recherche doctorale, Dalia Elsayed cherche à comprendre en quoi les établissements canadiens d’enseignement supérieur contribuent à la formation de l’identité noire – plus particulièrement chez les femmes étudiantes de race noire –, dans une perspective axée à la fois sur le féminisme et la condition noire.
« Je m’intéresse de près aux discussions sur la condition noire, notamment pour voir dans quelle mesure cette réalité peut être perçue ou comprise comme une expérience universelle, explique-t-elle. À mon sens, la condition noire est souvent envisagée d’un point de vue nord-américain, sans égard aux multiples dimensions que revêt l’identité noire à l’échelle mondiale. »
Mme Elsayed s’attachera également à comprendre les divers récits et schémas qui contribuent à construire et à façonner l’identité noire et les autres identités culturelles partout dans le monde.
Apprenez-en davantage sur le Bureau des perspectives noires de l’Université Concordia.