Le Centre pour la réutilisation créative de l’Université Concordia invite les artistes à recycler les matériaux et non les idées dans un nouveau lieu
Si vous avez visité ESPACE 4 récemment, vous avez peut-être remarqué que l’endroit était plus animé qu’à l’habitude. Six personnes étudiantes se sont installées à la vue des passants pour faire connaître leur processus créatif.
Ces personnes étudiantes sont au nombre de celles qui ont présenté leur candidature à un programme de résidence artistique offert par le Centre pour la réutilisation créative de l’Université Concordia. Leur défi? Tenir compte du cycle de vie complet des matériaux utilisés dans leur pratique artistique.
Créer plus avec moins
Chaque artiste en résidence doit créer sans produire de déchets et en utilisant des matériaux récupérés, notamment ceux provenant des collectes du Centre.
Toutefois, la résidence de cette année présente certaines différences importantes par rapport aux éditions précédentes. Tout d’abord, c’est la première fois que le Centre noue un partenariat avec ESPACE 4 plutôt qu’avec la Galerie des arts visuels. Dans ce nouveau contexte, l’accent est mis sur le processus plutôt que sur le résultat.
« Nos activités visent à faire connaître au public les réalisations de l’Université en matière de recherche et d’apprentissage de même que ses contributions au changement », affirme Anna Waclawek, gestionnaire d’ESPACE 4. « Nous invitons les artistes en résidence du Centre à élaborer leurs projets en temps réel, dans un lieu public propice aux échanges. Cette formule permet non seulement de familiariser les auditoires avec le processus de recherche, mais aussi de soutenir et de mettre en valeur le travail du Centre dans un lieu accessible. »
Dans le passé, un vernissage avait lieu au terme de la résidence. Cette année, attendez-vous à en entendre et à en voir davantage dans les médias sociaux sur les expériences menées par les artistes en résidence et l’élaboration de leurs projets, et ce, pendant toute la durée de la résidence.
Les responsables invitent également les auditoires à prendre part à des ateliers, à des démonstrations, à des conversations et à des performances dès le mois prochain à ESPACE 4.
Un projet qui ratisse plus large
Un autre changement a été apporté relativement aux destinataires de l’appel de candidatures. Cette année, toutes les facultés, et non pas seulement celles des beaux-arts, ont été invitées à participer. L’objectif de ce changement est d’accueillir des créatrices et créateurs de toutes les disciplines qui tiennent à exercer leurs activités artistiques de façon durable.
« Le passage du produit au processus et l’utilisation d’un plus vaste éventail de matériaux ont permis à la résidence de prendre de l’expansion et d’élargir ses objectifs », explique Arrien Weeks, technicien en durabilité et membre du Centre. « Nous voulons continuer à susciter des conversations sur la créativité et la durabilité dans tous les domaines d’études et les champs d’innovation. »
Les personnes étudiantes sont encouragées à fouiller parmi les matériaux récupérés par le Centre (qui se trouvent au dépôt du Centre), mais peuvent aussi apporter leurs propres matériaux.
« Les personnes en résidence ont été invitées à explorer des thèmes comme les économies circulaires et la durabilité sociale. En même temps, nous avons essayé le garder les thèmes ouverts pour que les artistes puissent proposer leur propre vision de la matérialité », précise Maya Jain, coordonnatrice du dépôt du Centre.
Cohorte de cette année
Raviya Azad est étudiante en arts plastiques. Elle explore les façons dont le dessin et le langage peuvent interagir avec les œuvres sculpturales et spatiales et les arts de la scène. Elle utilise des matériaux usagés et trouvés et s’intéresse aux notions d’immatérialité. Elle prévoit incorporer le mouvement, la musique et le dessin aux travaux qu’elle réalisera à ESPACE 4.
Clare Chasse, étudiante en anthropologie et en durabilité, considère la résidence comme une occasion de transmettre des compétences et de promouvoir l’autosuffisance. Elle a recours à une variété de techniques comme le crochet et la sculpture en papier ainsi qu’à des cultures de kombucha. Elle compte distribuer des échantillons de cultures symbiotiques de levures et de bactéries et enseigner aux visiteurs comment confectionner leur kombucha, dans le cadre d’une démarche d’exploration de la production et de la restauration écoresponsables et de la résilience.
Kaitlyn Di Bartolo est étudiante en littérature anglaise. Elle utilise l’art du textile pour explorer des concepts comme la nostalgie, l’éphémérité et le sens dans le contexte de la société de consommation. Inspirée par l’atmosphère fantaisiste des contes de fées, elle entreprendra un projet qui mettra de l’avant l’idée selon laquelle même un bout de tissu peut avoir un sens.
Emem Etti est une cinéaste et une créatrice d’installations artistiques originaire du Nigéria qui a grandi à Vancouver; elle étudie actuellement au baccalauréat ès beaux-arts en production cinématographique. Emem Etti cherche à créer des œuvres qui remettent en question les conceptions de la représentation des personnes noires et des femmes, de l’afrofuturisme, du surréalisme et du cinéma au sens large. Au cours de la résidence, elle créera un costume de mascarade à partir de matériaux recyclés et animera une table ronde sur les savoirs ancestraux entourant la durabilité.
Keith Fernandez profitera de la résidence pour explorer l’opulence durable. En faisant intervenir son incarnation drag, KAJOL, il cherchera des façons créatives d’utiliser les plastiques et d’autres matériaux afin de créer des perruques et des vêtements. Il souhaite également engager un dialogue avec la communauté drag dans le but de créer une esthétique fondée sur la réutilisation créative, le partage et les approches soucieuses de l’environnement. Keith Fernandez étudie en beaux-arts et s’intéresse surtout à la création dans un contexte de performance.
Evelyn (Ev) Ricky s’intéresse aux façons dont les discours populaires peuvent mettre en opposition la justice pour les personnes en situation de handicap et les perspectives environnementales. Dans le cadre de sa pratique artistique, qui englobe la peinture, la sculpture, la bande dessinée et la poésie, Evelyn Ricky aborde l’immunosuppression, la conscience intime des enjeux liés à l’accessibilité et le désir queer. Evelyn Ricky convertit les déchets de polystyrène en une résine moulable pour créer des sculptures. L’artiste a installé un bac de collecte dans les locaux d’ESPACE 4 qui lui permet de s’approvisionner en matériaux.
Pour en savoir davantage sur les activités liées à la résidence sur la réutilisation créative, consultez la page Web d’ESPACE 4 ou les pages des médias sociaux.
Vous pouvez également en apprendre plus sur les personnes étudiantes en résidence et leurs projets en consultant la page Web du Centre pour la réutilisation durable de l’Université Concordia.