Une cohorte interuniversitaire de 19 étudiantes et étudiants installe quatre œuvres d’art éphémères à la place des Aiguilleurs de Griffintown
Les usagers du transport en commun et les passants empruntant le tout nouveau train léger sur rail du Réseau express métropolitain (REM) de Montréal peuvent découvrir quatre œuvres d’art public éphémères à la place des Aiguilleurs, dans le quartier Griffintown. L’installation résulte d’une collaboration entre les étudiantes et étudiants d’un cours d’été de l’Université Concordia en art public et développement durable.
« Nous avons eu énormément de plaisir jusqu’à présent, et le groupe s’est révélé formidable », affirme l’artiste Yann Pocreau. Celui-ci s’est joint à Kelly Jazvac et Juan Ortiz-Apuy, professeurs adjoints d’arts plastiques à Concordia, pour mentorer 19 étudiants des quatre grandes universités montréalaises, soit l’Université Concordia, l’Université du Québec à Montréal (UQAM), l’Université McGill et l’Université de Montréal.
Le REM a financé le projet dans le cadre de la Politique d’intégration des arts à l’architecture et à l’environnement du ministère de la Culture et des Communications (politique du 1 %). Le cours était le premier d’une série de quatre cours qui seront donnés une fois seulement dans chacune des universités.
Tisser des liens entre les communautés et les universités
Des étudiants de tous cycles et toutes disciplines ont pris part au projet, et les enseignants ont fait en sorte que les quatre groupes comprennent des participants de chaque université. « Il s’agit d’une cohorte des plus diversifiées », souligne Marie-Justine Snider, conservatrice des collections d’art de la Caisse de dépôt et placement du Québec.
Elle-même ancienne étudiante de l’UQAM, Mme Snider sait par expérience à quel point les universités peuvent sembler isolées. « Lorsqu’on a quatre universités dans la même ville, on doit trouver des moyens de tisser des liens », affirme-t-elle.
Elle ajoute que « le réseau de transport tout entier [du REM] repose sur l’idée de rassembler les gens plus efficacement et de manière écologique, donc pourquoi ne pas rassembler les quatre universités de la même façon? »
Juan Ortiz-Apuy explique que la collaboration faisait partie intégrante de l’objectif d’apprentissage. Les étudiantes et étudiants ont ainsi trouvé des idées en équipe et décidé ensemble de ce qui les intéressait le plus au sujet du site et de la manière dont ils y réagiraient.
Comme le fait remarquer Kelly Jazvac, « la vision de Marie-Justine Snider consistait à donner aux étudiants la possibilité de travailler sur un projet dans le cadre de la politique du 1 %, c’est-à-dire de créer des œuvres d’art public ».
Pour ce faire, les œuvres devaient notamment être de nature éphémère, « ce qui devient plus courant dans les pratiques d’art public et permet de faire des choses qu’on ne pourrait normalement pas faire avec des matériaux », ajoute-t-elle.
L’après-vie de l’art public
Tout comme le REM vise à diminuer la pollution, les étudiantes et étudiants étaient invités à tenir compte de l’après-vie de leur projet. Yann Pocreau révèle que cette exigence a fait l’objet de conversations tout au long du cours et que tous les participants avaient à cœur d’intégrer la durabilité au processus de création artistique.
Nombre d’étudiants ont d’ailleurs travaillé avec des matériaux récupérés, selon Juan Ortiz-Apuy. « Ils devaient tous réfléchir à ce qu’il advient de ces matériaux après leur installation. Où peuvent-ils aller? Comment peuvent-ils être utiles? À quoi d’autre peuvent-ils servir? », explique-t-il.
« Ces questions faisaient certainement partie intégrante de l’exercice. »
Un espace complexe
« Les œuvres tiennent toutes compte du site même », souligne Kelly Jazvac, précisant qu’un groupe « a soigneusement étudié la course du soleil pour réaliser un type de cadran solaire. »
Elle ajoute que les étudiantes et étudiants ont beaucoup réfléchi au positionnement de leur sculpture, et ce, « afin d’obtenir l’effet recherché et de susciter la réflexion voulue ».
Un deuxième projet en cours est une version à échelle réduite du toit inaccessible de la tour Wellington, lieu emblématique de Montréal. Abaissé au niveau de la rue, ce toit devient un espace dont la communauté peut profiter.
Un autre projet prend la forme d’un labyrinthe d’adobe servant également d’aire de repos. Offrant un moment de répit dans le tumulte de l’espace environnant, les graines qui y sont logées devraient germer et faire écho aux nombreuses mauvaises herbes poussant à travers les fentes du trottoir.
Yann Pocreau mentionne un quatrième projet tenant compte des sons, des vibrations et de la pollution sonore. Il explique que des poteaux de bois surmontés de coupes de cuivre réagissent au vent et aux vibrations du REM lorsque celui-ci passe.
Pour Marie-Justine Snider, l’espace en question se distingue par sa complexité : « Il s’y produit beaucoup de choses, ce qui présente toujours un intérêt pour l’art public. »
M. Pocreau et ses collègues enseignants invitent le public à visiter la place des Aiguilleurs et à se joindre à eux pour un vernissage, le 30 août prochain de 17 h à 19 h. Les œuvres seront exposées jusqu’en octobre.
« Les étudiantes et étudiants ont travaillé tellement fort – leur talent et leur enthousiasme sont indéniables. »
Apprenez-en davantage sur le Département des arts plastiques de l’Université Concordia.
Le public est invité au vernissage de l’installation à la place des Aiguilleurs, dans le quartier Griffintown de Montréal, le 30 août prochain de 17 h à 19 h.