Skip to main content

L’artiste Suzanne Kite à la rencontre du AI dans son exposition à l’affiche de la Galerie FOFA de Concordia

Performance sonore ambiante, graphiques peints à la main et ontologies Oglála Lakȟóta fusionnent dans l’installation disponible jusqu’en novembre
11 octobre 2023
|
Image en diptyque d'une femme souriante aux longs cheveux bruns à gauche et d'une œuvre d'art sur les fenêtres d'un immeuble en ville.
« Je comprends la création de nouvelles choses, y compris l'IA, comme ayant un potentiel éthique lorsqu'elles utilisent des cadres établis et respectant tous les êtres. » - Suzanne Kite

Dans les traditions lakȟóta, les matériaux tels que les métaux et minéraux sont perçus comme ayant une essence et une relation aux humains particulières.

L’artiste et compositrice oglála lakȟóta Suzanne Kite s’inspire de cette idée de sa thèse doctorale de 2023 dans son installation Hél čhaŋkú kiŋ ȟpáye (There lies the road): How to Make Art in a Good Way présentée à la Galerie FOFA jusqu’en novembre.

« Les dessins de la série intitulée Imákȟaheye (Method) installés à la Galerie FOFA sont conçus comme des représentations visuelles de mes théories sur le développement et le maintien de relations futures avec les êtres non humains », explique Kite.

« Ils symbolisent les enseignements que j’ai tirés de mes entretiens doctoraux avec la communauté lakȟóta et celle de la réserve de Pine Ridge, qui portaient sur l’établissement et le maintien de relations saines avec les êtres non humains ainsi que sur les manières de réaliser de nouvelles créations reposant, par exemple, sur l’intelligence artificielle », ajoute-t-elle.

En sus des dessins, l’installation comporte un volet sonore, enregistré par des musiciens. Ceux-ci étaient invités à improviser en écoutant diverses prestations, dont une provenant d’un drone de Kite, entonnant une chanson traditionnelle Íŋyaŋ. Le volet visuel a été peint à la main sur place, sur du verre, par 2Lettreurs, une entreprise exploitée par Alexandre Saumier Demers et Malcolm McCormick, deux diplômés de Concordia et titulaires des maîtrises ès beaux-arts, dans le but de contribuer au développement durable et de générer moins de déchets.

À l’intersection des visions traditionnelles et futuristes

Chacune des illustrations est le fruit de conversations de l’artiste avec les membres de la communauté lakȟóta, présentant divers points de vue autochtones sur la création et sur l’art. Kite a extrapolé les idées abordées dans ces discussions, leurs applications futures qui font débat, comme l’intelligence artificielle.

« Elles symbolisent des pierres, des étoiles et des transformations, précise Kite. Elles représentent la manière dont les décisions transfèrent l’énergie d’un monde au suivant. Je pense que les innovations telles que l’IA peuvent contribuer à l’exploitation éthique des cadres établis au profit de la réciprocité et du respect de tous les êtres. »

Originaire du sud de la Californie et diplômée du Bard College, Suzanne Kite a collaboré avec diverses communautés lakȟóta d’un peu partout, y compris avec des artistes comme Santee Luke Witt, du Dakota du Sud, ou encore Bobby Joe Smith III.

« L’une de mes collaborations les plus importantes dans le cadre de ce projet reste celle avec le chanteur, compositeur et éducateur Santee Luke Witt, raconte l’artiste. Il m’a généreusement expliqué ses méthodes et confié ses réflexions sur l’écriture de nouvelles chansons, en plus de se produire avec l’ensemble Third Cost Percussion dans le cadre d’une performance mélangeant leurs compositions respectives basées sur leurs rêves. Mes échanges avec Witt ont influencé ma vision de la composition de ces œuvres. »

Les dessins peints à la main de l’installation sont quant à eux le fruit d’une collaboration avec Smith, un graphiste et artiste lakȟóta de Los Angeles :

« Smith a créé tous les éléments graphiques de la première exposition de ces œuvres, présentée au Vera List Center en 2021, indique Mme Kite. Je lui avais expliqué mes théories et envoyé mes dessins initiaux, qu’il a ensuite transformés en éléments graphiques correspondant à chaque idée, en divers autres types d’éléments, en documents d’information et en vinyles. Smith a aussi réalisé les dessins de mon arbre généalogique et des illustrations de mes entretiens. Je suis très honorée d’avoir eu la chance de collaborer avec lui. »

Explorer les frontières de l’éthique en matière de nouvelles technologies

L’œuvre de Suzanne Kite explore les relations entre deux formes de connaissance distinctes dans la culture nord-américaine : les méthodologies autochtones et les technologies émergentes telles que l'IA.

Contrairement aux personnes qui craignent de voir les nouvelles technologies nous balayer comme un raz-de-marée, Kite embrasse celles-ci.

« Je crois qu’il est possible de créer de nouvelles choses de manière éthique. Ce sont l’innovation et l’exploration des nouvelles technologies qui nous permettront de trouver de nouvelles voies ne nécessitant pas une destruction perpétuelle. »
 

Hél čhaŋkú kiŋ ȟpáye (There lies the road), par Suzanne Kite, à l’affiche jusqu’en novembre.

 



Retour en haut de page

© Université Concordia