Sandeep Bhagwati donne le coup d’envoi à une saison printanière trépidante en avril avec deux concerts au Musée des beaux-arts de Montréal
Né à Bombay en 1963, Sandeep Bhagwati a grandi en Allemagne. Artiste primé, il s’illustre depuis des décennies à l’avant-garde de la composition musicale classique. Ses œuvres renommées transcendent les frontières musicales et culturelles en mariant diverses influences, notamment occidentales et indiennes.
Deux concerts de musique d’ensemble mettant à l’honneur le travail de Sandeep Bhagwati seront présentés au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) dans le cadre de la série Hommage de la Société de musique contemporaine du Québec. Les concerts des 20 et 21 avril seront des événements participatifs qui s’échelonneront sur toute la journée et mettront en vedette des solistes de Turquie, de Bulgarie, de Chine et d’Allemagne.
Les concerts donneront le coup d’envoi à une saison printanière fort occupée pour Sandeep Bhagwati. Il se produira à la Maison de la culture Ahuntsic-Cartierville le 24 avril et au Musée Aga Khan de Toronto le 28 du même mois.
Un colloque intitulé Music in Difficult Times organisé par le Département de musique de l’Université Concordia aura lieu du 3 au 5 mai en l’honneur du professeur. Celui-ci s’est également vu confier la création d’un cycle de chansons qui seront présentées plus tard cette année à la Salle Bourgie du MBAM.
« La musique est omniprésente autour de nous »
Que nous réservent les spectacles présentés prochainement au Musée des beaux-arts de Montréal?
Sandeep Bhagwati : Un ensemble de musiciens de Berlin et un autre de Montréal se produiront tour à tour durant toute la journée.
Je dis de ces ensembles qu’ils sont « transtraditionnels », car ils sont constitués de musiciens issus de diverses traditions mondiales. Nous avons de tout : du free-jazz à la techno en passant par le folklore bulgare, la musique arabe et les chants de gorge inuits.
Nous créons ensemble la musique en trouvant comment différentes combinaisons de traditions peuvent s’inspirer les unes des autres.
Et les performances s’échelonneront sur toute la journée?
SB : Oui, elles se poursuivront de l’ouverture à la fermeture du musée les 20 et 21 avril. Et les membres de l’auditoire peuvent participer, car nous leur fournissons des cartes postales sur lesquelles est inscrit un poème reflétant une certaine ambiance et un tempo : ils peuvent alors remettre une carte postale aux musiciens, qui modifient leur jeu en fonction de ces suggestions.
Tous ces syntagmes musicaux entrecroisés donnent-ils lieu à des tensions ou à des harmonies?
SB : Je ne sens habituellement aucune tension. Le processus engendre une atmosphère très calme. La seule règle générale est que les musiciens doivent faire preuve de bienveillance les uns envers les autres lorsqu’ils jouent. Ils ne peuvent s’interrompre intentionnellement.
Vous incorporez également des DJ et de la musique électronique. Pourriez-vous nous en dire plus à ce sujet?
SB : Le duo de DJ berlinois Gebrüder Teichmann fera partie du concert. Ce sont des improvisateurs allumés qui viennent du milieu des boîtes de nuit des années 1990.
Quelles sont les similarités entre la musique électronique d’aujourd’hui et les traditions musicales de l’Inde?
SB : En Inde, le bourdon est un genre de symbole. Il représente la présence éternelle du son. Dans la tradition européenne, la musique émerge du silence, et le silence est inconfortable. Dans la tradition indienne, il y a toujours de la musique, elle est omniprésente autour de nous. La musique indienne permet plus de liberté en raison de cette omniprésence du son, tandis qu’elle peut donner aux Occidentaux l’impression qu’il ne se passe pas grand-chose. L’introduction d’un morceau peut parfois s’étendre sur deux heures.
Le concept d’hybridité culturelle a-t-il toujours été important pour vous?
SB : Oui, parce qu’il est indissociable de ma vie. J’ai passé ma jeunesse entre l’Inde et l’Allemagne. Les deux univers sont également présents dans mon parcours émotionnel et sensoriel. Quand j’ai annoncé à mon père que je voulais me consacrer à la musique, il m’a dit pourquoi ne pas tabler sur cet héritage et relier ces deux cultures? Toute cette idée de jeter des ponts entre les cultures m’intéresse encore beaucoup.
Quelles sont certaines de vos œuvres préférées de musique classique occidentale, de musique indienne et de musique pop contemporaine?
SB : Pour ce qui est de la musique classique, je dirais Le sacre du printemps de Stravinsky, la Symphonie no 7 de Sibelius, ainsi que Robert Schumann et Josquin des Prez.
Pour ce qui est de la musique indienne, il existe une version du Raga Darbari que j’aime particulièrement, interprétée par Nazakat et Salamat Ali Khan et enregistrée lors d’un concert à Cologne aux environs de 1972. C’est une pièce grandiose qui possède une structure mélodique qui me plaît énormément.
En musique pop, je dirais Kendrick Lamar. Sa musique est très évocatrice, en plus d’être bien composée et orchestrée; il est selon moi un musicien extraordinaire.
Sandeep Bhagwati se produira les 20 et 21 avril au Musée des beaux-arts de Montréal dans le cadre de la série Hommage de la Société de musique contemporaine du Québec, où sa musique sera à l’honneur.