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La compréhension des variations dans les mouvements des animaux et des plantes est essentielle à la conservation, selon une étude récente

Un boursier postdoctoral de l’Université Concordia presse les écologistes d’étudier plus attentivement les facteurs structuraux et biologiques qui influent sur la biodiversité
20 août 2024
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« La compréhension de l’hétérogénéité des réseaux de dispersion des espèces est essentielle à la réussite des mesures de conservation », affirme Paul Savary.
« La compréhension de l’hétérogénéité des réseaux de dispersion des espèces est essentielle à la réussite des mesures de conservation », affirme Paul Savary. | Photo : Brian Holdsworth via Unsplash

De nouvelles recherches mettent en lumière le rôle crucial que jouent les mouvements des plantes et des animaux à travers différents environnements naturels – connus sous le nom de réseaux de dispersion – dans le maintien de la biodiversité.

La plupart des modèles écologiques reposent sur l’hypothèse selon laquelle la vie suit une trajectoire uniforme – ou homogène – à l’intérieur des habitats. Or, une étude réalisée récemment par des chercheurs de l’Université Concordia et publiée dans la revue Trends in Ecology and Evolution appelle à accorder une plus grande importance aux variations – ou à l’hétérogénéité – de ces mouvements.

La variété plutôt que le volume

Les projets de conservation se concentrent souvent sur le volume d’habitat auquel les animaux et les plantes ont accès, mais quantité n’est pas toujours synonyme de qualité.

« Pour mener un projet de conservation, il est essentiel de bien comprendre l’hétérogénéité des réseaux de dispersion des espèces, car ils peuvent avoir une forte incidence sur la diversité », explique Paul Savary, principal auteur de l’étude. Boursier postdoctoral Horizon, M. Savary est également attaché de recherche débutant au Centre de recherche Loyola sur la durabilité.

« Si la connectivité est insuffisante, les espèces risquent de ne pas avoir accès aux ressources nécessaires à leur épanouissement; si elle est trop importante, elles peuvent faire face à une concurrence insurmontable. »

Un regard réaliste sur le mouvement des espèces

« Le mouvement des espèces s’apparente un peu à la façon dont les humains se déplacent dans une ville, détaille Paul Savary. Nous pouvons utiliser le métro, le vélo ou la voiture, ou encore marcher. Les lieux auxquels nous voulons accéder ne sont pas répartis selon une grille homogène. Les destinations sont distribuées de manière irrégulière dans la ville. »

Deux facteurs déterminent l’hétérogénéité des réseaux de dispersion. Le premier facteur est le paysage. Les caractéristiques structurales d’un habitat, telles que les sources d’eau, les falaises abruptes et les forêts denses, ne sont pas réparties de manière uniforme.

Le deuxième facteur est d’ordre biologique. Les espèces ne se déplacent pas toutes de la même manière. Un ours ne peut pas voler comme un oiseau, et un moineau ne plane pas comme un aigle. Cette variation dans le style de mouvement est appelée « capacité de dispersion ». Les diverses espèces ne peuvent pas toutes traverser les mêmes types d’environnements naturels et n’ont donc pas les mêmes capacités de dispersion.

« Nous constatons ce phénomène tous les jours, poursuit Paul Savary. L’infrastructure urbaine ne pourra jamais être une grille parfaite parce qu’elle est assujettie à des caractéristiques telles que la topographie et les contours des plans d’eau. »

« Nous choisissons donc notre mode de transport, ou notre capacité de dispersion, en fonction de la distance à parcourir et de notre perception des obstacles à franchir pour y parvenir, tels que le nombre de kilomètres, la circulation routière ou les contraintes de temps. »

Paul Savary ajoute que ces variables donnent lieu à des réseaux de dispersion hétérogènes. Les personnes qui se rendent au travail à vélo empruntent un réseau différent de celui des automobilistes, et les personnes qui habitent des quartiers où tout est accessible à pied ont des réseaux plus restreints que celles qui vivent en banlieue.

Si nos villes étaient construites selon une grille parfaite, une plus grande partie de la population se répartirait uniformément entre les différents itinéraires. Mais comme beaucoup d’entre nous l’ont observé, ce n’est pas le cas. En effet, certains croisements deviennent des goulets d’étranglement surchargés, comme les échangeurs autoroutiers et certaines stations de métro.

Plutôt qu’à une grille, les réseaux de dispersion ressemblent à un enchevêtrement de fils multicolores où chaque couleur représente une espèce et où les replis des fils illustrent la complexité des mouvements, précise Paul Savary.

Démêler les processus qui sous-tendent les modèles

Les premiers projets de conservation reposaient surtout sur la création de grands habitats protégés qui tendaient à être isolés les uns des autres. Des études plus récentes ont révélé qu’il valait mieux établir plusieurs parcelles d’habitat plus petites qui couvrent la même superficie, mais peuvent être plus interreliées.

La nouvelle étude de Paul Savary est cosignée avec les professeurs du Département de biologie Jean-Philippe Lessard et Pedro Peres-Neto. L’étude fournit aux écologistes une marche à suivre claire sur la manière d’intégrer à leurs recherches une analyse des réseaux de dispersion hétérogènes. Cette approche devrait permettre de mieux comprendre comment protéger certaines espèces en fonction de leur comportement réel.

Le travail de conservation n’est pas chose facile, mais les nouvelles technologies telles que les banques de données génétiques de plus en plus complètes, la cartographie par satellite toujours plus précise et la multiplication des projets de marquage par GPS permettent aux équipes de recherche d’avoir accès à de précieuses données de terrain.

« La plupart du temps, nous ne pouvons pas observer le processus et nous nous contentons d’observer des modèles, mais ce qui nous intéresse, c’est le processus », indique Paul Savary.

« C’est un travail de détective. En examinant de plus près la manière dont la structure du paysage et les caractéristiques des espèces influent sur les processus et façonnent les modèles, nous sommes mieux à même de prédire les incidences des efforts de conservation. Les espèces peuvent ainsi continuer à interagir, à se déplacer et à satisfaire leurs besoins. »


Lisez la version intégrale de l’article cité :
Heterogeneous dispersal networks to improve biodiversity science.

 



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