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La thérapie cognitivo-comportementale et l’entrainement physique peuvent contribuer à contrer l’insomnie chez les patients atteints d'apnée du sommeil, selon une étude réalisée à l’Université Concordia

L’équipe de recherche interdisciplinaire s’inspire d’interventions en psychologie, en neurologie et en kinésiologie
24 septembre 2024
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Une femme est allongée dans son lit, incapable de dormir

L’insomnie chronique et l’apnée obstructive du sommeil (AOS), prises isolément, empêchent environ 10 % de la population générale de jouir d’un sommeil réparateur. Or, ces deux troubles du sommeil peuvent coexister, une comorbidité surnommée communément COMISA. Cette affection est associée à une perturbation des activités diurnes, à une baisse de la qualité de vie et à des taux plus élevés de maladies cardiovasculaires, de même qu’à des problèmes psychiatriques et à un risque accru de mortalité.

Plus d’un tiers des personnes ayant reçu un diagnostic d’AOS disent être aux prises avec l’insomnie chronique; cette concomitance de deux troubles du sommeil est sérieuse et insuffisamment traitée.

Une nouvelle étude pilote menée par une équipe de recherche de l’Université Concordia suggère que la thérapie cognitivo-comportementale ciblant l’insomnie (TCC-I) combinée à un entraînement physique régulier pourrait atténuer les symptômes de l’insomnie chez les personnes avec COMISA. La TCC-I aborde les troubles du sommeil selon une perspective comportementale, ce qui inclut l‘importance de trouver un horaire de sommeil optimal et de réagir différemment aux périodes de réveil prolongé au lit.

Publiée dans le Journal of Sport and Exercise Psychology, l’étude consistait à comparer les résultats de deux groupes sur deux périodes de huit semaines. Un groupe a suivi un programme d’entrainement physique modéré sur deux périodes de huit semaines consécutives (donc 16 semaines au total), alors que l’autre groupe a d’abord fait huit semaines d’une intervention de relaxation suivies de huit semaines d’une combinaison de TCC-I et d’entrainement physique.

L’issue principale de l’étude était l’indice de sévérité de l’insomnie (ISI), établi au moyen d’un questionnaire en sept points permettant d’évaluer la qualité subjective du sommeil et la sévérité des symptômes de l’insomnie.

« Nous avons constaté qu’au bout de la première période de huit semaines, l’entrainement physique avait un effet bénéfique  plus important sur l’ISI que la relaxation », indique Amanda Cammalleri (M.A. 2021), l’une des auteures principales de l’article. « Mais la thérapie cognitivo-comportementale combinée à l’entrainement physique a eu un effet plus marqué sur l’ISI que l’entrainement seul, menant à une réduction plus importante des plaintes d’insomnie. »

Cependant, l’ISI est établi à l’aide d’un questionnaire d’autoévaluation. D’autres examens de mesure du sommeil comme la polysomnographie effectuée en laboratoire, qui permet de connaître la latence d’endormissement et le nombre de fois où les personnes se réveillent au cours de la nuit, n’ont montré aucun changement significatif et n’ont indiqué que de modestes effets.

Quatre femmes et deux hommes dans un laboratoire Véronique Pepin, assise, ici avec (de gauche à droite) Amanda Cammalleri, Jean-Philippe Gouin, Thanh Dang-Vu, Aurore Perrault et Lukia Tarelli : « L’étude a été conçue par des chercheurs en psychologie, en neurologie et en kinésiologie, et nous avons pu combiner nos interventions respectives ».

TCC ciblée

Véronique Pepin est professeure au Département de santé, de kinésiologie et de physiologie appliquée, doyenne intérimaire de l’École de la santé de Concordia et auteure senior de l’article. Selon elle, malgré la taille relativement petite de l’échantillon de l’étude (19 personnes seulement), « l’équipe de recherche a obtenu un signal convaincant qui va fortement dans le sens de la littérature ».

« En tant que kinésiologue, j’ai trouvé le processus intéressant, car l’étude a été conçue par des chercheurs en psychologie, en neurologie et en kinésiologie, et nous avons pu combiner nos interventions respectives », ajoute-t-elle.

Notant qu’il y a de plus en plus d’exemples de TCC ciblée, elle se dit impatiente de voir ce qui pourra être accompli si cette thérapie est combinée à d’autres interventions comportementales, comme celles faisant appel à l’exercice physique ou à la nutrition.

« Nous savons déjà que l’exercice physique peut améliorer l’humeur et avoir un effet sur notre système nerveux, sur l’inflammation systémique et sur d’autres mécanismes qui, à leur tour, peuvent influer sur le sommeil », conclut Amanda Cammalleri.

« Notre étude a démontré un effet particulier sur la qualité perçue du sommeil, et il serait intéressant de voir dans le cadre d'études futures quels mécanismes ont pu conduire à ce changement. »

La coautrice principale de l’étude est Aurore Perrault, et les coauteurs de l’étude sont Alexandra Hillcoat, Emily Carrese-Chacra, Lukia Tarelli, Rahul Patel, Marc Baltzan, Florian Chouchou, Thanh Dang-Vu et Jean-Philippe Gouin.

Lisez l’article cité : A Pilot Randomized Trial of Combined Cognitive-Behavioral Therapy and Exercise Training Versus Exercise Training Alone for the Management of Chronic Insomnia in Obstructive Sleep Apnea



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