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Le bilinguisme pourrait assurer une protection continue contre la maladie d’Alzheimer, selon une nouvelle étude de l’Université Concordia

La neuro-imagerie révèle des hippocampes plus grands et en meilleure santé chez les patients qui parlent deux langues
22 octobre 2024
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Modèle de bissection d'un cerveau

On sait depuis longtemps que le bilinguisme présente des avantages cognitifs pour les personnes âgées et qu’il contribuerait à retarder l’apparition de la maladie d’Alzheimer de cinq ans au maximum par rapport aux adultes monolingues. C’est l’un des nombreux facteurs liés au mode de vie qui peuvent favoriser la résilience cérébrale à mesure que nous vieillissons.

Dans une nouvelle étude publiée dans la revue Bilingualism: Language and Cognition, des chercheuses de l’Université Concordia recourent à des méthodes de neuro-imagerie pour examiner la résilience cérébrale dans les régions du cerveau liées au langage et au vieillissement.

Les chercheuses ont constaté que l’hippocampe de personnes bilingues atteintes de la maladie d’Alzheimer était nettement plus grand que celui de personnes monolingues dont l’âge, le niveau d’éducation, les fonctions cognitives et la mémoire étaient semblables.

« La matière cérébrale était plus importante dans l’hippocampe, qui est la principale région du cerveau responsable de l’apprentissage et de la mémoire – et l’une des plus endommagées en cas d’Alzheimer », explique l’auteure principale et doctorante Kristina Coulter. Celle-ci a corédigé l’étude avec Natalie Phillips, professeure au Département de psychologie et titulaire de la chaire de recherche de l’Université Concordia (niveau 1) sur la santé cognitive sensorielle, le vieillissement et la démence.

Les chercheuses ont comparé les caractéristiques cérébrales d’adultes âgés monolingues et bilingues répartis selon trois catégories : personnes considérées comme normales sur le plan cognitif, personnes à un stade de risque de déclin cognitif subjectif ou de troubles cognitifs légers, et personnes ayant reçu un diagnostic de maladie d’Alzheimer.

Kristina Coulter et Natalie Phillips ont constaté que si l’atrophie de l’hippocampe était visible chez les personnes monolingues atteintes de troubles cognitifs légers ou de la maladie d’Alzheimer, le volume de l’hippocampe ne changeait pas chez les personnes bilingues tout au long de la progression de la maladie d’Alzheimer.

« Dans le groupe bilingue, le volume cérébral dans la région concernée par la maladie d’Alzheimer était identique chez les adultes âgés en bonne santé, chez ceux qui se trouvaient à l’un des deux stades de risque, et chez ceux qui étaient atteints de la maladie d’Alzheimer, commente Kristina Coulter. Il pourrait donc y avoir une forme d’entretien cérébral lié au bilinguisme. »

Une femme souriante tient un modèle de cerveau humain. Kristina Coulter et ses collègues ont constaté que l'hippocampe des personnes bilingues atteintes de la maladie d'Alzheimer était sensiblement plus grand que celui des personnes monolingues.

Résilience localisée

L’entretien cérébral, la réserve cérébrale et la réserve cognitive sont les trois éléments de la résilience cérébrale; cette notion renvoie à la capacité du cerveau à faire face aux changements associés au vieillissement.

L’entretien cérébral est la capacité continue du cerveau à conserver sa forme et ses fonctions à mesure qu’il vieillit. On estime que la stimulation mentale, comme celle qu’apporte le bilinguisme, ainsi qu’une alimentation saine, une activité physique régulière, un sommeil de qualité et une bonne santé sensorielle contribuent à prévenir la détérioration du cerveau.

La réserve cérébrale désigne la taille et la structure du cerveau. Les cerveaux ayant une plus grande réserve peuvent maintenir des fonctions normales grâce au volume ou à la capacité supplémentaires de la matière cérébrale, même lorsqu’ils subissent des dommages ou une atrophie en raison du vieillissement, y compris des maladies pathologiques telles que la maladie d’Alzheimer.

La réserve cognitive fait référence à la façon dont un cerveau peut utiliser d’autres moyens pour maintenir ses fonctions, même lorsqu’il a subi des dommages ou un rétrécissement liés au vieillissement. Les cerveaux dotés d’une plus grande réserve cognitive peuvent utiliser d’autres parties que celles habituellement associées à une fonction particulière, comme le langage ou la mémoire, grâce à la flexibilité cognitive accumulée tout au long de la vie.

Une femme avec des lunettes et une chemise rose à fleurs « Parler plus d’une langue est l’une des nombreuses façons de stimuler les facultés cognitives et sociales, et donc de contribuer à la santé cérébrale », selon Natalie Phillips.

Kristina Coulter précise que l’équipe n’a pas trouvé de réserve cérébrale associée au bilinguisme dans les zones du cerveau liées au langage, ni de réserve cognitive dans les zones du cerveau associées à la maladie d’Alzheimer.

« Parler plus d’une langue est l’une des nombreuses façons de stimuler les facultés cognitives et sociales, et donc de contribuer à la santé cérébrale, ajoute Natalie Phillips. Notre étude est unique, car elle permet d’examiner les effets potentiels du bilinguisme sur la structure cérébrale à tous les stades de risque de démence, que ce soit chez les personnes normales sur le plan cognitif, chez celles qui présentent un risque plus élevé de développer la maladie d’Alzheimer ou chez celles qui sont atteintes de la maladie. »

Les futurs travaux des chercheuses de Concordia viseront à déterminer si le fait d’être multilingue a un impact positif semblable sur les réseaux cérébraux.

Les chercheuses ont utilisé des données provenant de l’étude intitulée L’évaluation globale de la neurodégénérescence et de la démence (COMPASS-ND) ainsi que du Consortium pour l’identification précoce de la maladie d’Alzheimer – Québec (CIMA-Q).

Lisez l’article cité : Bilinguals show evidence of brain maintenance in Alzheimer’s disease 



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