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Concordia crée un programme de deuxième cycle pour remédier à la pénurie d’enseignants qualifiés au Québec

Les personnes étudiantes pourront obtenir leur brevet au terme d’un programme sur mesure axé sur le mentorat, la recherche fondée sur la pratique et l’expérience acquise en classe
5 novembre 2024
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Le système scolaire québécois vit une grande précarité : environ un quart des enseignants du primaire et du secondaire ne sont pas légalement qualifiés pour occuper leur poste. Un nouveau programme de deuxième cycle de qualification en enseignement créé par le Département des sciences de l’éducation de Concordia vise à pallier cette pénurie en aidant les enseignants qui n’ont pas les titres de compétences requis à obtenir leur brevet.

Ce programme a été conçu de toutes pièces pour répondre aux besoins exprimés par le ministère de l’Enseignement supérieur (MES). Il prévoit une formation personnalisée qui tient compte des années d’expérience des étudiantes et étudiants ainsi que des défis que posent les salles de classe d’aujourd’hui.

Une grave pénurie

À l’heure actuelle, environ 3 000 enseignants non qualifiés travaillent dans le système scolaire anglophone de la province et 25 000 du côté francophone.

La pénurie d’enseignants qualifiés s’aggrave depuis plusieurs années. Saul Carliner, professeur et directeur du Département des sciences de l’éducation, souligne qu’il est tout simplement impossible de produire des enseignants sur demande, car les personnes intéressées doivent entreprendre un baccalauréat d’une durée de quatre ans.

Avant la pandémie, le monde de l’éducation canadien faisait face à un surplus d’enseignants, le nombre de candidats qualifiés étant supérieur à celui des postes disponibles. Nombreux sont ceux qui ont dès lors commencé à voir l’enseignement comme une option de carrière peu viable avec pour conséquence une baisse du nombre de personnes cherchant à obtenir leur brevet d’enseignement. Cette baisse, jumelée à une vague de départs à la retraite au cours des dernières années, a contraint les écoles québécoises à engager toute personne disposée à enseigner.

« C’est un problème. Il peut arriver qu’un enseignant non qualifié puisse faire le travail, mais, bien souvent, il en est incapable et cela nuit aux élèves, affirme le Pr Carliner. Nous avons des enseignants qui ne sont pas qualifiés ou même capables d’enseigner. Malheureusement, cette situation déplorable n’est pas le propre du Québec, ni même du Canada. »

« Bon nombre de ces enseignants, embauchés en vertu d’une tolérance d’engagement, n’ont pas accès aux mêmes avantages que les personnes titulaires d’une autorisation d’enseigner. Or, selon les nouvelles dispositions actuellement à l’étude, dès qu’une personne visée par une tolérance d’engagement s’inscrira à un programme menant à l’obtention du brevet en enseignement, elle obtiendra une autorisation d’enseigner provisoire de même que les avantages qui y sont associés. »

Un programme adapté axé sur le mentorat et la recherche-action

Le nouveau programme de qualification en enseignement de Concordia a été élaboré en réponse au souhait exprimé par le MES d’augmenter le nombre de diplômés parmi les enseignants en poste. Si plusieurs universités québécoises lancent ce type de programme, Concordia est le seul établissement anglophone à aller de l’avant. Concordia se distingue également en étant la seule université à intégrer à son programme l’expérience de travail acquise dans une école.

Les personnes qui souhaitent s’inscrire à ce programme doivent posséder au moins cinq ans d’expérience en enseignement. Comme l’explique Teresa Hernández González, directrice du programme de premier cycle d’enseignement de l’anglais, langue seconde et codirectrice du nouveau programme de deuxième cycle, « nous allons tirer parti du fait que ces personnes ne craindront pas de vivre un baptême du feu, contrairement aux enseignants qui débutent dans la profession. »

Adaptée à chaque personne, cette formation à temps partiel prend la forme d’une combinaison de mentorat individuel et de projets de recherche-action dans l’école où la personne enseigne déjà. Il s’agit d’une solution issue de la recherche à un besoin social urgent dans un secteur où l’attrition découle de problèmes systémiques profonds.

« Nous ne voulions pas nous contenter d’une version abrégée de nos programmes de quatre ans existants, explique Nathalie Rothschild, directrice du programme d’études en éducation préscolaire et enseignement primaire et codirectrice du programme de deuxième cycle de qualification en enseignement. Nous sommes partis de zéro et nous avons réfléchi aux besoins de ce groupe particulier d’enseignants. »

« C’est comme travailler avec un entraîneur pour un marathon, ajoute la Pre Hernández González. Nous savons que ces gens sont des coureurs expérimentés. Alors, au lieu de leur dire “ Voilà à quoi ressemble un bon coureur ”, nous leur disons “ Continuez à courir. On va travailler sur votre technique. ” Et c’est ainsi que nous pouvons offrir le perfectionnement professionnel requis au sein d’un programme de 30 crédits. »

Le calendrier du programme est flexible et comprend des cours en ligne, du mentorat et une supervision à distance ainsi que deux ateliers en personne afin que les participantes et participants puissent continuer à travailler tout en étudiant. Les cohortes comprendront 30 personnes, et le programme débutera par un atelier intensif en personne pendant lequel les étudiantes et étudiants se familiariseront avec le cycle de recherche-action, monteront leur portfolio professionnel et – surtout – fraterniseront avec leurs camarades de classe afin de créer une communauté d’apprentissage.

Après avoir suivi le programme et réussi un test de langue, les participantes et participants recevront leur brevet d’enseignement. Ils pourront alors enseigner les matières qu’ils connaissent le mieux à des élèves avec lesquels ils sont les plus compétents. Les compétences des diplômés auront été validées – et renforcées – au bénéfice des élèves, des parents, de leurs collègues et d’eux-mêmes.

Au service des élèves dans les écoles

Le programme de deuxième cycle de qualification en enseignement a été mis sur pied par les Pres Hernández González et Rothschild, qui ont été solidement appuyées dans leur démarche par Dahlia Radwan, élaboratrice de programmes d’études au Vice-rectorat exécutif aux affaires académiques et par Roma Medwid, directrice générale du Conseil de la formation du personnel enseignant de l’Université Concordia. La doyenne de la Faculté des arts et des sciences, Pascale Sicotte, de même que la vice-rectrice exécutive adjointe à l’innovation en enseignement et en apprentissage, Sandra Gabriele, ont aussi apporté leur contribution. Finalement, des consultations sur l’élaboration du programme ont aussi été menées auprès de tout le Département des sciences de l’éducation et d’autres intervenants.

« Je suis sincèrement reconnaissante à mes collègues d’avoir traité ce dossier en priorité », déclare la Pre Sicotte.

« Elles ont réussi à élaborer une approche pédagogique à la fois réaliste et centrée sur les compétences, prenant en compte le parcours unique de chaque participant. Ce programme guidera les participants vers leurs objectifs. Son caractère personnalisé et sa capacité à favoriser les liens entre participants le rendent unique et remarquable. »

La Pre Hernández González conclut que si l’objectif principal du MES est d’accroître le nombre de titulaires d’un brevet, « nous voulions surtout aider des adultes à devenir les enseignants que tous les enfants de nos écoles méritent. Nous sommes avant tout au service de ces jeunes élèves. »


Apprenez-en davantage sur le programme de deuxième cycle de qualification en enseignement de l’Université Concordia.

 



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