Les bourses Behaviour Interactif de l’Université Concordia stimulent l’innovation en conception de jeux
Une bourse d’études Behaviour Interactif (BI) a été octroyée à 13 personnes étudiantes de l’Université Concordia. La bourse vise à soutenir et à inspirer des projets novateurs dans le domaine de la conception de jeux. Financée par Behaviour Interactif, développeur indépendant de jeux vidéo exerçant ses activités à Montréal, la bourse est assortie d’un service de mentorat et donne accès à des ressources qui permettront aux étudiants de faire avancer leurs projets de recherche-création.
Parmi les personnes lauréates, quatre étudient aux cycles supérieurs et neuf au premier cycle. Les premières reçoivent 15 000 $ et les secondes, 5 000 $ chacune, ce qui leur permet de pousser plus loin leur démarche créative. En plus d’obtenir un soutien financier, les étudiantes et étudiants auront l’occasion de présenter leurs projets lors d’une exposition qui aura lieu au printemps prochain.
« La bourse vise à créer une communauté de pratique et à favoriser la conception de projets des plus novateurs et inspirants », déclare Jonathan Lessard, professeur agrégé et chercheur au Département de design et d’arts numériques de Concordia. Jonathan Lessard est également titulaire de la chaire de recherche en conception de jeux vidéo Behaviour Interactif.
La doctorante Courtney Blamey et l’étudiante à la maîtrise Dimana Radoeva (BA, 2022) font partie des lauréats de cette année. Elles expliquent de quelles façons la bourse les aidera à faire avancer leurs projets et décrivent l’approche novatrice qu’elles espèrent apporter à l’art du récit et à l’univers du jeu.
Un jeu axé sur l’empathie et l’acceptation de soi
Courtney Blamey, doctorante au département de communication, travaille à la conception d’un « jeu de simulation de rencontre » unique en son genre dans le cadre de son travail de recherche-création réalisé en vue de sa thèse. Le jeu constitue une expérience interactive qui invite les joueuses et joueurs à s’interroger sur les jugements qu’ils portent sur eux-mêmes, à la lumière des relations qu’ils entretiennent avec d’autres personnages. Les joueurs se lient d’amitié avec des personnages qui incarnent divers défis tels que la procrastination, le syndrome de l’imposteur et l’« enfant intérieur ». Ils peuvent ainsi examiner et aborder des problèmes d’estime de soi avec lesquels de nombreuses personnes sont aux prises dans leur vie quotidienne.
Selon Courtney Blamey, le financement et la communauté de pratique liés à la bourse BI lui donneront la possibilité de porter une attention particulière aux aspects cruciaux de son travail.
« Cette aide me permet de me concentrer sur la création du jeu. Grâce à la cohorte d’étudiants de premier cycle qui se joindra au projet, je bénéficierai de l’aide de personnes très talentueuses pour réaliser les illustrations, explique-t-elle. Au cours de l’année prochaine, j’espère mettre en ligne une version de démonstration complète du jeu, que je pourrai alors perfectionner. »
Courtney Blamey documente également la progression de son travail de conception dans le cadre du projet Games as Research mené à Concordia et dirigé par les professeurs Rilla Khaled et Pippin Barr.
Elle explique que son objectif n’est pas seulement de faire avancer ses propres recherches, mais aussi d’inspirer les autres : « J’espère que ce projet validera la possibilité de considérer les jeux comme de précieux supports pour la recherche et la réflexion. »
Réimaginer un classique littéraire pour refléter le processus de recherche
Dimana Radoeva, étudiante à la maîtrise au sein du programme d’études individualisées, réinvente le poème épique en vieil anglais Beowulf dans son jeu interactif axé sur la narration intitulé YOU WILL NOT WIN AND YOU MUST DIE, YOU CHURL.
Le jeu se déroule au Danemark, au 9e siècle. On y suit « BEED », une magicienne numérique fictive qui a abandonné les recherches qu’elle avait entreprises pour tracer la biographie de Beowulf. Les joueuses et joueurs sont invités à reconstituer les travaux perdus de la magicienne et à retrouver les vestiges de la vie de Beowulf à l’aide d’images fragmentées, pour réaliser un collage textuel constituant un remixage du poème mythique.
« Essentiellement, je cherche à créer une séquence narrative ludique et interactive qui présente le poème comme une matière première fragmentée à partir de laquelle le joueur doit effectuer une analyse littéraire », explique Dimana Radoeva.
Reprenant l’esthétique des blogues GeoCities des années 1990, le projet met en évidence la nature incomplète et souvent chaotique de la recherche, offrant une expérience humoristique et divertissante à travers laquelle les documents de recherche acquièrent une nouvelle vie lorsque les joueuses et joueurs plongent dans les archives de recherche « abandonnées » par BEED.
« CHURL doit son existence au programme d’études individualisées et à trois professeurs qui ont également trouvé que poser la question : “Et si Beowulf avait vraiment existé, mais qu’il n’était pas si génial que ça, et que GeoCities avait existé au IXe siècle ?” était une bonne prémisse pour un jeu », explique la conceptrice.
Radoeva explique que le projet reflète également le processus de recherche lui-même : « Il embrasse et amplifie le caractère désordonné de la recherche. Le contexte met en lumière le caractère inachevé du processus abandonné d’une recherche académique, personnelle et matérielle de BEED. »
Pour Radoeva, la bourse BI lui donne la possibilité de se consacrer à l’achèvement des éléments narratifs et visuels du jeu. Elle dit espérer que ce projet inspirera d’autres personnes étudiantes qui s’intéressent aux jeux littéraires à poursuivre des idées audacieuses et expérimentales.
« J’aimerais dire ceci aux personnes qui souhaitent entreprendre des projets de recherche-création s’appuyant sur un travail de conception : n’oubliez pas que vous avez vous aussi des idées emballantes sur les matières universitaires qui vous fascinent. N’hésitez pas à créer un jeu vidéo expérimental inusité qui s’en inspire! S’il vous plaît, faites-le pour moi! »
Apprenez-en davantage sur le programme d’études individualisées de l’École des études supérieures de l’Université Concordia.
Découvrez d’autres projets de recherche-création en études des jeux et dans d’autres domaines au Centre de recherche TAG (technoculture, art et jeux) de Concordia.