La Concordienne de longue date Norma Baumel Joseph reçoit la Médaille du couronnement du roi Charles III
Au printemps prochain, Norma Baumel Joseph (Ph. D. 1995), professeure au Département des religions et cultures de l’Université Concordia, prendra sa retraite plus de cinq décennies après avoir a commencé à enseigner à l’Université. Membre du corps professoral à temps plein depuis 1992, elle a surtout fait porter ses recherches et son enseignement sur la religion et le genre, le judaïsme, les études sur l’alimentation, les lois juives et le genre ainsi que les études juives canadiennes.
Le mois dernier, le gouvernement du Canada a rendu un hommage bien mérité à la Pre Baumel Joseph pour le travail qu’elle a accompli en dehors de son domaine professionnel, en reconnaissance de ses importantes activités bénévoles et des services qu’elle a rendus au pays et à la collectivité.
Le 27 octobre, Norma Baumel Joseph s’est vu remettre la Médaille du couronnement du roi Charles III à l’occasion d’une cérémonie tenue au Temple Emanu-El-Beth Shalom, à Westmount. Décernée par le Bureau du secrétaire du gouverneur général, la médaille est remise à des personnes vivantes « qui ont apporté une contribution importante au Canada ou à une province, à un territoire, à une région ou à une collectivité du Canada, ou qui ont accompli à l’étranger une réalisation exceptionnelle ayant fait grand honneur à notre pays ».
Le sénateur Marc Gold a choisi Norma Baumel Joseph comme l’une des récipiendaires de la médaille pour « son influence dans la communauté juive et l’aide qu’elle a apportée aux personnes, en particulier aux femmes, et dans le monde en général, en améliorant le sort des femmes au Canada ». « J’ai été particulièrement honorée d’être récompensée en compagnie des autres personnes choisies par Marc Gold », relate la médaillée.
Nourriture et religion
Norma Baumel Joseph a déjà été honorée pour ses réalisations en études juives, ayant notamment reçu en 2019 le Prix d’excellence Louis-Rosenberg en études juives canadiennes.
Son parcours universitaire a toutefois commencé ailleurs. Elle a obtenu un baccalauréat et une maîtrise en anthropologie à New York, puis a rapidement entrepris des études de doctorat.
Sur ces entrefaites, son regretté mari, Howard Joseph, s’est vu offrir un poste de rabbin à la synagogue espagnole et portugaise de Montréal.
« Lorsque nous sommes arrivés à Montréal, je me suis dit que je n’allais jamais obtenir de doctorat, et j’ai tourné le dos aux études. »
Mais le destin en a décidé autrement, tout comme Jack Lightstone, alors professeur au Département des sciences des religions de l’Université Concordia, où la Pre Baumel Joseph enseignait déjà depuis quelques années. « Jack Lightstone a un jour demandé à mon mari : “Pourquoi Norma n’obtient-elle pas un doctorat pour que nous puissions l’embaucher?” », relate-t-elle.
« J’ai alors entrepris encore une fois des études de doctorat. »
Norma Baumel Joseph a décidé de faire une analyse critique féministe des lois juives, s’éloignant ainsi de son ancienne discipline, l’anthropologie. Elle a commencé à enseigner à temps plein à Concordia en 1992 et obtenu son doctorat en 1995.
Au cours des années qui ont suivi, elle s’est intéressée à la communauté juive irakienne de Montréal, combinant son intérêt pour l’anthropologie avec des questions liées au genre et aux lois juives.
« C’est une communauté très dynamique et intéressante. Je voulais étudier comment les femmes s’adaptaient à la vie à Montréal après Bagdad et quels types de traditions elles apportaient », explique Norma Baumel Joseph.
« Mais au cours de ce processus, il m’était très difficile de les inciter à me raconter leurs expériences. Puis m’est venue l’idée de demander aux femmes de me parler de la nourriture qu’elles mangeaient à Bagdad », poursuit-elle.
« Soudain, les vannes se sont ouvertes. »
C’est ainsi que Norma Baumel Joseph a commencé à s’intéresser à l’alimentation et à la religion, ce qui l’a amenée à élaborer un cours sur le sujet avec Leslie Orr, professeure au Département des religions et cultures.
Ce trimestre, Norma Baumel Joseph donne un cours sur l’alimentation et la religion, qui sera suivi, cet hiver, d’un cours sur les femmes dans la Bible hébraïque.
« Ce seront là mes deux derniers cours. Puis ce sera terminé pour moi. »
Une fructueuse carrière
À l’aube de la retraite, Norma Baumel Joseph revient sur quelques-uns des points forts de sa carrière.
À l’époque, l’Université Brandeis a mené une enquête visant à déterminer quelles universités offraient des cours sur les femmes et le judaïsme. Si Brandeis affichait le plus grand nombre de cours sur ce sujet à son programme et comptait quatre professeurs chargés d’enseigner ces matières, « Concordia s’est classée au deuxième rang, et une seule personne donnait tous les cours offerts dans ce domaine », souligne la professeure.
Cette professeure, c’était elle, bien sûr.
« J’étais fière que Concordia soit un endroit où j’avais la liberté de proposer une variété de cours. L’administration et mon département m’ont encouragée, et nos étudiants s’y sont inscrits en grand nombre. Les étudiants des cycles supérieurs aimaient suivre ces cours, qui sont devenus très populaires. »
Norma Baumel Joseph a également eu l’idée de concevoir un programme d’études sur Israël à Concordia. « J’ai eu de longues discussions avec Naomi Azrieli, qui m’a suggéré d’établir la structure du programme et d’élaborer des plans de cours, ce que j’ai fait avec Simon Bensimon, qui travaillait alors à l’avancement universitaire », se souvient-elle.
« L’Institut Azrieli d’études sur Israël a fini par être mis sur pied et n’a pas tardé à acquérir une réputation internationale. Concordia était la seule université au Canada où l’on trouvait ce type d’établissement. »
En fin de compte, Norma Baumel Joseph dit avoir apprécié par-dessus tout sa relation avec ses collègues du Département des religions et cultures.
« J’ai travaillé avec des personnes formidables, conclut-elle. J’ai noué de solides amitiés. J’ai trouvé ma place, mon chez-moi. »
Apprenez-en davantage sur le Département des religions et cultures de l’Université Concordia.