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L’Université Concordia lance une mineure en études des diasporas noires et africaines en contexte canadien

Premier du genre au Québec, le nouveau programme explorera l’histoire, l’expérience, la pensée universitaire et les savoirs noirs
29 janvier 2025
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De gauche à droite : Christiana Abraham est la première directrice du nouveau programme. Angélique Willkie (photo: Mélanie Guérin, Cloé-Pluquet) conseillère spéciale en matière d’intégration des Noirs et de savoirs noirs auprès de la vice-rectrice exécutive aux affaires académiques.
De gauche à droite : Christiana Abraham est la première directrice du nouveau programme. Angélique Willkie (photo: Mélanie Guérin, Cloé-Pluquet) conseillère spéciale en matière d’intégration des Noirs et de savoirs noirs auprès de la vice-rectrice exécutive aux affaires académiques.

À compter de septembre 2025, un nouveau programme sera offert à l’Université Concordia : une mineure en études des diasporas noires et africaines en contexte canadien.

« La création de ce programme fait suite à une demande de longue date », indique Anne Whitelaw, vice-rectrice exécutive aux affaires académiques. « En plus d’être une recommandation clé du groupe de travail du recteur sur le racisme contre les Noirs, il confirme notre engagement, en tant que signataire de la Charte de Scarborough, à combattre le racisme contre les Noirs et à favoriser l’intégration des personnes noires dans l’enseignement supérieur au Canada. »

Dans son rapport final, le groupe de travail du recteur sur le racisme contre les Noirs préconise un programme d’études étoffé et diversifié qui encourage la réflexion critique sur la racialisation, le racisme et le racisme contre les Noirs, et suggère que l’Université œuvre à la mise en place d’un éventail complet de programmes d’études sur les Noirs du Canada.

Christiana Abraham, chargée d’enseignement principale en communication à Concordia, est la première directrice du programme. Son expertise porte sur les médias noirs et les études culturelles, les théories critiques de la race, les théories postcoloniales et décoloniales, les liens entre genre, race, ethnicité et médias, les pratiques médiatiques des pays du Sud ainsi que les communications et le développement ruraux.

Elle a également été membre du groupe de travail et a dirigé le sous-comité sur l’histoire de Concordia et les relations de ses établissements fondateurs avec les communautés noires. Elle siège actuellement au comité consultatif chargé de la mise en œuvre des recommandations du groupe de travail.

Elle explique que les appels à la création d’un programme d’études des Noirs remontent à la fondation même de l’Université.

« Les étudiantes et étudiants qui ont participé à la manifestation contre le racisme à la Sir George Williams University en 1969 ont expressément demandé à l’Université d’envisager la création d’un programme d’études des Noirs. En consultant les archives, nous avons découvert que les étudiants et les professeurs avaient présenté des demandes répétées et systématiques tout au long de l’existence de Concordia. Ces revendications sont intimement liées aux fondements de Concordia et expliquent comment elle est devenue, dès l’époque de la Sir George Williams, une université très ancrée dans la réalité et dont l’histoire a été particulièrement marquée par la présence des Noirs. »

« Il est remarquable que Concordia soit la première université au Québec à offrir un programme d’études noires »

Organisé par la division des études interdisciplinaires de la Faculté des arts et des sciences (FAS), ce programme de 24 crédits regroupe des cours des niveaux 200, 300 et 400 offerts par la FAS et la Faculté des beaux-arts, et table sur les forces de la communauté grandissante de chercheuses et chercheurs noirs de Concordia.

Un nouveau cours intitulé Introduction to Black Studies in the Canadian Context (« introduction aux études noires en contexte canadien » – BLST 200, offert conjointement avec le cours FFAR 200) ainsi que le cours existant Race and Ethnic Relations (« relations raciales et ethniques » – BLST 230), offert conjointement avec les cours ANTH 230/SOCI 230), figureront parmi les cours obligatoires du programme.

Le cours Black Montreal (LOYC 211), présenté par la réputée chercheuse et historienne montréalaise Dorothy Williams, est le troisième cours obligatoire de la nouvelle mineure. C’est Mme Williams qui l’a élaboré elle-même, et elle le donne au Collège Loyola pour la diversité et la durabilité depuis 2019. Ce cours très prisé est conçu pour faire découvrir aux étudiantes et étudiants les principaux thèmes, enjeux et débats entourant l’histoire des Noirs à Montréal, de ses origines à aujourd’hui.

La proposition de mineure a été mise au point par un groupe de travail dirigé par Mme Abraham et Angélique Willkie, conseillère spéciale en matière d’intégration des Noirs et de savoirs noirs auprès de la vice-rectrice exécutive aux affaires académiques et professeure agrégée au Département de danse contemporaine. Angélique Willkie a également présidé le groupe de travail du recteur sur le racisme contre les Noirs de 2020 à 2022.

Après avoir mené des consultations approfondies avec des professeurs s’identifiant comme noirs, Pascale Sicotte (doyenne de la Faculté des arts et des sciences), Richard Courtemanche (vice-doyen de la FAS), Elizabeth Bloodgood (vice-doyenne intérimaire de la FAS) ainsi qu’Elaine Cheasley Paterson (vice-doyenne intérimaire de la Faculté des beaux-arts) ont participé à l’élaboration du programme. Le Vice-rectorat exécutif aux affaires académiques a joué un rôle essentiel dans le processus. Notamment, Dalia Radwan, élaboratrice de programmes d’études, a fourni des conseils en matière de conception pédagogique tout au long du processus.

Ce programme est le premier du genre au Québec. Parmi les universités canadiennes, l’Université Dalhousie a été la première à proposer une mineure en études noires en 2016, suivie par l’Université de Guelph, l’Université métropolitaine de Toronto et l’Université Queen’s. L’Université York et l’Université de Toronto proposent quant à elles des programmes de certificat.

« Il est remarquable que Concordia soit la première université au Québec à offrir un programme d’études noires, souligne Angélique Willkie. Montréal abrite des communautés noires francophones et anglophones; en fait, de nombreux étudiants noirs de Concordia sont francophones. C’est une réalité que l’on doit reconnaître et prendre en compte ».

« Les populations noires du Canada et des États-Unis évoluent dans des contextes historiques différents »

L’approche du programme est axée sur le contexte canadien, ce qui le distingue des programmes d’études centrés sur les Afro-Américains et les diasporas noires et africaines.

« Les populations noires du Canada et des États-Unis évoluent dans des contextes historiques différents, souligne la Pre Willkie. Aux États-Unis, la pensée noire est essentiellement façonnée par l’histoire de l’esclavage pratiqué dans les plantations. Au Canada, sans minimiser l’importance des autres communautés noires, une grande partie de la population noire est d’origine caribéenne, une région qui a connu sa propre histoire d’esclavage de plantation. »

« Les personnes d’origine caribéenne qui se sont installées au Canada et leurs descendants ont une relation différente avec ce territoire. L’expérience diasporique est essentielle pour comprendre comment le racisme s’est manifesté et cette question n’a pas été abordée ici, dans des établissements comme le nôtre et dans la société en général. »

Le programme se concentre également sur les migrations de la diaspora africaine au-delà du Canada et des États-Unis, ce qui englobe les traditions universitaires noires au Royaume-Uni. L’objectif est d’enrichir l’expérience des étudiantes et étudiants en intégrant dans le programme d’études le large éventail d’histoires, de connaissances et de visions du monde distinctes des communautés noires.

« Ce programme permettra de découvrir des visions du monde découlant de l’expérience et de la culture noires ainsi que la longue et riche tradition de la pensée universitaire noire », précise Mme Abraham.

« La tradition noire radicale est l’un des aspects les plus passionnants des études sur les Noirs. Elle a été réduite au silence et tenue à l’écart du domaine universitaire – en particulier dans le milieu universitaire canadien – pendant trop longtemps. Notre intention est d’exposer les étudiantes et étudiants à ces traditions en recourant à des épistémologies et à des méthodologies nouvelles. À la fin de leurs études, ils posséderont une vision du monde beaucoup plus vaste et complexe. »

Faire connaître les expériences, l’histoire, la culture et les perspectives des communautés noires

Les cours optionnels relèvent de différentes disciplines et portent sur divers sujets axés sur les Noirs dans les domaines de la littérature, des beaux-arts, de l’histoire et des compétences en matière d’esprit critique. Ils exploreront également des questions touchant les populations noires dans une perspective postcoloniale et décoloniale.

« Le cours sur le Montréal noir donné par la Pre Williams était novateur et nous sommes ravis qu’il fasse partie des cours de base du nouveau programme. Nous sommes également enthousiastes à l’idée que les cours de la FAS axés sur les Noirs servent de cours optionnels dans le cadre de la mineure », ajoute Mme Sicotte.

« Dans ce programme, nous nous attachons à pratiquer une pédagogie inclusive et à proposer une offre de cours riche mettant en valeur les expériences, l’histoire, la culture et les perspectives noires ».

En plus de réserver des places pour ses étudiantes et étudiants dans les cours pertinents, la Faculté des beaux-arts hébergera le nouveau cours Introduction to Black Studies in the Canadian Context (« introduction aux études noires en contexte canadien »).

Ce cours portera sur l’histoire et les thèmes propres à l’identité noire en contexte canadien », affirme Annie Gérin, doyenne de la Faculté des beaux-arts.

« Les étudiantes et étudiants s’y initieront à diverses traditions artistiques et intellectuelles des chercheurs et créateurs noirs, articulant leur apprentissage autour de textes fondateurs, d’histoires, de cultures, de philosophies, de débats et d’expressions créatives. Ils seront en mesure de comprendre les différentes façons dont l’expérience et la connaissance sont partagées, souvent par la voie des arts. »

« Le cours procurera également aux étudiantes et étudiants les outils dont ils ont besoin pour se constituer un vocabulaire et des cadres critiques leur permettant d’aborder la question de l’identité noire dans le contexte canadien, en mettant l’accent sur la diversité des populations noires au Canada. »

Pour sa première année d’existence, 25 personnes candidates seront admises au programme, et on prévoit doubler ce nombre dès l’année suivante.

La Pre Willkie et Mme Abraham souhaitent que cette mineure constitue le point de départ d’un projet de plus grande envergure qui favorisera la poursuite de recherches approfondies, attirera des étudiantes et étudiants noirs des cycles supérieurs et mobilisera davantage les membres noirs du corps professoral, tout en continuant à exploiter les ressources existantes.

« Les étudiantes et étudiants noirs ont besoin de se reconnaître et de voir le reflet de leurs expériences dans les programmes d’études proposés par leur université, estime la Pre Willkie. Un programme comme celui-ci marque une étape importante vers la réalisation de cet objectif ».

Il est essentiel de se concentrer sur les études noires en contexte canadien afin de découvrir et de comprendre les expériences uniques des Noirs du Canada ainsi que leurs contributions à l’histoire et à la culture du pays.

« Selon la Charte de Scarborough, l’histoire des Noirs au Canada remonte à plus de 400 ans. Il y a donc des établissements noirs et des traditions de longue date qui demeurent largement méconnus ici », affirme Mme Abraham.

« Cette réalité est en quelque sorte un pan caché de l’histoire du Canada. Et il y a tant à faire dans le domaine émergent des études sur les Noirs du Canada. Il existe de nombreux sites créatifs et bien établis qui peuvent être mis à contribution, y compris les vastes archives de Concordia. Il s’agit d’un domaine passionnant et on assiste actuellement à un tournant historique pour ce qui est des études sur les Noirs du Canada. »


La période d’admission à la nouvelle mineure en études des diasporas noires et africaines en contexte canadien est en cours. Les cours débuteront en septembre 2025.

Découvrez le carrefour Présence noire de l’Université Concordia.

Apprenez-en davantage sur la manifestation étudiante à la Sir George Williams University en 1969.

 



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