Le professeur de l’Université Concordia Aaron McIntosh explore la vulnérabilité queer dans l’exposition The Gloaming, la première qu’il présente au Canada

Cet article comporte une description de violence ciblant des personnes 2ELGBTQI+.
Aaron McIntosh, professeur agrégé de fibres et pratiques matérielles à l’Université Concordia, présente actuellement sa série d’œuvres la plus récente, The Gloaming, à la galerie Pierre-François Ouellette art contemporain, à Montréal. Il s’agit de sa première exposition canadienne.
À l’affiche jusqu’au 1er mars, The Gloaming se veut le reflet du paysage politique et culturel en constante évolution des communautés 2ELGBTQI+ ainsi qu’une puissante réflexion sur la fragilité des droits des personnes queers dans le climat actuel.
Tablant sur une tradition de quatre générations dont il a hérité, Aaron McIntosh combine textiles et collage pour évoquer les thèmes de la vulnérabilité, du désir sexuel et de la résistance. The Gloaming (« le crépuscule ») capture un moment de transition, d’incertitude et de possibilité érotique. La série explore les complexités de l’identité queer, examinant à la fois les progrès et les reculs qui ont marqué l’évolution de la visibilité des communautés 2ELGBTQI+ dans la société contemporaine.
« Le crépuscule a toujours été un moment d’incertitude », explique Aaron McIntosh. « C’est dans cet équilibre entre lumière et obscurité que de nombreuses vies queers se sont épanouies. Mais c’est aussi dans cet espace que résident danger et exposition. »
Dans la série d’œuvres, il traite de la vulnérabilité des corps 2ELGBTQI+ au moyen de matériaux personnels et d’archives, mettant en relief les défis continus auxquels ces communautés doivent faire face. De plus, il y critique le « capitalisme arc-en-ciel » – un effort de marchandisation des identités queers par des intérêts privés – tout en mettant en lumière les retombées émotionnelles et physiques d’une visibilité accrue.
Les milieux assombris et protecteurs des plantes dans ses collages contrastent avec les réalités brutales vécues par les communautés marginalisées. Des plantes comme la rose de Damas, la mélisse et diverses herbes propres aux traditions herbalistes queers symbolisent la résilience, la guérison et la solidarité.
Pour Aaron McIntosh, cette série reflète également ses démêlés personnels avec l’homophobie et le rétrécissement de l’espace accordé à la diversité de genre et sexuelle dans le climat politique d’aujourd’hui. Il se rappelle un incident récent où, marchant dans son quartier, il a subi le harcèlement et les insultes homophobes d’un étranger. De même, pendant une visite à New York à l’été 2024, Aaron McIntosh et son partenaire se sont fait lancer des œufs par des adolescents. Ces actes préjudiciables deviennent de plus en plus courants pour bon nombre de personnes 2ELGBTQI+ dans la foulée de l’adoption aux États-Unis et au Canada de mesures législatives portant atteinte à leurs droits.
« On peut considérer comme un progrès la visibilité accrue dont jouit la communauté queer, mais nous nous en trouvons aussi exposés à de nouvelles formes de violence, déplore Aaron McIntosh. Nous assistons à une érosion de nos droits : les gains que nous avons réalisés au fil des décennies nous sont retirés. »
Outre The Gloaming, Aaron McIntosh prépare une exposition solo en septembre 2025 à la Galerie FOFA de Concordia. Soutenu par une subvention de développement Savoir du Conseil de recherches en sciences humaines, son projet à venir, Hot House/Maison Chaude, poursuit l’exploration de la communauté queer, de la flore et des pratiques de guérison.
Comme l’explique Aaron McIntosh : « Il y aura deux volets communautaires : un « tas de compost queer », formé de contributions de toute l’Amérique du Nord, et « Botanique exubérante », une collection d’herbes réelles et imaginaires favorisant la guérison et la protection contre la transphobie, l’homophobie et les barrières structurelles à l’épanouissement des personnes queers. »
Explorant les confins de l’identité queer, de la culture matérielle et de la lutte politique, Aaron McIntosh reflète le passé tout en appelant à l’action dans le présent et l’avenir. Par ses courtepointes et ses collages dans The Gloaming de même que par le symbolisme végétal de Hot House/Maison Chaude, l’artiste entend confronter et combattre ce qu’il décrit comme « l’assombrissement culturel et politique de notre époque sur le plan des droits des personnes queers ».
L’exposition The Gloaming d’Aaron McIntosh est à l’affiche de la galerie Pierre-François Ouellette art contemporain, située au 93, rue Rachel est, jusqu’au 1er mars 2025. Un entretien entre Aaron McIntosh et August Klintberg (M.A, 2008, Ph.D. 2013) aura lieu à la galerie le 1er mars, de 16 h à 17 h. Pour en savoir plus sur l’exposition solo à venir d’Aaron McIntosh à la Galerie FOFA de l’Université Concordia, visitez le site www.aaronmcintosh.com.