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La sensibilité à l’anxiété a engendré une pandémie de consommation problématique d’alcool, selon une nouvelle étude de Concordia

Boire de l’alcool pour gérer les peurs liées à l’anxiété donne des résultats malsains chez les jeunes adultes
4 mars 2025
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Une femme portant une veste grise et une chemise noire dans un sourire de laboratoire
Les recherches de Charlotte Corran suggèrent que les personnes très sensibles à l'anxiété risquent davantage de boire pour faire face à la situation, quel que soit leur niveau de stress.

Le lien entre la consommation d’alcool et l’anxiété a été établi bien avant les premiers jours stressants de la pandémie de COVID-19. Dans les semaines à venir, une grande partie du monde marquera le cinquième anniversaire de l'enfermement mondial.

Toutefois, depuis, de nombreux jeunes adultes ayant de la sensibilité à l’anxiété (la peur d’éprouver des symptômes d’anxiété et ses répercussions sur la santé, la vie sociale et les émotions) ont commencé à boire de l’alcool pour gérer leurs craintes. Et ce mécanisme d’adaptation a probablement aggravé la situation, comme le montre une nouvelle étude de l’Université Concordia.

L’étude, publiée dans le Journal of American College Health, révèle que les jeunes adultes sensibles à l’anxiété qui ont adopté ce mécanisme risquent davantage d’avoir un problème de consommation d’alcool et les répercussions connexes.

En outre, la sensibilité à l’anxiété annoncerait une consommation d’alcool élevée (donc intense, mais pas problématique au point d’interférer avec l’école ou le travail). Cette consommation élevée est principalement attribuée à la perception du stress et à la consommation d’alcool pour le plaisir ou la sociabilité.

« Nous avons été surpris de constater que le stress perçu n’expliquait pas le lien entre la sensibilité à l’anxiété et la consommation problématique d’alcool », déclare Charlotte Corran, autrice principale de l’étude et doctorante au Département de psychologie de la Faculté des arts et des sciences.

L’équipe de recherche a été surprise de conclure que les personnes très sensibles à l’anxiété risquent davantage de boire pour faire face à une situation, quel que soit leur niveau de stress.

Elle suppose que les circonstances uniques de la pandémie ont pu brouiller ses propres attentes, ou que l’hypervigilance au stress chez les personnes sensibles à l’anxiété est déjà élevée de base.

Dans ces cas, la pandémie n’a rien apporté de nouveau. Pour les personnes stressées en permanence, du pareil au même.

Les leçons d’une époque stressante

« Ces résultats confirment les risques liés à la consommation d’alcool que nous connaissions avant la pandémie. Ils nous donnent un aperçu intéressant de ce que vivaient les personnes très sensibles à l’anxiété pendant la pandémie », explique-t-elle.

L’étude a utilisé des données recueillies auprès de 143 étudiants et étudiantes de premier cycle en mai 2020 et avril 2021. Ont été utilisés notamment un questionnaire en 16 points sur l’indice de sensibilité à l’anxiété, qui évalue la sensibilité aux symptômes anxieux et la peur des répercussions, une échelle de stress perçu en 4 points pour évaluer le stress subjectif (par exemple, « Au cours du dernier mois, combien de fois avez-vous eu l’impression que les choses se sont passées comme vous le souhaitiez? ») et un questionnaire en 28 points sur les motivations de consommation d’alcool, modifié pour tenir compte des motivations de consommation d’alcool pendant la pandémie.

Ce dernier comprenait cinq sous-échelles mesurant l’anxiété (« Vous buvez parce que ça vous aide quand vous éprouvez de la nervosité »), la dépression (« Vous buvez parce que ça vous aide quand vous êtes en dépression »), le plaisir (« Vous buvez parce que vous aimez la sensation »), la sociabilité (« Vous buvez pour être sociable ») et la conformité (« Vous buvez pour vous intégrer dans un groupe que vous aimez »).

De plus, les personnes participantes devaient noter le nombre de verres bus au cours d’une semaine normale depuis le début de la pandémie et remplir un questionnaire de 24 questions évaluant la fréquence des comportements de consommation problématique d’alcool (« J’ai perdu connaissance après avoir bu ») au cours d’une semaine normale.

« Ces résultats continueront d’éclairer la pratique clinique, l’intervention, la psychothérapie, la thérapie cognitivo-comportementale, la compréhension des risques et la recherche de meilleurs mécanismes d’adaptation que la consommation d’alcool, affirme Corran. Ils peuvent nous aider à comprendre les croyances ou les cognitions impliquées dans les comportements problématiques. »

L’étude a bénéficié d’un financement du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.

Ont collaboré à cette étude la professeure Roisin O’Connor du Département de psychologie de l’Université Concordia et Paul Norman de l’Université de Sheffield.

Lisez l’article cité : Young adult drinking during the VOVID-19 pandemic: Examining the role of anxiety sensitivity, perceived stress, and drinking motives.



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