Un professeur de théâtre de l’Université Concordia obtient une subvention de près de 200 000 $ du CRSH
Luis Carlos Sotelo Castro, de l’Université Concordia, vient d’obtenir une subvention de développement de partenariat de 199 111 $ octroyée par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH). Sotelo Castro est professeur agrégé au Département de théâtre et directeur du Laboratoire d’écoute active, un laboratoire de recherche-création rattaché au Centre d’histoire orale et de récits numérisés. La subvention servira à financer son projet intitulé « Orchestrer des situations d’écoute dans le cadre d’initiatives de justice transitionnelle réparatrice ».
Dans le cadre de son projet, le professeur s’intéresse à la manière dont l’écoute peut être utilisée comme un outil de transformation dans les processus de justice réparatrice et de réconciliation, en particulier dans des contextes de justice transitionnelle. Cette dernière fait référence aux mécanismes juridiques et sociaux qui aident les sociétés à guérir et à aller de l’avant après des périodes de conflits violents ou de violations des droits de la personne.
Le projet vise à élaborer de nouveaux modèles d’écoute susceptibles de faciliter la recherche de vérité, la reddition de comptes et les efforts de réconciliation dans les sociétés sortant d’un conflit.
« L’art d’orchestrer des situations d’écoute dans le cadre d’initiatives de justice transitionnelle réparatrice est une pratique qui passe souvent inaperçue et qui commence à être reconnue, indique le Sotelo Castro. Cet art consiste à créer des espaces où les gens peuvent se réunir et s’écouter les uns les autres dans le respect des objectifs fondamentaux de la justice réparatrice, comme la guérison, la recherche de la vérité et la réconciliation. »
L’un des principaux objectifs du projet est d’organiser des situations d’écoute où les membres d’une communauté touchée par un conflit – victimes, coupables et membres de la communauté – peuvent se réunir pour s’écouter les uns les autres dans un climat respectueux. Ces situations d’écoute sont conçues pour favoriser la compréhension, la guérison et le dialogue, conformément aux principes de la justice réparatrice, qui prône le volontarisme, la responsabilisation et l’écoute empathique.
« L’art d’orchestrer des situations d’écoute dans le cadre d’initiatives de justice transitionnelle réparatrice est une pratique qui passe souvent inaperçue », affirme Luis Carlos Sotelo Castro.
« Nous souhaitons avoir des retombées sur différents secteurs »
L’initiative réunit une équipe diversifiée d’experts issus notamment des domaines de l’histoire orale, de la justice réparatrice, du droit, des droits de la personne et des études autochtones. Le groupe s’est donné pour objectif de créer des modèles conceptuels et pratiques en matière d’écoute dans le cadre d’initiatives de justice transitionnelle menées en Colombie, au Canada et ailleurs.
« Nous souhaitons avoir des retombées sur différents secteurs, y compris les initiatives gouvernementales, éducatives et artistiques, afin de créer des espaces d’écoute plus sûrs, ce qui contribuera en définitive aux efforts de consolidation de la paix et de réconciliation », ajoute Sotelo Castro.
Le projet repose sur l’idée que le processus de guérison à la suite de souffrances sociales nécessite tant le recours à des espaces institutionnels qu’à des lieux d’échange informels axés sur les arts pour permettre aux communautés de travailler sur les émotions, les besoins et les souvenirs associés à la violence structurelle de masse. L’équipe du projet explore notamment le rôle des histoires orales, de la création de spectacles et du chant choral pour faciliter l’écoute et le dialogue, en particulier dans le contexte de la Juridiction spéciale pour la paix, un tribunal colombien spécialisé dans les crimes de guerre.
Mettant à profit les archives sonores numériques des débats de la Juridiction spéciale pour la paix en Colombie afin de toucher un public plus large – y compris les Colombiens déplacés vivant à l’étranger – l’équipe testera son approche dans l’espoir d’élargir les dialogues sur la justice transitionnelle.
Le financement du CRSH permettra en outre au Laboratoire d’écoute active de collaborer avec plusieurs partenaires internationaux, y compris des établissements situés en Colombie et au Canada, afin de concevoir de nouveaux modèles d’utilisation de la performance des témoignages qui faciliteront l’écoute dans les contextes de justice réparatrice et de consolidation de la paix.
Apprenez-en plus sur le Laboratoire d’écoute active de l’Université Concordia.