Une équipe de recherche de l’Université Concordia valide la populaire Dyslexia Adult Checklist

La dyslexie, trouble neurobiologique et développemental de l’apprentissage, pourrait toucher jusqu’à 15 % de la population, mais reste difficile, longue et coûteuse à diagnostiquer avec précision. Les outils de dépistage, en particulier les listes de contrôle en ligne, peuvent aider les personnes à autoévaluer les facteurs de risque, mais peu d’entre eux, voire aucun, n’ont été scientifiquement validés jusqu’à présent.
Dans un article publié dans la revue Dyslexia, une équipe de recherche de l’Université Concordia a été la première à démontrer que la Dyslexia Adult Checklist, une ressource en ligne gratuite mise au point par la British Dyslexia Association et qui figure parmi les listes de contrôle de la dyslexie les plus utilisées dans le monde, est à la fois valide et fiable en tant qu’indicateur de la dyslexie. L’équipe recommande toutefois d’abaisser le seuil de la dyslexie légère par rapport à son niveau actuel.
« La dyslexie peut entraîner des difficultés dans les domaines de l’éducation et de l’emploi. Il est donc utile de disposer d’un outil rapide et facile à utiliser qui permet de repérer certains problèmes nécessitant une évaluation clinique de suivi », estime Aaron Johnson professeur agrégé au Département de psychologie et auteur responsable de la supervision de l’article. « Nous avons donc été surpris de découvrir que cette liste de contrôle n’avait jamais été validée cliniquement pour rendre compte de la dyslexie. »

Abaissement du seuil
L’équipe de recherche a recruté 400 sujets pour son étude, répartis équitablement entre personnes se déclarant dyslexiques et un nombre égal de personnes ne se déclarant pas dyslexiques. Les participants ont rempli le questionnaire soit en ligne, soit en utilisant un stylo et du papier.
Établie en 2011 par Ian Smythe et John Everatt, la liste de contrôle comprend 15 questions qui permettent d’évaluer certains aspects de l’alphabétisation, du langage et de l’organisation, par exemple : « Do you confuse words like ‘cat’ and ‘cot’? », « Do you lose your place or miss out lines when reading? » et « How easy do you find it to sound out words like e-le-phant? ».
Les personnes interrogées répondent aux questions à l’aide d’une échelle de Likert en quatre points, certaines questions ayant un poids plus important pour le score total. Un score de 45 ou plus indique que la personne interrogée présente des symptômes correspondant à une dyslexie légère, et un score de 60 ou plus à une dyslexie modérée ou prononcée.
Or, selon les analyses statistiques, la liste de contrôle est à la fois précise et fiable : les personnes s’identifiant comme dyslexiques ont obtenu des scores totaux beaucoup plus élevés que les personnes ne s’identifiant pas comme telles.
« Nos résultats sont également intéressants parce que les créateurs de la liste de contrôle n’ont pas expliqué pourquoi un score de 45 devrait être le seuil de la dyslexie probable », fait remarquer le Pr Johnson. « Nous proposons un nouveau seuil de 40. Il s’agit d’un petit changement, mais cette valeur semble mieux permettre de cerner les cas réels de dyslexie. »
Un premier pas vers le traitement
Selon le Pr Johnson, la validation de la liste de contrôle peut aider les personnes et les médecins à déterminer si un dépistage approfondi de la dyslexie est nécessaire, un processus qui peut prendre des mois et coûter des milliers de dollars. Les interventions approuvées médicalement accélèrent l’accès à des ressources pouvant faciliter l’apprentissage ou le travail et réduire l’incidence de la dyslexie sur la vie de la personne touchée.
« Cet article illustre l’attitude de la recherche pratique : nous avons vu une lacune et l’avons comblée », souligne Zoey Stark, doctorante et auteure principale de l’article. « La dyslexie est un trouble de l’apprentissage qui dure toute la vie et, si elle est bien étudiée chez les enfants, il n’existe pas beaucoup de recherches sur son incidence chez les adultes. »
« La validation de cette liste de contrôle est importante, car nous voulons que les outils employés pour réfléchir à la neurodivergence soient réellement sensibles aux questions qu’ils sont censés aborder, conclut le Pr Johnson. Nous espérons que les gens se sentiront plus à l’aise en l’utilisant et que cela les amènera à rechercher un soutien supplémentaire lié à leur dyslexie. »
Karine Elalouf, doctorante, Vanessa Soldano (B. Sc. 2021) et Leon Franzen, ancien boursier postdoctoral de Concordia, maintenant à l’Université de Lübeck, ont contribué à la recherche.
Cette étude a été soutenue par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et le Fonds de recherche du Québec – Société et culture.
Lisez l’article cité : Validation and Reliability of the Dyslexia Adult Checklist in Screening for Dyslexia.