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Les municipalités agissent face aux changements climatiques

Les villes sont bien placées pour faire front aux phénomènes météorologiques extrêmes, selon un expert de l’Université Concordia

Bien que les changements climatiques soient un problème mondial, il incombe souvent aux municipalités – situées en première ligne des phénomènes météorologiques extrêmes – d’y réagir et de trouver des solutions pour en réduire les conséquences.

Lorsque les feux de forêt ont dévoré une partie de la Colombie-Britannique ou que la canicule a entraîné de multiples décès à Montréal, pour ne citer que deux événements dus à des phénomènes météorologiques extrêmes l’an dernier, les municipalités touchées étaient les premières sur le terrain.

Les villes sont de plus en plus responsables de trouver des solutions et du financement pour atténuer les répercussions à venir des changements climatiques, que ce soit par la reconstruction de l’infrastructure pour l’adapter aux phénomènes météorologiques extrêmes ou par l’amélioration des réseaux de transport en commun pour réduire les émissions.

Les politiques sur les changements climatiques employant des stratégies ascendantes sont plus efficaces

 

Joel Bothello de l’Université Concordia estime que les municipalités et leurs collaborateurs sont bien placés pour créer des politiques sur les changements climatiques. Il explique que ces politiques doivent être conçues par les administrations locales plutôt que par les législateurs provinciaux, fédéraux ou internationaux.

« Les municipalités connaissent mieux ce qui se passe sur le terrain et sont tout à fait conscientes des défis et des possibilités qui existent dans leur propre milieu », affirme M. Bothello, professeur adjoint de management à l’École de gestion John-Molson de Concordia. « Les villes ont tendance à expérimenter davantage. Elles n’ont pas un aussi gros fardeau politique... et sont capables de fournir des solutions adaptées à leur collectivité. »

Les villes ont en outre une plus grande responsabilité, car leurs représentants sont plus accessibles aux citoyens préoccupés par la façon dont les changements climatiques nuisent à leur vie, note Jeb Brugmann, vice-président de 100 villes résilientes, un organisme qui aide les centres urbains à devenir plus résilients aux conséquences socioéconomiques et physiques des problèmes comme les changements climatiques.

« La boucle de rétroaction entre les inquiétudes des citoyens et les actions de la ville est courte », indique M. Brugmann, qui est aussi le fondateur et l’ancien secrétaire général du Conseil International pour les Initiatives Écologiques Communales (ICLEI), un réseau mondial de villes et de régions qui collaborent à des projets de développement durable. « Les villes sont réputées pour savoir résoudre des problèmes. »

Selon Jeb Brugmann, les grandes villes intègrent les programmes d’action pour le climat dans les programmes de développement économique, ce qui leur permet de garantir du financement des autres ordres gouvernementaux pour soutenir leurs initiatives. Par exemple, quand les villes d’Edmonton, de Waterloo et de Peterborough ont préparé leurs analyses des risques climatiques, les services municipaux du développement économique ont examiné les possibilités économiques locales découlant des actions pour le climat.  En 2017, Ottawa est devenue la première municipalité canadienne à émettre des obligations vertes spéciales liées à ses objectifs en matière de climat pour financer l’agrandissement du système léger sur rail de la ville. Depuis, d’autres villes, dont Vancouver et Toronto, ont suivi son exemple.

La serre de l’Université Concordia est un des nombreux projets d’horticulture urbaine à Montréal. La serre de l’Université Concordia est un des nombreux projets d’horticulture urbaine à Montréal.

« Un défi entre les mains des municipalités »

« Protéger les Canadiens des changements climatiques est un défi entre les mains des municipalités », déclare Vicki-May Hamm, présidente de la Fédération canadienne des municipalités (FCM). Selon la FCM, les municipalités ont une incidence sur environ la moitié des émissions de GES du Canada et sont au cœur des efforts déployés pour bâtir la résilience climatique à long terme de leur collectivité.

« Les villes et collectivités de partout au pays luttent en première ligne contre les nouveaux phénomènes météorologiques extrêmes qui forcent des familles à quitter leur maison et qui font des ravages dans les entreprises locales », souligne Mme Hamm, qui est aussi mairesse de Magog, au Québec.

Toutefois, Vicki-May Hamm reconnaît que beaucoup de municipalités n’ont pas les ressources humaines ni financières pour répondre au défi grandissant. C’est la raison pour laquelle la FCM demande au gouvernement fédéral d’augmenter le financement « afin de veiller à ce que les projets d’adaptation locaux progressent sans interruption ». Mme Hamm mentionne que la FCM entretient un dialogue avec Ottawa au sujet de nouveaux outils financiers « qui permettront d’élargir à grande échelle les solutions locales en vue d’atteindre les objectifs du Canada en matière de changements climatiques ».

Même si les efforts pour composer avec les répercussions des changements climatiques sont à l’ordre du jour des villes depuis des décennies, Vicki-May Hamm explique qu’ils deviennent une priorité en raison des phénomènes météorologiques extrêmes. Les mesures proactives – allant de la rénovation ou de la reconstruction des infrastructures vieillissantes à l’expansion du transport en commun en passant par la formation des premiers répondants – sont toutes urgentes, mais coûteuses.

Les municipalités cherchent des solutions durables aux changements climatiques

Malgré les ressources restreintes, bon nombre de villes prennent la décision de répondre au défi et de se préparer aux conséquences grandissantes des changements climatiques, observe Joel Bothello. Afin de créer des collectivités plus résilientes, elles soutiennent un développement important des infrastructures, de même que des initiatives locales plus modestes comme les marchés communautaires et les jardins urbains.

D’après le professeur Bothello, pour réussir, les municipalités doivent se concentrer sur les besoins de leur propre collectivité au lieu de se contenter d’appliquer les solutions techniques d’autres régions. Par exemple, créer des quartiers piétonniers peut fonctionner à Montréal, mais se révéler peu pratique en banlieue.

« Lutter contre les changements climatiques en utilisant des solutions généralisées ne fonctionne pas », explique-t-il. « Les défis varient d’une municipalité à l’autre. »

M. Bothello estime que la façon la plus efficace à long terme de mettre en place des politiques de développement durable est en échangeant les pratiques exemplaires entre administrations et groupes de collaborateurs. 

« Il semble que les politiques les plus efficaces sont celles qui permettent l’échange, soutient-il. Les gens ont besoin d’expérimenter par eux-mêmes et d’observer les résultats. » 

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