Problèmes de congestion : Montréal utilise une approche de l’initiative Villes intelligentes pour améliorer le transport
L’élaboration de solutions à des problèmes comme les embouteillages fait partie intégrante des travaux de Concordia en matière de villes intelligentes.
Coups de klaxon, camions au ralenti, files de véhicules qui serpentent dans les centres-villes… Ce portrait illustre bien le quotidien de nombreuses personnes.
Tandis que des villes comme Toronto, Montréal et Vancouver attirent chaque année de plus en plus de personnes et, partant, d’automobilistes, les problèmes de circulation continuent de s’aggraver.
« La congestion devient de plus en plus problématique », explique Anjali Awasthi, professeure à l’École de génie et d’informatique Gina-Cody de l’Université Concordia. « Comme les activités et la population augmentent, le problème va s’intensifier. »
L’élaboration de solutions fait partie intégrante des travaux de Concordia en matière de villes intelligentes. L’université montréalaise investit ses ressources et met à contribution ses chercheurs pour réimaginer le développement des villes et y assurer notre bien-être.
On a vanté les mérites du transport en commun comme solution à la congestion et aux problèmes de mobilité dans les grandes villes. Or, cette option n’est pas nécessairement pratique pour tout le monde, en particulier pour les banlieusards.
PHOTO : ADMINISTRATION PORTUAIRE DE MONTRÉAL
La professeure Awasthi, qui travaille à l’Institut d’ingénierie des systèmes d’information de Concordia, affirme cependant qu’il existe plusieurs façons de combiner des solutions de transport en commun pour répondre aux besoins des usagers tant urbains que suburbains.
« Minimiser l’utilisation des voitures privées, favoriser le covoiturage, multiplier les parcs de stationnement incitatif ou promouvoir le transport en commun contribuent grandement à changer les choses, poursuit Anjali Awasthi. Mais nous devons chercher des options qui réduiront vraiment les problèmes liés à la congestion. »
Par exemple, on pourrait s’attaquer à des facteurs moins connus qui causent la congestion, notamment les véhicules de transport de marchandises venant des ports.
Dans le cadre des travaux de Concordia sur les villes intelligentes, Anjali Awasthi a collaboré avec le Port de Montréal, deuxième en importance au Canada avec 39 millions de tonnes de cargaison transbordées l’année dernière. Leur projet visait à trouver différentes solutions numériques pour limiter le temps d’attente des camionneurs, diminuer les émissions des moteurs tournant au ralenti ainsi que réduire la congestion dans le port.
« L’initiative sur les villes intelligentes examine notre gestion de la circulation des camions », explique Daniel Olivier, directeur de la veille stratégique et de l’innovation au Port de Montréal. « Rappelons que nos activités génèrent un énorme trafic, soit 2 000 camions par jour. »
« Nous avons ainsi entamé une transition : de simple fournisseur d’infrastructures, nous devenons peu à peu prestataire de solutions numériques qui influent sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement. »
Réseaux très complexes, les ports enregistrent la plupart du temps une hausse annuelle de la cargaison traitée. Or, certains défis – comme les contraintes d’espace, les limites budgétaires et la nécessité croissante de respecter l’environnement – font en sorte que chaque ressource doit être optimisée. C’est là qu’intervient la technologie.
Le portail du camionnage fait partie des solutions mises en œuvre, indique Daniel Olivier. Il permet aux camionneurs et au public de suivre en temps réel les manœuvres des véhicules, c’est-à-dire la durée nécessaire à l’exécution de leurs activités au Port de Montréal. Les camionneurs peuvent désormais connaître le temps d’attente au port et planifier leur trajet afin d’y arriver en période de faible affluence.
« Le système que nous offrons aux camionneurs peut se comparer à la planification d’un vol vers les États-Unis, poursuit M. Olivier. Le voyageur consulte le temps d’attente à la douane afin de déterminer à quelle heure il doit se rendre à l’aéroport pour ne pas manquer l’avion. »
Parallèlement à cette solution numérique, le port a prolongé les heures d’ouverture du service de camionnage. Désormais, les camionneurs ont accès au port 17 heures par jour, soit de 6 h à 23 h.
« Nous envisageons également de mettre en place un système d’information avancé pour réduire la durée des processus administratifs aux terminaux », précise Anjali Awasthi.
Les solutions numériques appliquées à l’infrastructure des villes constituent l’avenir de l’urbanisme. Néanmoins, chaque ville présente une dynamique unique qu’il faut prendre en compte lors d’études sur la mobilité publique.
« Nous devons examiner différents critères pour ce type de recherches, car une solution n’est pas nécessairement universelle et dépend des causes de la congestion », souligne la professeure Awasthi.
« Par exemple, pour le transport en commun, il convient de consulter tous les intervenants et de proposer une solution qui répond à la plupart de leurs besoins, sinon à tous », conclut-elle.