Présence, souvenirs et espace
Dans Fleeting: Here and There, Gilnaz Arzpeyma explore les concepts de présence, de temps et d’espace. L’artiste a élaboré l’idée du film au milieu de la pandémie, à un moment où le trop-plein généré par les nouvelles et les exigences liées aux études et au travail à distance était à son comble.
« Étant donné que nous étions tous exposés en même temps à des réalités virtuelles et physiques différentes, la notion d’espace a pris plusieurs dimensions et s’est complexifiée », fait valoir Gilnaz Arzpeyma. « J’ai alors commencé à réfléchir aux façons de définir la présence dans cette situation. »
Le film a été l’occasion de faire un retour sur son enfance à Téhéran, en Iran, à une époque où le pays traversait un processus d’industrialisation rapide. Gilnaz Arzpeyma se rappelle que même si beaucoup de choses changeaient, la population iranienne persistait à concevoir le temps dans la lenteur.
Gilnaz Arzpeyma a puisé dans ces souvenirs et examiné leurs ramifications dans son inconscient afin d’étoffer le propos du film.
« Pendant l’enfance, nous créons plus de liens sensoriels avec l’espace qui nous entoure », explique Gilnaz Arzpeyma. « En un sens, les frontières entre nous et notre environnement spatial sont moins rigides, et nous arrivons sans peine à nous sentir en parfaite union avec l’espace. Nous perdons une bonne part de cette faculté à mesure que nous avançons en âge. »
Au cours de la production, l’artiste a employé la technique d’animation sous caméra, qui consiste à photographier chacune des images choisies, puis à combiner celles-ci afin de créer un film d’animation. Ce procédé allait parfaitement de pair avec le thème du film, la présence, parce qu’avec cette technique, en cas d’erreur, il est impossible de retourner en arrière pour apporter des corrections.
« L’animation sous caméra apporte une autre dimension à la production d’un film, parce qu’elle exige énormément de temps », indique Gilnaz Arzpeyma. « Chaque image du film a nécessité au moins cinq minutes de travail. Pour réaliser un film comme le mien, qui compte entre 900 et 1 000 images, il faut avoir une bonne dose de présence et la capacité de se concentrer sur des mouvements microscopiques. »