Jaclyn Lee voit une certaine similarité entre les projets auxquels elle a travaillé alors qu’elle fréquentait l’Université Concordia et ceux auxquels elle s’intéresse dans sa carrière actuelle.
« Il faut comprendre que lorsqu’il est question de documentaires, dans bien des cas, l’œuvre est réalisée en raison d’un amour pour le sujet traité », souligne-t-elle. « L’argent n’est pas toujours au rendez-vous, mais [ceux et celles qui réalisent ces films] sont des personnes passionnées par leur travail. »
Mme Lee mentionne que cette approche créative lui rappelle les jours passés à son alma mater. Alors qu’elle étudiait en vue d’obtenir son baccalauréat ès beaux-arts dans les années 1990, elle s’est liée d’amitié avec des collègues du programme de production cinématographique et parfois leur venait en aide dans le cadre de tournages.
« Il existait à l’époque un sentiment de camaraderie inégalé », se rappelle Mme Lee. « Je crois que ça venait des longues heures passées à travailler ensemble [sur les films], cet état d’esprit où tout le monde est mis à contribution et doit mettre la main à la pâte. Les plateaux des documentaires auxquels j’ai collaboré étaient tous animés de ce sentiment. »
Qui dit grands défis dit grandes réussites
Quand elle a commencé à travailler sur Attica, Jaclyn Lee a d’abord passé en revue les documents existants. En effet, l’émeute avait été largement couverte par les médias à l’époque. L’équipe a convenu que la meilleure façon de relater cet événement consistait à utiliser des séquences d’archives, fournies par l’archiviste attitrée du projet, Rosemary Rotondi, et d’enrichir ce contenu de nouvelles entrevues avec les détenus. Ils se sont donc retrouvés devant des heures et des heures de métrage à examiner, et très peu de temps pour le faire.
Qui plus est, une résurgence de la COVID-19 est venue compliquer les choses. « En temps normal, pour obtenir des séquences d’archives, on peut se présenter en personne à un centre d’archives, examiner des documents, puis présenter une demande de numérisation », explique Mme Lee. « Toutefois, nous étions limités dans ce que nous pouvions faire parce que la plupart des centres d’archives étaient fermés. Nous avions seulement accès au matériel déjà numérisé. »
Qu’à cela ne tienne. La monteuse et son équipe ont surmonté les obstacles et construit ensemble une œuvre puissante et efficace. En effet, en regardant le documentaire constitué d’extraits de film à l’aspect granuleux, vieux de cinquante ans, juxtaposés à des entrevues filmées en haute définition au moyen de la technologie moderne, il est impossible de ne pas se laisser emporter, de ne pas avoir de sympathie pour la cause des prisonniers, de ne pas s’indigner face à l’injustice qu’ils ont vécue. Dans les mots d’un critique de la revue Variety, « [Attica est] un récit documentaire émouvant, dévastateur et exhaustif sur l’émeute de 1971 ».
Jaclyn Lee est ravie que le film ait été reconnu par l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences cette année.
« Faire partie d’un film en nomination aux Oscars – c’est assez extraordinaire », commente-t-elle. « Pour quiconque fait des études cinématographiques, les Oscars, c’est la consécration d’une carrière. »