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La diplômée en cinéma Patricia Chica lance son premier long métrage, Montréal Girls

« J’adore montrer une sexualité positive à l’écran, en particulier pour les personnages féminins et queer. »
26 juin 2023
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Par Lindsay Lafreniere, Dipl. 2e cycle 2010


Une femme aux longs cheveux bruns, vêtue d'une veste noire et portant des lunettes en écaille, tient une caméra vidéo à l'œil, avec un paysage urbain à l'arrière-plan. Réalisatrice et diplômée de Concordia, Patricia Chica | Photo: Bernard Brault

« Tu sais comment sont les filles de Montréal, pas vrai? »

Dans Montréal Girls, nouveau film de Patricia Chica, B. Bx-arts 1995, cette question lourde de sens sous-tend le drame que va vivre un étudiant venant de s’installer dans la métropole.

Patricia Chica décrit son premier long métrage, présenté pour la première fois au Canada le 9 juin, comme un « film romantique, très sexy et sensuel », dont la production a été rendue difficile par la pandémie de la COVID-19.

En effet, en raison des mesures de santé publique, les acteurs et actrices ne pouvaient passer que 15 minutes par jour à moins de 2 mètres les uns des autres. Par conséquent, Montréal Girls a été réalisé en mode d’« énergie chi », soutient Patricia Chica.

« J’ai fait des exercices de méditation et de visualisation avec les acteurs pour qu’ils répètent les scènes dans le même état de conscience supérieure, explique-t-elle. Nous réussissions à tourner deux prises et demie en 15 minutes, durant lesquelles ils se sentaient impliqués, sensuellement attirés et ouverts au contact physique. L’intimité a été créée dans cet espace de travail énergétique. »

De longues soirées de montage à Concordia

Affiche de film représentant la tête et les épaules de trois jeunes femmes, les bras enroulés autour des épaules de chacune d'entre elles Montréal Girls, de Patricia Chica. | Photo: Patricia Chica

Montréal Girls raconte l’histoire d’un étudiant du Moyen-Orient inscrit en médecine à l’Université McGill, et dont le destin est à jamais changé par deux femmes fougueuses. Le film, qui se déroule en trois langues, a été consacré Meilleur long métrage – Prix des réalisateurs du festival (Best Feature Film – Festival Directors Award) au Festival international du film de Los Angeles en novembre dernier.

Patricia Chica naît dans un Salvador rongé par la guerre, et sa famille fuit le pays en tant que réfugiée pour s’installer à Montréal. Durant ses études au cégep, elle réalise trois courts métrages et se donne pour objectif d’étudier au programme de production cinématographique de l’École de cinéma Mel-Hoppenheim de Concordia.

À l’Université, elle passe ses nuits à faire du montage de films sur une énorme table en acier de marque Steenbeck.

Femme brune portant des lunettes et des queues de cochon, debout au premier plan, avec un homme et une femme à l'arrière-plan, sur fond blanc. La réalisatrice Patricia Chica sur le plateau de Montréal Girls. | Photo: Sophia Benalouane

« J’ai passé tellement de nuits là, à ne pas dormir, juste à faire du montage jusqu’au petit jour, se souvient-elle. Cela m’a beaucoup appris sur le processus artistique et sur la narration. J’ai appris à penser avec précision aux séquences d’événements, d’images et de sons. »

« Les prises de vue étaient coupées et assemblées avec du ruban adhésif, observe-t-elle. C’était un processus additif, tout à l’opposé de la façon dont les films sont habituellement réalisés aujourd’hui, dans l’ère numérique. »

De la distribution des rôles au tournage à l’international

Durant ses études de premier cycle, Patricia Chica se lance sans le vouloir dans sa première carrière après une rencontre avec un réalisateur en quête d’assistance. Comme elle n’a « aucune idée de la façon de distribuer les rôles », elle sort sur le terrain, parle avec des agents et apprend le métier.

« Le sous-sol de mes parents était rempli de dossiers contenant des portraits et des curriculum vitæ », raconte-t-elle à propos de ses années de régisseuse de la distribution.

Après plus de 2 000 auditions étalées sur huit ans, Patricia Chica réalise que sa vraie passion repose dans un autre secteur de la production cinématographique. Elle a alors sa propre agence avec cinq employés et, à l’âge de 24 ans, elle quitte le domaine de la distribution pour devenir réalisatrice à temps plein.

Armée de son expérience en production à Concordia, elle se trouve rapidement un emploi auprès du National Geographic et de la chaîne Discovery. Elle estime avoir réalisé, produit et monté plus de 60 heures de programmation pour les marchés internationaux du cinéma et de la télévision.

Le travail subséquent de Patricia Chica explore le sensuel et le flirt. Ses personnages aiment prendre des risques et s’attirer des ennuis. La sexualité est fluide. 

« J’adore montrer une sexualité positive à l’écran, en particulier pour les personnages féminins et queer, commente-t-elle. J’aime montrer qu’ils ont le contrôle de leur propre récit. Que personne ne peut décider ou choisir pour eux, ou encore leur dire quoi penser de ce qu’ils sont. »

Pour Montréal Girls, elle a formé pendant un an ses acteurs au travail énergétique du chi avant de commencer le tournage. Elle a également travaillé avec l’équipe du plateau pour que tout le monde soit aligné sur le plan spirituel.

« En tant qu’éducatrice énergétique, j’aligne le corps et le physique avec l’esprit, l’intellectuel et la conscience supérieure dans l’expérience cinématographique ».

Patricia Chica travaille maintenant au scénario de son prochain film, appelé Bougainvillea, en référence aux fleurs roses originaires d’Amérique du Sud. L’histoire porte sur une fille qui grandit au sein d’une famille traditionnelle du Salvador et qui découvre qu’elle est queer. Le tournage devrait commencer l’an prochain ou en 2025.



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