Skip to main content

Le film Là d’où l’on vient de la réalisatrice Meryam Joobeur est présenté en première à la Berlinale 2024

Dans son premier long métrage, la diplômée de l’École de cinéma Mel-Hoppenheim approfondit des thèmes qu’elle a d’abord explorés dans Brotherhood (« Ikhwène »), un court métrage primé.
2 mai 2024
|
Par Richard Burnett, BA 88


Portrait d'une personne aux cheveux bruns attachés, portant un haut noir et une écharpe jaune moutarde, regardant intensément la caméra sur fond de pierre texturée. « Capter l’essence de qui l’on est la quête de toute une vie, et personne n’y échappe », affirme la cinéaste Meryam Joobeur.

La cinéaste Meryam Joobeur, B. Bx-arts 2013, est ravie : Là d’où l’on vient, son premier long métrage, a été projeté en première dans le cadre de la 74e Berlinale, avant la sortie très attendue du film en 2024. Rappelons que le prestigieux festival international du film de Berlin s’est déroulé fin février.

« J’ai effectué un long, un très long, parcours », déclare la réalisatrice tuniso-canadienne depuis Montréal. « Les cinéastes vous le diront, un moment de transition survient toujours. À la Berlinale de 2016, j’ai participé à un programme de talents réservé aux jeunes cinéastes de la relève. Aujourd’hui, je reviens y présenter mon premier long métrage en compétition officielle… C’est surréaliste! L’immense honneur qui m’est fait s’accompagne d’un lot d’émotions que je cherche encore à gérer. »

Écrit et réalisé par Meryam Joobeur, Là d’où l’on vient est une coproduction entre la France, le Canada et la Tunisie. Il a d’abord porté le titre provisoire de Motherhood (maternité). L’œuvre dramatique s’inspire de Brotherhood, un court métrage de la cinéaste qui a été nommé aux Oscars en 2018. Montré dans plus de 150 festivals, il a gagné 75 prix internationaux, notamment celui du meilleur court métrage canadien au Festival international du film de Toronto (TIFF).

Là d’où l’on vient était en chantier quand Meryam Joobeur a remporté le prix NHK, offert par l’Institut Sundance et assorti d’une bourse de 10 000 $, lors du Festival du film de Sundance en 2021. Puis, en novembre 2023, elle a obtenu une subvention de postproduction de 30 000 € dans le cadre du programme Atlas Workshops du Festival international du film de Marrakech.

Selon le magazine Variety, « Là d’où l’on vient renoue avec des thèmes que la réalisatrice a abordés dans Brotherhood. Le scénario traite de nouveau des tensions familiales qui s’exacerbent quand un jeune soldat de l’État islamique en Irak et en Syrie rentre en Tunisie. Dans ce premier long métrage, Meryam Joobeur explore l’histoire dans la perspective du sentiment de culpabilité maternel. Pour faire bonne mesure, elle intègre à son œuvre des touches de réalisme teinté de magie et d’horreur psychologique. »

La cinéaste a réintitulé son film au stade du montage, car elle s’est alors rendu compte que la question au cœur du scénario était « À qui appartient ma vie? ».

« Cette question obsède les personnages principaux, explique-t-elle. Le titre Là d’où l’on vient reflète à la fois le caractère universel de l’histoire et une quête perpétuelle de l’être humain. Quel est notre rapport au monde, qu’attendons-nous de la société en général et de notre famille en particulier, comment tolérons-nous les étiquettes qu’on nous accole? Capter l’essence de qui l’on est la quête de toute une vie, et personne n’y échappe. »

« Tout ce qui nous entoure cache une histoire »

Convaincue du pouvoir de la narration, Meryam Joobeur espère que ses films insufflent la beauté, la complexité et l’universalité propres à la condition humaine.

« En y réfléchissant davantage, j’ai constaté que tout ce qui nous entoure cache une histoire, précise-t-elle. Par exemple, le scénario que vous vous faites et dont vous êtes l’héroïne ou le héros peut infléchir le cours de votre vie. Le pouvoir transformateur de la narration s’exerce dès que l’on commence à se raconter une histoire différente. Dans cet ordre d’idées, les films que je réalise, et tout particulièrement celui-ci, proposent une vision complexe, nuancée, de la famille –musulmane dans le cas présent. »

Diplômée du laboratoire de cinéma du TIFF, de Med Film Factory, de Rawi Screenwriters Lab, des Berlinale Talents Labs et du Sundance Screenwriters Lab, Meryam Joobeur signale que ses études à la célèbre École de cinéma Mel-Hoppenheim de l’Université Concordia ont également contribué à façonner sa carrière.

« C’était une époque formidable!, s’exclame-t-elle. J’ai collaboré avec plein d’étudiantes et d’étudiants doués d’un talent fou. Je pense notamment à Vincent Gonneville, le directeur photo de Là d’où l’on vient. »

La réalisatrice insiste aussi sur le fait que ses parents l’ont soutenue d’entrée de jeu dans sa carrière cinématographique. « Sans eux, je n’aurais jamais réussi à faire mon premier film, une œuvre indépendante à petit budget, relate-t-elle. Ils assistaient à la cérémonie des Oscars lorsque j’ai été nommée et à la Berlinale lors de la première de Là d’où l’on vient. Ma réussite revêt beaucoup d’importance pour eux, et j’en suis très heureuse. »



Retour en haut de page

© Université Concordia