Une approche artistique de la gouvernance
Même si sa décision de mettre fin à sa carrière artistique a été difficile, Maja Vodanovic est aujourd’hui en paix avec elle-même.
« Maintenant, ma pratique, c’est la ville! », lance-t-elle pour expliquer la façon dont elle exprime aujourd’hui sa créativité.
Ainsi, elle décrit le projet d’écoquartier Lachine-Est entrepris par son arrondissement comme une toile, et le processus collaboratif qu’il exige – avec divers intervenants dont l’Institut des villes nouvelle génération de l’Université Concordia – comme un genre de performance.
Le projet d’écoquartier Lachine-Est a pour but la transformation d’une friche industrielle de 64 hectares en une zone à vocation mixte – résidentielle, commerciale et récréative – avec accès amélioré au système de transport en commun. De plus, Maja Vodanovic espère pouvoir incorporer au projet la géothermie, source d’énergie renouvelable, pour accroître la durabilité du quartier.
La mairesse attribue l’élan récemment pris par le projet à Ursula Eicker, titulaire de la chaire d’excellence en recherche du Canada sur les collectivités et les villes intelligentes, durables et résilientes ainsi que codirectrice et fondatrice de l’Institut des villes nouvelle génération. Elle a fait état du fructueux partenariat entre Lachine et Concordia à l’occasion d’une activité spéciale organisée à l’Université en janvier dernier.
« Concordia ne se limite pas à la théorie; elle met celle-ci en pratique et s’emploie à combler le fossé entre l’apprentissage théorique et l’expérience concrète », fait valoir Maja Vodanovic. « Ursula s’est entourée d’une équipe de personnes qui possèdent l’expérience pratique et les connaissances qu’il faut pour faire bouger les choses. »
De la toile à l’arène politique
La relation entre la politique municipale et les arts visuels pourrait sembler ténue. Mais pour Maja Vodanovic, l’idée selon laquelle la création artistique et l’intervention politique peuvent s’entremêler s’est cristallisée dans son esprit au cours de ses études d’histoire de l’art. Cette discipline l’a aidée à se doter d’un cadre permettant de porter un regard sur le moment politique actuel.
« Lorsqu’on étudie l’histoire de l’art au fil des ans, on en vient à se faire une idée de la façon dont les autres civilisations pensaient et travaillaient, avance Maja Vodanovic. On se fait un portrait de leur culture, de leurs rituels et de leurs priorités. On acquiert ainsi une compréhension critique du monde.
« Notre démocratie traverse actuellement un moment décisif, et nous nous devons de la protéger. »
Maja Vodanovic note que cette protection devrait également englober l’environnement, enjeu à l’origine de son engagement politique. Avant de se lancer en politique, elle avait fait beaucoup de bénévolat auprès des enfants, utilisant les arts pour leur apprendre à protéger la nature. Les projets auxquels elle prenait part étaient surtout axés sur la protection de l’eau.
Aujourd’hui, Maja Vodanovic supervise la gestion de l’eau pour le comité exécutif de la Ville de Montréal.
« Mon prédécesseur à la mairie m’avait d’ailleurs demandé de rejoindre son équipe parce que j’avais créé et dirigé un projet alliant art et protection de l’eau avec les enfants. Je voulais montrer aux élèves que si on agit, on peut avoir un impact positif. »
Pour Maja Vodanovic, l’imagination est le fil conducteur entre l’action environnementale, la politique et l’art. Selon elle, cette approche peut nous outiller afin de trouver des stratégies efficaces pour relever les défis de notre époque.
« La recherche de solutions fait appel à la créativité, souligne-t-elle. J’espère que nous montrerons que tout le monde gagne à se soucier de l’environnement. C’est avantageux pour les promoteurs, de même que pour la ville. Ces initiatives nous rendent tous plus riches et meilleurs en tant que société.
« Les gens croient qu’ils n’ont pas le pouvoir de changer les choses. Mais nous avons énormément à offrir en tant que collectivité. »