Skip to main content

Grand Concordien : Mohan Munasinghe, colauréat du prix Nobel de la paix

« Concordia m’a amené à lutter contre la pauvreté dans les pays en développement »
9 octobre 2024
|
Par Ian Harrison, B. Comm. 2001


Mohan Munasinghe, M.A. 1975, inspire un très grand respect dans les domaines du développement durable et de la lutte pour la paix dans le monde.

Fort d’un parcours universitaire qui comprend l’Université Concordia, l’Université McGill, l’Université de Cambridge et l’Institut de technologie du Massachusetts (MIT), ce physicien, ingénieur et économiste a marqué de son empreinte la politique et la recherche environnementales à l’échelle mondiale.

En tant que vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat des Nations Unies, Munasinghe a partagé le prix Nobel de la paix 2007 avec l’ancien vice-président des États-Unis, Al Gore. Il a également reçu le prix Blue Planet 2021, considéré comme l’équivalent du prix Nobel dans le domaine de l’environnement.

Munasinghe est fondateur et président du Munasinghe Institute for Development (MIND), un centre de recherche sur le changement climatique et le développement durable reconnu par les Nations Unies. Comptant à son actif plus de 120 ouvrages scientifiques et 400 articles techniques, cet habitant de Colombo, au Sri Lanka, décrit le travail qu’il a accompli au cours de sa vie pour aider les pauvres comme « une ambition d’enfance ».

L’héritage de Munasinghe comprend notamment le concept de sustainomics, un cadre transdisciplinaire visant à rendre le développement plus durable.

Face aux menaces mondiales qui pèsent sur l’humanité, telles que le changement climatique et la guerre nucléaire, ainsi qu’aux technologies de rupture comme l’IA, le Grand Concordien fait preuve d’un mélange de pragmatisme et d’optimisme.

« Nous dépensons plus de 2 billions de dollars pour l’armement, mais seulement 150 milliards pour réduire la pauvreté, et encore moins pour lutter contre le changement climatique, déplore Munasinghe. Les ressources sont là, mais la volonté politique n’est pas au rendez-vous. En outre, des technologies telles que l’IA peuvent rendre le monde beaucoup plus durable, mais sont également utilisées pour la guerre. »

« Heureusement, les efforts déployés à l’échelle locale par les personnes autonomisées me donnent de l’espoir. Nous ne pouvons pas attendre que les dirigeants agissent. Nous devons équilibrer le triangle du développement durable – économie, société et environnement –, comme je l’ai proposé au Sommet de la Terre de Rio, en 1992. »

Qu’est-ce qui vous vient spontanément à l’esprit quand vous repensez à vos études à Concordia?

Mohan Munasinghe : C’était une période agréable, mais qui exigeait beaucoup de travail. J’ai obtenu un doctorat en physique des solides à McGill en 1973, tout en effectuant une maîtrise en économie à la Sir George Williams University. J’ai obtenu mon diplôme à Concordia en 1974, après la fusion. J’ai fait tout cela tout en travaillant à temps partiel pour le Pr Morido Inagaki, qui était directeur de l’International Institute of Quantitative Economics (IIQE) à Sir George, et en accueillant ma première fille.

Je me souviens parfaitement du sentiment d’excitation qui régnait lorsque deux établissements de premier plan, Sir George et le Loyola College, ont fusionné. Je me rappelle en particulier d’un débat bref, mais animé sur le nom de la nouvelle université, et de John O’Brien, premier recteur de Concordia que j’admirais, qui m’a demandé mon avis. J’ai répondu que Concordia était un très bon compromis.

Une autre personne exceptionnelle et un ami avec qui je partageais de nombreuses aspirations était mon collègue de l’IIQE, Gerry Gummersell, qui est malheureusement mort de la COVID en 2022.

Quels sont certains des facteurs qui ont contribué à votre réussite?

MM : Concordia m’a amené à lutter contre la pauvreté dans les pays en développement.

Inspiré par le Pr Inagaki et son mentor, le lauréat du prix Nobel Jan Tinbergen (LL. D. 1968), j’ai réussi à intégrer le prestigieux programme des jeunes professionnels de la Banque mondiale en 1975.

Un autre mentor était le Pr Abdus Salam, lauréat du prix Nobel de physique et directeur du Centre international de physique théorique de Trieste, en Italie. Lorsqu’il a appris mon succès à la Banque mondiale, il m’a félicité, mais a aussi déclaré, un peu tristement : « Quelle perte pour la physique! » – bref, tout un compliment!

Enfin, le fait d’avoir parcouru les cinq continents avec mon sac à dos durant mes études a élargi mes horizons et fait de moi un internationaliste qui apprécie toujours les cultures, les gens et les lieux différents.

Quels conseils donneriez-vous aux étudiantes et étudiants qui souhaiteraient suivre vos traces?

MM : Concentrez-vous sur la réalisation des 17 objectifs de développement durable des Nations Unies, en mettant l’accent sur les défis interdépendants du changement climatique et du développement durable. Les solutions devraient être basées sur une approche que j’appelle BIGG – balanced inclusive green growth (« croissance verte équilibrée et inclusive ») – afin de réduire l’utilisation des ressources tout en luttant contre la pauvreté, sans abaisser le niveau de vie des nantis.

Ayant milité toute ma vie pour la paix, j’encourage vivement les étudiantes et étudiants à s’intéresser aux affaires nationales et mondiales. Je les invite également à s’engager dans des actions visant à mettre fin aux guerres et à interdire les armes nucléaires.

Enfin, je voudrais vous faire part d’une sagesse toute personnelle. Avant d’harmoniser le monde, nous devons nous harmoniser nous-mêmes, en équilibrant trois éléments : notre esprit (apprentissage, carrière), notre corps (santé, bien-être) et notre vie sociale (famille, amis, communauté). Nous devons remplacer l’avidité, l’égoïsme et la violence par des valeurs éthiques et durables telles que le partage et l’attention portée aux autres ainsi qu’à l’environnement.

Quel effet cela vous fait-il d’avoir été nommée Grand Concordien?

MM : Je ressens une profonde gratitude d’avoir reçu cet honneur et ce privilège. Concordia m’a ouvert de nouvelles perspectives et a façonné mon avenir il y a 50 ans. Je demeure résolu à participer au développement de la communauté de l’Université.

De manière plus générale, je dirais que les prix et les reconnaissances que j’ai reçus ne sont pas le fait d’une seule personne. Je suis en effet redevable à tant de personnes qui ont généreusement contribué à mon développement intellectuel et à mon intelligence émotionnelle, notamment des enseignants, des mentors, des collègues, des membres de ma famille et des amis – en particulier ceux de Concordia. Je continue par ailleurs à donner des conférences et à enseigner, bien après l’âge de la retraite, parce que notre génération a laissé aux jeunes un monde rempli de problèmes, et que nous avons l’obligation de leur fournir toute l’aide possible!

Tirez fierté de nos Grandes Concordiennes et Grands Concordiens !



Retour en haut de page

© Université Concordia