Grande Concordienne : Mariloup Wolfe, cinéaste et actrice

Pour Mariloup Wolfe, B. Bx-arts 2003, les arts ont été un voyage de toute une vie – façonné par la famille, la passion et la persévérance.
Ayant grandi auprès d’une mère artiste qui l’entraînait avec elle dans les galeries et les espaces d’art, et d’un père dont l’amour du cinéma remplissait la maison, Wolfe a été plongée dans la créativité dès son plus jeune âge.
« Mon père était psychiatre, explique-t-elle, mais il adorait le cinéma. Il rêvait d’ailleurs de devenir cinéaste lui-même. Nous avions un grand écran à la maison et, le samedi matin, nous regardions de tout – des classiques italiens aux films japonais. Cette passion pour le cinéma est le cadeau qu’il m’a offert. »
Si Wolfe a découvert le cinéma en famille, ce sont ses expériences pratiques à l’adolescence qui donne le coup d’envoi à sa carrière. Son frère, qui travaille alors dans une agence de distribution artistique, lui fait découvrir le monde de la production cinématographique. Dès l’âge de 17 ans, elle décroche des rôles de figurante sur les plateaux de tournage.
« Dès que j’ai fait l’expérience du plateau pour la première fois, j’ai eu la piqûre », se souvient-elle.
Elle suit des cours d’art dramatique à l’école secondaire, puis au cégep. C’est à cette époque qu’elle se rend compte que son véritable intérêt réside dans la réalisation.
« Je voulais participer à la création du début à la fin, alors j’ai changé de voie, passant des sciences à la réalisation », se souvient-elle.
Cette décision la conduit à l’École de cinéma Mel-Hoppenheim, où elle consolide ses compétences en réalisation.
À la suite de son rôle en qualité d’actrice dans la série Ramdam – grand succès de Télé-Québec des années 2001 à 2008 – Wolfe se fait connaître du grand public, mais elle continue à se concentrer sur la réalisation.
« À l’époque de Ramdam, j’étudiais à la Faculté des beaux-arts, explique-t-elle. Le calendrier de production de la série était très chargé, mais mes cours à l’école de cinéma continuaient de nourrir ma passion pour la réalisation. »
À force de persévérance, ses efforts portent leurs fruits, et la Grande Concordienne réussit à passer derrière la caméra. Ses films, dont Jouliks (2019), Arlette (2022) et Cœur de slush (2023), l’établissent comme une figure de proue du cinéma québécois, lui valant les éloges de la critique et de multiples nominations aux Prix Gémeaux.
La troisième saison de la saisissante série à suspense Bête noire – son dernier projet en lice – sortira en avril sur les ondes de Séries Plus.
Qu’est-ce qui vous vient spontanément à l’esprit quand vous repensez à vos études à Concordia?
Mariloup Wolfe : J’ai vécu des moments inoubliables à Concordia, y compris lors du processus d’admission – à compter du défi que pose l’acceptation au programme de cinéma jusqu’à l’expérience de la création d’un portfolio dans le cadre de mon dossier de candidature. J’ai adoré le fait que Concordia ne se contente pas de regarder les notes ou les scénarios; elle veut voir notre personnalité et notre créativité. Je me suis investie à fond dans la création d’un portfolio artistique, jusqu’à la réalisation d’une pochette pour ma cassette VHS avec du papier texturé, qui ressemblait vraiment à une œuvre d’art.
Étudier en anglais a été difficile pour moi au début. Mon anglais n’était pas très bon, mais la communauté bilingue de Concordia a été très accueillante et j’ai pu suivre quelques cours en français. J’ai également des souvenirs incroyables de mon travail avec l’équipement de cinématographie : tourner sur pellicule 16 millimètres; faire du montage sur de vieilles machines Steenbeck… Ces expériences m’ont permis d’apprendre le cinéma en tant que métier. Concordia nous a permis d’expérimenter sans pression, ce que j’ai apprécié. On ne nous demandait pas de produire des résultats impeccables, mais plutôt de trouver notre voix en tant que cinéastes et de repousser nos limites sur le plan créatif.
Quels sont certains des facteurs qui ont contribué à votre réussite?
M.W. : Après Concordia, je me suis servi des projets sur lesquels j’avais travaillé à l’Université pour me construire un portfolio de démonstration, ce qui m’a aidé à obtenir de petites subventions et à établir une fondation. J’ai réalisé mon premier court métrage peu après l’obtention de mon diplôme. Le fait de gagner un concours m’a donné de la visibilité et m’a permis de participer à des festivals. Ce court métrage est devenu ma carte de visite et a contribué à asseoir ma réputation.
La persévérance a également joué un rôle clé dans mon cheminement. La réalisation d’un film exige que vous acceptiez les critiques, que vous appreniez de vos erreurs et que vous continuiez à avancer. Mes premiers courts métrages n’étaient pas parfaits, mais chacun m’a appris quelque chose. De nos jours, les cinéastes disposent d’outils beaucoup plus accessibles qu’à l’époque. Avec les téléphones intelligents et les logiciels de montage accessibles sur tous les appareils, il y a moins d’obstacles. Mais la patience, la capacité d’adaptation et l’ingéniosité sont toujours aussi essentielles.
Quel conseil auriez-vous à donner aux étudiantes et étudiants qui voudraient suivre vos traces?
M.W. : Mon conseil est simple : essayez, explorez, persévérez. N’ayez pas peur de frapper aux portes et de vous faire connaître. Acquérez de l’expérience sur le plan technique et apprenez à raconter des histoires à chaque prise de vue. Plus vous vous exercerez, plus vous vous améliorerez.
Je pense qu’il est très important d’avoir une expérience pratique – cela vous apprend à façonner votre vision, à comprendre le langage de la narration et à devenir un cinéaste complet. Alors, foncez!
Quel effet cela vous fait-il d’avoir été nommée Grande Concordienne?
M.W. : J’ai été surprise et incroyablement flattée. C’est pour moi un honneur de figurer parmi un groupe aussi remarquable d’anciennes et anciens élèves de Concordia, en particulier des personnes que j’admire dans mon domaine. Cette reconnaissance est comme une tape dans le dos qui me rappelle de continuer à aller de l’avant et à cultiver ma passion.
Tirez fierté de nos Grandes Concordiennes et Grands Concordiens !
Cinquante diplômés remarquables recevront cette reconnaissance dans le cadre du 50e anniversaire de l’Université. Chacune de ces personnalités a apporté une contribution majeure à son domaine d’activité et à la société.
Nous présenterons une personnalité d’exception chaque semaine jusqu’au mois de juin 2025.
Cette nouvelle cohorte s’inscrit dans la continuité du palmarès des 40 personnes d’exception établi à l’occasion du 40e anniversaire de l’Université.