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Julie Hanck : scientifique du bonheur

Enseignante passionnée, la neuroscientifique consacre sa vie et sa carrière à l’étude du bonheur

Julie Hanck Julie Hanck

À l’âge de dix ans, Julie Hanck, comme la plupart des enfants, passait ses temps libres au parc. Mais pas pour les raisons que l’on pourrait croire. Alors que les uns s’en donnaient à cœur joie dans les balançoires et les glissades, et que d’autres couraient et s’esquivaient pour échapper à la tague, Julie s’asseyait sur un banc en retrait, écoutant fuser au loin les cris joyeux des enfants, et contemplait la scène avec gratitude.

« J’attachais une grande importance au bonheur lorsque j’étais enfant, relate Mme Hanck. Je me souviens d’avoir observé mes frères et sœurs jouer au parc et de m’être demandé “Comment puis-je faire en sorte de mener une vie heureuse?” »

Soucieuse d’approfondir sa réflexion, Julie Hanck a décidé d’entreprendre une formation universitaire afin de trouver des réponses à ses questions. Étudiante aux cycles supérieurs, elle a consacré ses travaux de recherche à la psychologie positive –l’étude scientifique de l’épanouissement humain –, qu’elle appelle la science du bonheur.

« J’ai toujours été très heureuse, mais j’ignorais ce qui m’inspirait ce sentiment, explique la Pre Hanck, qui a obtenu un doctorat en neuroscience à l’Université McGill en 2013. Étudier la psychologie positive m’a vraiment permis de trouver mes repères et d’affiner ma compréhension du sujet. En fait, l’idée est d’observer une personne épanouie et de lui demander ce qui la rend heureuse – plutôt que de se concentrer sur la dépression. »

Ses intenses activités de recherche en psychologie positive ont nourri sa passion pour le domaine. Si bien qu’elle a choisi de s’attaquer aux problèmes de santé mentale, devenus très courants dans notre société, en employant l’approche qu’elle considérait comme la plus efficace : l’enseignement.

Depuis 2014, la Pre Hanck enseigne les principes, les découvertes et les interventions propres au domaine de la psychologie positive aux élèves du Cégep John-Abbott.

Julie Hanck mène également des efforts de sensibilisation à l’extérieur des murs du collège. À Formation continue Concordia, elle anime des ateliers axés sur le mieux-être au travail et la prévention de l’épuisement professionnel. Les bienfaits de son approche pédagogique profitent également au milieu entrepreneurial, puisqu’elle compte au nombre de ses clients des agences gouvernementales et des grandes entreprises.

« J’enseigne à mes élèves comment cultiver le bonheur, s’épanouir et atteindre un mieux-être subjectif. Comment pourrais-je ne pas me passionner pour mon travail? »

Hors de la salle de classe, Julie Hanck pratique ce qu’elle prêche. Elle met en œuvre des stratégies de psychologie positive, comme les exercices de gratitude et la prise de recul; en outre, elle cultive la soif d’apprendre et accomplit des actes de bonté pour nourrir son bonheur.

De son propre aveu, Julie Hanck a vécu une enfance merveilleuse. Or, ses stratégies ont été mises à rude épreuve lorsqu’elle a dû traverser la période la plus sombre de sa vie. En avril 2010, après huit mois de grossesse, Julie Hanck a accouché d’un enfant mort-né.

« Profondément ébranlée, j’étais incapable de rebondir. Grâce à ces interventions, j’ai réussi à remonter la pente. Ce cheminement m’a vraiment confirmé que ma propension au bonheur ne tenait pas au fait que ma vie avait été si simple. »

Alors qu’elle travaillait à soigner son traumatisme, elle a mis à profit son expérience pour aider d’autres personnes endeuillées dans leur processus de guérison. Au Cégep John-Abbott, elle a prononcé un discours thème sur l’espoir et la résilience, s’appuyant sur ses recherches en croissance post-traumatique, un état d’esprit positif qui accélère le processus de rétablissement à la suite d’un traumatisme. Après une période de six à douze mois seulement, Julie Hanck a commencé à se sentir mieux.

« Personnellement, je pense que mon bonheur est une question de choix, soutient la Pre Hanck. C’est vraiment une belle expérience que de cheminer vers le mieux-être en prenant le temps d’explorer diverses interventions et de découvrir les causes de nos insatisfactions et de nos frustrations. »

Julie Hanck supervise actuellement la préparation d’une demande de subvention en vue d’étudier les mentalités axées sur la croissance et les mentalités figées dans les salles de classe du Cégep John-Abbott. Les personnes ayant une mentalité axée sur la croissance croient que l’amélioration est possible grâce à l’apprentissage continu, alors que celles ayant une mentalité figée pensent que les aptitudes sont innées et irréversibles. Selon la chercheuse, ce type de formation pourrait améliorer la vie des gens aux prises avec des pensées intrusives.

« Certains éléments déclencheurs affectent les personnes ayant une mentalité figée, indique la chercheuse. Lorsqu’elles font l’objet de critiques, elles pensent : “Oh, si je ne suis pas à la hauteur, je ne le serai jamais”. C’est pourquoi il peut s’avérer bénéfique de développer la conscience de soi. Prendre conscience de nos schémas de pensée peut nous aider à rejeter les idées qui ne nous sont plus utiles. »

Julie Hanck repense souvent à cette enfant de dix ans qu’elle fut jadis. Elle se revoit, assise sur le banc de parc, tentant d’élucider l’un des plus grands mystères de la vie. Or, toutes ces années de recherche lui ont appris que la réponse à cette énigme n’est pas si simple.

« Je veux faire comprendre aux gens qu’il n’existe pas de solution facile pour parvenir au mieux-être; il s’agit plutôt d’une démarche continue, explique la Pre Hanck. Lorsque nous investissons du temps dans des pratiques comme l’optimisme appris et les exercices de gratitude, il devient plus facile de cultiver un sentiment de mieux-être dans notre vie. Bien sûr, cela demande des efforts soutenus, mais les bienfaits sont inestimables. »

 

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