Skip to main content
article

Voici comment l'IA aide à concevoir des œuvres d’art public engageantes et interactives

Par Burcu Olgen


Grâce à son Bureau d'art public, la Ville de Montréal détient une collection de plus de 360 œuvres intégrées tant dans ses espaces publics que dans ses édifices municipaux.

Parmi elles, des œuvres d’art interactives qui vont des sculptures audiovisuelles aux installations lumineuses en passant par les aménagements ludiques qui invitent à l’action. Bien que ces installations soient divertissantes, force est de constater qu’elles sont relativement uniformes.

La montée en puissance des médias sociaux incite la population à rechercher les expériences instagrammables et le contenu digne de TikTok. En réaction à ce phénomène, de nombreuses installations montréalaises ont été mises au point en songeant à leur rendu visuel sur le Web.

Créativité artificielle

L’intelligence artificielle (IA) est en train de devenir une partie intégrante de nos vies, tant dans la sphère de l’éducation, que dans celles des affaires, de la santé, du transport et des divertissements.

Le monde des arts n’est pas en reste ; il profite lui aussi de ce que l’IA a à offrir. Montréal a exposé des œuvres exploitant cette technologie et continue de soutenir les arts et l’innovation. Prenez par exemple Faces, du studio d’art Iregular : l’installation tire parti d’un algorithme de reconnaissance faciale qui collecte des images de l’assistance pour créer un portrait en constante évolution.

Notre Habitat Commun, autre fruit d’Iregular, se sert quant à elle de la vision par ordinateur et des technologies d’IA pour spéculer au sujet de l’impact de l’humanité sur la planète. Par son intermédiaire, le studio cherche à sensibiliser le public au moyen de quatre installations dont on peut faire l’expérience sur d’immenses écrans.

 

Périls et opportunités

Les espaces publics peuvent aider les citadins et citadines à interagir avec leur communauté, à tisser des liens avec les autres et à faire des expériences captivantes. Lorsqu’intégrées au domaine public, les technologies numériques ont le potentiel de remodeler l’expérience urbaine.

En créant des interactions dans l’espace public, il est possible de faire des villes des lieux ludiques et de socialisation, attractifs pour les résidents de tous âges. La conception d’installations interactives présente toutefois quelques défis en milieu urbain. Les œuvres comprenant des éléments audio risquent par exemple d’être perçues comme dérangeantes par certains ; les installations lumineuses peuvent pour leur part être moins visibles de jour ; et il faut tenir compte de la sécurité du public.

Un autre défi central concerne l’accessibilité. Les villes devraient respecter des principes de design universels afin de favoriser le développement d’espaces publics accessibles et inclusifs.

L’intégration de l’art dans l’espace public soulève en outre la question des parties prenantes et des personnes mandatées pour prendre les décisions. En général, une agence gouvernementale commande une œuvre sur mesure auprès d’artistes de la région, mais plusieurs défendent une démarche plus démocratique. D’autres conflits sont susceptibles de survenir au sujet des questions à savoir si l’art est le bon outil pour reconstruire les espaces publics et si le public devrait contribuer aux œuvres, par exemple.

Cela dit, les installations interactives peuvent accroître l’implication sociale et créer un dialogue au sein des communautés. Diverses technologies d’IA, comme l’apprentissage machine et l’IA générative, sont capables de fournir des expériences dynamiques dans les espaces publics.

L’IA pourrait en outre soutenir le développement des communautés urbaines tant par le biais des arts que par celui de la mobilité, de l’éducation et des soins de santé. En utilisant des données tirées de l’environnement immédiat, elle est capable de créer des expériences en temps réel comme des systèmes de transport intelligents, des interactions publiques propulsées par la réalité augmentée, et des structures inclusives, sécuritaires et adaptatives.

 

Ses capacités peuvent même servir à promouvoir l’apprentissage dans la sphère publique. L’engouement croissant pour les technologies d’intelligence artificielle suscite la curiosité et attire différents publics. Incorporer des installations interactives qui proposent des expériences amusantes, enrichissantes et captivantes pourrait permettre de rendre les villes plus justes et durables.

En même temps, l’adoption des technologies d’IA dans le domaine public soulève des enjeux liés au consentement, à la vie privée et au rôle des algorithmes dans la société.

Expériences interactives

Bien que les œuvres d’art faisant appel à l’IA commencent à peine à apparaître dans la sphère publique, les artistes et concepteurs ont déjà recours aux multiples fonctions de l’intelligence artificielle, comme la génération de données et le traitement d’image, pour créer des œuvres uniques. Dans le cas spécifique des œuvres interactives, l’IA améliore l’expérience en créant un engagement stimulant avec le public.

Tomo Kihara, designer d’interaction d’origine japonaise, du studio de design Playfool, localisé au Royaume-Uni, ont travaillé ensemble sur le jeu Deviation Game, une installation multimédia avec un jeu électronique, qui imprime les résultats.

Deviation Game est un bon exemple de l’idée d’engagement participatif, où les joueurs interagissent à la fois entre eux et avec l’IA par voie électronique. Les joueurs doivent décrire des mots choisis au hasard en dessinant sur un écran. Le but est de s’exécuter de telle façon que les autres joueurs devinent ce dont il s’agit tout en rendant les images incompréhensibles pour l’IA.

trois personnes sont assises autour d’un écran, l’une d’entre elles dessine sur une tablette
Dans Deviation Game, les joueurs doivent dessiner des images sur une tablette et tenter de déjouer l’IA. (S. Maruyama), Author provided

Intention est un autre exemple d’œuvre interactive recourant à l’IA. Créée par l’artiste d’origine française Louk Amidou, elle se sert de la technologie pour réagir aux gestes.

L’œuvre présente un mode d’engagement individuel, ce qui permet aux membres de l’assistance de jouer avec les formes numériques. Intention recourt au design d’interaction, à l’IA, à l’art numérique et à la musique électronique pour produire une expérience multisensorielle.

photo montrant une main humaine qui tente de saisir une image générée par ordinateur
Capture d’écran d’Intention, une installation interactive créée par l’artiste d’origine française Louk Amidou. (L. Amidou), Author provided

Ces deux installations créent des expériences interactives uniques qui encouragent la participation en impliquant l’assistance dans le processus de création.

Villes ludiques

Les artistes et programmeurs pour l’espace public peuvent prendre certaines mesures pour s’assurer que les pratiques d’apprentissage machine soient éthiques et moralement responsables. Les spécialistes en informatique développent d’ailleurs des approches humanocentriques en matière de protection de la vie privée pour les applications intelligentes, les outils d’évaluation de risque, les approches axées sur les données pour les villes intelligentes et plus encore.

L’IA peut rendre les installations interactives présentes en ville plus ludiques, plus divertissantes et même plus formatrices. Le résultat serait des espaces publics remodelés, proposant des activités engageantes pour la population locale et les touristes. Chose certaine, l’IA promet des fonctions intéressantes pour améliorer ces installations, à condition d’être conçue de façon responsable.La Conversation Canada

Burcu Olgen, PhD Candicate, Research Assistant, Lecturer, Concordia University et Carmela Cucuzzella, Professor Design and Computation Arts, Université de Montréal

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.




Retour en haut de page Retour en haut de page

© Université Concordia