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Un an plus tard, nous faisons le bilan tout en planifiant l’avenir post-pandémique de l’Université.
Chères et chers collègues,
Je vous écris aujourd’hui alors que nous marquons un triste jalon. En effet, c’est le mercredi 11 mars 2020 que l’Organisation mondiale de la santé a déclaré la pandémie de COVID-19.
Le gouvernement du Québec nous a demandé d’observer une minute de silence aujourd’hui à 13 h en hommage aux victimes de la pandémie. Si vous êtes en classe à ce moment-là, je vous invite à proposer à vos élèves d’observer un moment de réflexion. De même, si vous participez à une réunion, comme ce sera mon cas, j’espère que vous et vos collègues marquerez une pause.
Le but de mon message est de réfléchir à ce que nous avons vécu et appris en tant que communauté au cours des douze derniers mois, mais aussi de regarder vers l’avenir alors que nous nous préparons, nous l’espérons, à traverser les dernières phases de la pandémie pour planifier l’automne et l’avenir.
Ce que nous avons vécu ensemble
Je suis certain que l’anxiété des premières heures et des premiers jours qui ont suivi la déclaration d’urgence sanitaire reste profondément ancrée dans votre mémoire, comme c’est le cas pour moi. Il s’agissait vraiment du début d’une expérience effrayante et inconnue. Je doute qu’un grand nombre d’entre nous aient compris alors que nous plongions dans une crise d’une ampleur sans précédent, laquelle évoluerait, s’intensifierait et persisterait toute une année, et même davantage pour être exact.
L’expérience de la pandémie a été terriblement perturbante et déconcertante, et nous a tous fait réfléchir. Des choses que nous considérions comme acquises nous ont brusquement été retirées. De nombreux membres de notre communauté ont souffert et, pour certains, des situations difficiles n’ont fait que s’aggraver avec le temps. Comme c’est le cas pour la société dans son ensemble, le fardeau de la crise sanitaire s’est réparti de manière très inégale au sein de notre propre communauté. Les femmes, les parents isolés, les aidants naturels et les personnes issues de communautés marginalisées ont été touchés de manière disproportionnée. L’anxiété compréhensible face à la situation de la santé publique, combinée à l’isolement prolongé et au manque de contacts sociaux, a été extrêmement difficile pour tout le monde, presque insupportable pour certains.
Malgré tous nos efforts – et je tiens ici à rappeler à quel point le travail autant de notre personnel enseignant que de notre personnel administratif a été magnifique – nos étudiantes et étudiants ont vécu une période particulièrement difficile. Beaucoup ont perdu leur emploi et leur revenu. D’autres ont eu du mal à se doter d’un accès Internet de qualité ou d’appareils informatiques adéquats. De nombreux étudiants étrangers ont dû prendre des décisions déchirantes pour choisir entre rester à Montréal ou rentrer chez eux. Tous nos étudiants et étudiantes, qu’ils soient nouveaux ou de retour, ont été privés d’expériences sur le campus qui sont une partie si formatrice de la vie universitaire. Presque tous les aspects de l’enseignement et des services ont dû être réinventés.
Des chercheuses et chercheurs de l’Université – professeurs, étudiants des cycles supérieurs et postdoctorants – ont perdu des projets entiers, reporté des congés sabbatiques et repoussé des échéances. Même après la réouverture des laboratoires et des bibliothèques, il demeure ardu de retrouver une cadence normale.
Employés, professeurs, étudiants et administrateurs se sont retrouvés à travailler à la maison, un cadre loin d’être équivalent à celui d’un bureau. La frontière entre le travail et la vie domestique s’est brouillée, et le rythme de travail a semblé s’accélérer exponentiellement dans l’univers numérique. Figurativement et littéralement, nous avons eu du mal à trouver les ressources intérieures pour tout accomplir.
L’été a amené un certain répit, mais a été aussi une période étrange, sans grande possibilité de vraies vacances et teintée des contraintes d’une pandémie encore bien présente. Inévitablement, les répercussions de cet « été virtuel » sont survenues à l’automne. La crise de santé publique s’est aggravée, les jours se sont raccourcis et refroidis. Fin octobre, la pression et la fatigue accumulée étaient palpables au sein de la communauté. Peu importe à quel point nous avions fait preuve de résilience, un moment est venu où peu d’entre nous avaient envie d’entendre ce mot une seule fois de plus.
Comme nous l’avions appris au cours des semaines frénétiques de mars et d’avril, l’automne nous a rappelé que la flexibilité, l’adaptation et la compassion étaient des vertus importantes; que si nous pouvions prendre quelques petites mesures pour réduire la pression les uns sur les autres, nous pourrions améliorer considérablement les perspectives de réussite de notre communauté. Donner aux étudiants la possibilité de passer ou d’échouer à un cours a probablement été l’exemple le plus tangible de cette démarche. L’assouplissement de certaines échéances internes pour le corps enseignant, le prolongement des vacances et l’ajout d’un deuxième jour de congé dans la semaine de lecture ont également été salutaires pour de nombreuses personnes.
Succès importants
Bien entendu, les expériences que nous avons vécues se sont également déroulées dans d’autres universités. Ce truisme ne rend pas notre situation plus réconfortante. Mais en réfléchissant à ce que la communauté a accompli et en examinant certains indicateurs clés relatifs à la réussite des étudiants et de l’établissement, je crois que nous – peut-être plus que d’autres établissements – avons toutes les raisons de nous réjouir de ce que nous avons accompli.
Dans toute l’Amérique du Nord, de nombreuses universités ont vu une forte baisse des inscriptions d’étudiants de première année et des taux d’abandon importants. Cela n’a pas été notre expérience à Concordia. Au contraire, nous avons eu :
- la plus grande promotion de diplômés de notre histoire en juin dernier;
- le plus grand nombre d’inscriptions jamais enregistré aux trimestres d’été;
- une augmentation de 2 % des inscriptions par rapport à l’année précédente;
- le taux d’abandon de loin le plus bas que nous ayons jamais vu en janvier.
Tout bien pesé, nos perspectives pour l’été et l’automne 2021 sont prometteuses. Comme nombre d’étudiantes et étudiants suivent moins de cours pour faire face à la charge de travail en ligne, nous prévoyons que les inscriptions d’été seront robustes. Nous avons enregistré une participation record à nos journées portes ouvertes virtuelles à l’automne et en février. Le nombre de demandes d’admission pour 2021 – 2022 est en hausse dans toutes les facultés et à tous les cycles.
Malgré les nombreux obstacles liés à la COVID-19, les chercheuses et chercheurs de Concordia ont obtenu d’importantes subventions de recherche et de formation, ont publié des articles remarquables, ont entrepris des projets novateurs et ont fait des percées spectaculaires, dont l’une a été classée parmi les dix découvertes de 2020 par Québec Science. À un moment où nous avons plus que jamais besoin des arts et de la culture, Concordia continue d’être un phare de la créativité grâce à ses professeurs à temps plein et à temps partiel, à ses étudiants et à ses diplômés qui continuent de repousser les limites de la créativité.
Il convient également de répéter qu’au cours des six derniers mois, malgré la pandémie, nous avons lancé notre plan d’action en matière de durabilité, nous avons ouvert le Carrefour des sciences appliquées au campus Loyola, nous avons dévoilé notre Institut des villes nouvelle génération, et nous nous sommes engagés à faire progresser les 17 objectifs de développement durable des Nations Unies en commençant par planifier un examen volontaire de nos activités.
À la suite de longues consultations avec des chercheuses et chercheurs du domaine de la santé et de nombreuses discussions à l’interne, nous avons également présenté une proposition ambitieuse et potentiellement transformatrice pour l’Université, à savoir la création d’une école de la santé.
Le travail entrepris pour faire avancer notre plan d’action sur les directions autochtones, ainsi que celui du groupe de travail sur le racisme contre les Noirs, est tout aussi transformateur, bien que de manière différente. Avec la création de notre nouveau Bureau de l’équité, ces actions montrent à quel point l’équité, la diversité, l’inclusion et l’accessibilité sont importantes pour l’avenir de Concordia.
Et parlant d’avenir, notre Campagne pour Concordia poursuit sur sa lancée. En 2020, nous avons attiré des dons d’un plus grand nombre de donateurs que jamais auparavant, et nous annoncerons très bientôt l’atteinte d’un jalon important.
Pendant ce temps, notre réputation d’excellence demeure forte à l’international. QS continue de nous désigner meilleure université d’Amérique du Nord de moins de 50 ans. Au Canada, où les universités U15 dominent les palmarès, nous nous classons au 17e rang, devant trois établissements dotés de facultés de médecine.
Vues sur l’automne
Selon les prévisions, la majorité des Canadiennes et Canadiens adultes seront vaccinés d’ici l’automne, ce qui est naturellement une excellente nouvelle. Dans ce contexte, nous entendons rouvrir nos campus en toute sécurité cet automne pour y tenir autant de cours et d’activités étudiantes en personne que possible.
Ceci étant dit, le retour aux campus sera complexe d’un point de vue organisationnel. Nous devrons nous conformer à des directives changeantes en matière de santé publique et les adapter aux réalités de nos installations. Certaines activités d’enseignement et d’apprentissage et certains services continueront sans doute d’être offerts en ligne. Bref, nous prévoyons que l’automne 2021 sera extrêmement différent de celui de 2020, mais pas identique à ce nous connaissions en 2019.
Nous savons qu’une grande préoccupation au sein de notre communauté est la sécurité du retour aux campus. Je partage cette préoccupation, tout comme l’ensemble de l’équipe de direction supérieure de l’Université. Dans notre planification du retour aux campus, nous sommes conscients qu’il faudra peut-être faire des accommodements au cas par cas pour des membres de la communauté – étudiants, employés et professeurs – qui sont immunodéprimés ou agissent comme soignants pour des personnes vulnérables.
Sous la direction conjointe d’Anne Whitelaw, vice-rectrice exécutive par intérim aux affaires académiques, et de Michael Di Grappa, vice-recteur aux services et au développement durable, un groupe de coordination sur la poursuite des activités, dont les membres proviennent de toute l’Université, a déjà élaboré des scénarios et des plans pour notre retour collectif sur les campus.
La semaine dernière, nous avons entamé une nouvelle phase de ce processus en offrant aux étudiantes et étudiants davantage de possibilités d’activités en personne pour le reste du trimestre d’hiver. En ouvrant des espaces permettant à de petits groupes de se réunir, de créer des réseaux et de collaborer, de mener des activités telles que des soutenances de thèse ou des projets de clubs étudiants, nous espérons redonner vie quelque peu à nos campus et contribuer à rompre l’isolement que ressentent de nombreux étudiants.
Cet été, nous continuerons à offrir des cours principalement en ligne tout en élargissant l’éventail des activités proposées aux étudiants sur le campus et en faisant des essais d’examens en personne. Nous prévoyons également le retour de certains employés sur le campus, en particulier ceux qui travaillent directement avec les étudiants.
La planification détaillée pour l’automne est en cours et se poursuivra intensément durant les six prochaines semaines. La vice-rectrice exécutive aux affaires académiques ainsi que les doyennes et doyens ont élaboré des principes afin de guider les départements dans l’établissement de priorités relatives à la prestation de cours en personne par rapport à la prestation de cours en ligne. Une fois que nous connaîtrons ces priorités, la prochaine étape consistera à concevoir un calendrier des cours compatible avec les caractéristiques de nos installations ainsi que les directives de santé publique à prévoir. Notre objectif est de pouvoir dire définitivement aux étudiants en mai quels cours d'automne seront dispensés en personne, en ligne, quand et où.
Cette tâche d’établissement du calendrier est d’une ampleur considérable. Pensez-y : au cours d’un semestre d’automne normal, nous offrons environ 3 300 sections de cours, de même que 1 500 activités telles que des laboratoires. Sur le plan du nombre d’étudiants, la majorité de nos activités d’enseignement se déroulent aux pavillons Hall et Molson du centre-ville et au complexe des sciences du campus Loyola. Par conséquent, si certaines exigences de la santé publique en matière de distanciation sociale restent en vigueur à l’automne, nous devrons relever le défi supplémentaire de gérer la circulation dans ces bâtiments.
Penser à l’avenir
Enfin, en tant que jeune université de calibre mondial évoluant dans un marché mondial hautement concurrentiel, nous devons aussi regarder au-delà des mois à venir et, comme d’autres établissements de premier plan, réfléchir à ce que nous avons appris de l’année écoulée pour nous demander ce que nous pouvons faire différemment et mieux.
Comment pouvons-nous faire progresser Concordia en tant qu’université nouvelle génération tout en conservant les pratiques et les attributs qui ont été si essentiels à notre succès passé? Cette réflexion est particulièrement opportune dans un contexte où le scientifique en chef du Québec vient de mener une importante consultation sur « L’université du futur ».
Pour entreprendre cet important processus, j’ai demandé à Anne Whitelaw et à Michael Di Grappa de diriger des consultations à l’échelle de l’Université qui mèneront à des recommandations sur la façon dont Concordia peut devenir un modèle d’université de l’avenir.
Inspirées de notre expérience fructueuse dans l’élaboration du Plan d’action en matière de durabilité de Concordia, les consultations seront menées par des groupes de travail composés de professeurs, de membres du personnel, d’étudiants, d’administrateurs et, dans certains cas, de diplômés et de personnes extérieures à la communauté de Concordia.
À l’heure actuelle, nous envisageons six groupes de travail chargés de mener des consultations et de formuler des recommandations sur l’avenir de :
- l’enseignement et l’apprentissage;
- les services aux étudiants;
- la recherche et son impact;
- le travail, l’environnement de travail et l’effectif;
- les espaces des campus;
- les relations de Concordia avec les communautés et le monde qui nous entourent.
Sous réserve d’une réflexion plus approfondie, nous envisageons que les groupes de travail soient guidés par les principes suivants:
- Alignement sur les vecteurs stratégiques nouvelle génération de Concordia et leur renouvellement
- Approche centrée sur l’étudiant
- Soutien aux différents besoins de notre corps professoral, de nos étudiants et de notre personnel
- Engagement en matière de durabilité, y compris la durabilité financière
- Décisions favorisant l’équité, l’inclusion, l’accessibilité et la décolonisation
- Accent sur l’agilité, la flexibilité et la réactivité
- Créativité, saine tolérance aux risques et volonté de remettre en question le statu quo
Comme ce fut le cas pour le Plan d’action en matière de durabilité, le succès de cette initiative dépendra des contributions de l’ensemble de la communauté. Nous ne précipiterons pas ce processus. Notre objectif est d’entamer des consultations d’un an avec la communauté au printemps 2021, en vue d’élaborer des recommandations à communiquer à la communauté à l’automne 2022.
Tout comme les actions en matière de durabilité sont urgentes, le moment est venu de porter notre attention sur la façon dont nous voulons concevoir Concordia pour un avenir encore meilleur, en particulier à l’approche de notre 50e anniversaire en 2024. Je me réjouis de ce que nous avons accompli au cours de l’année écoulée et suis impatient de travailler avec vous à ce projet à plus long terme.
Pour l’instant, toutefois, notre priorité est de livrer le reste du trimestre, d’organiser notre été et de planifier notre automne.
Merci encore une fois de tout ce que vous accomplissez pour faire de Concordia une si formidable université. Prenez bien soin de vous.
Graham Carr
Recteur et vice-chancelier