Le professeur de l’Université Concordia Vivek Venkatesh s’est exprimé devant la commission Rouleau et au sommet de la recherche du G7 « Une seule santé »
Vivek Venkatesh, de l’Université Concordia, a récemment reçu deux invitations à discuter, dans des cadres prestigieux, de ses travaux sur le pluralisme et la pédagogie sociale ainsi que de leur contribution à la prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent.
Du 21 au 23 novembre 2022, le professeur de pratiques inclusives en arts visuels au Département d’éducation artistique a pris part au sommet de la recherche du G7 « Une seule santé », à Lake Louise en Alberta. À cette occasion, divers chercheurs, dirigeants communautaires, responsables de l’élaboration des politiques et représentants des gouvernements des pays du G7 ont discuté de l’avenir de la santé humaine d’un point de vue interdisciplinaire.
« Ce sommet avait pour objectif de réfléchir à la préservation de la santé humaine tout en prenant en compte l’incidence potentielle sur celle-ci de facteurs comme la santé animale ou la préservation de l’environnement », explique le Pr Venkatesh.
Vivek Venkatesh est également cotitulaire de la Chaire UNESCO en prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent. À la suite du sommet « Une seule santé », en tant que panéliste expert, il s’est exprimé le 29 novembre dernier à Ottawa dans le cadre des audiences de la commission Rouleau au sujet des liens entre mésinformation, désinformation et médias sociaux.
La commission Rouleau a pour mandat d’examiner et d’évaluer la légalité de l’imposition de la Loi sur les mesures d’urgence en février 2022 par le gouvernement du Canada.
Écouter celles et ceux avec qui l’on est en désaccord
Lors des deux événements précités, le Pr Venkatesh a appelé les universitaires et les décideurs à réfléchir à l’importance de créer des espaces de pluralisme qui permettent à de multiples points de vue d’être entendus, puis de faire l’objet de discussions et de débats au sein de la sphère publique.
Dans le cadre du sommet de la recherche du G7 « Une seule santé », le Pr Venkatesh dit avoir particulièrement apprécié sa participation à une table ronde regroupant des spécialistes autochtones de l’ensemble du Canada, parmi lesquels des aînés, de hauts dirigeants universitaires et des titulaires de chaires de recherche du Canada : « Ils m’ont aidé à cerner les origines épistémologiques des points de vue autochtones. Formidable exemple de pluralisme, cette table ronde a permis à des gens aux parcours divers de se pencher sur différents points de vue avec la volonté d’aplanir les divergences sans nécessairement parvenir à un consensus précipité en diluant la qualité des arguments soutenus. »
Il a également traité de cette question lors des audiences de la commission Rouleau, dans le cadre d’une table ronde sur le rôle des médias sociaux dans la radicalisation et l’extrémisme violent.
Prévenir la haine en ligne
Le Pr Venkatesh étudie la haine en ligne depuis près d’une décennie. Son équipe a entre autres mis sur pied le projet SOMEONE, une plateforme multimédia visant à combattre la haine et l’extrémisme violent par la création d’espaces de dialogue pluralistes.
Lors de la table ronde, le Pr Venkatesh a exposé les conclusions d’un rapport de recherche de 2020 dont il est un des cosignataires. L’étude porte sur la contribution d’Internet à l’extrémisme violent et repose sur des entretiens menés avec 10 anciens extrémistes de droite vivant au Canada.
« Selon nos observations, les personnes interrogées se sont radicalisées et ont adhéré à des mouvements d’extrême droite principalement après avoir été recrutées en personne, indique le Pr Venkatesh. Internet est un catalyseur qui sert à propager des discours antisémites, anti-immigration et islamophobes, et à renforcer ce type de valeurs. »
Le Pr Venkatesh ajoute qu’il est important de traiter avec humanité les personnes aux opinions fortement divergentes, en créant des espaces où elles peuvent apprendre à être en désaccord. « Bien que le pluralisme soit essentiel à la démocratie libérale, on assiste à un traitement relativement déshumanisé des gens qui véhiculent une rhétorique dite populiste », estime-t-il.
« Si nous ne parvenons pas à les écouter sans les traiter de la sorte, nous risquons d’être incapables de gérer les divergences. »
Le Pr Venkatesh précise que la création d’espaces de pluralisme doit se faire lentement, dans un esprit d’ouverture et en faisant preuve de ce que le philosophe Eamon Callan qualifie d’« insécurité intellectuelle ».
« La lenteur engendre une nécessaire réflexion, explique le Pr Venkatesh. Nous devons non seulement réfléchir au raisonnement ou à la logique qui nous ont menés à nous forger une opinion donnée, mais aussi prendre le temps de réfléchir à la manière dont d’autres personnes sont parvenues à l’opinion qui est la leur. »
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