Agir pour changer les choses
Une cérémonie nationale de commémoration s’est déroulée le 23 juin dernier au Sénat canadien, organisée par les sénateurs Yuen Pau Woo et Victor Oh ainsi que des membres de la fondation Action! Chinese Canadians Together (ACCT). Des discours, des lectures de poésie, des prestations musicales et le dévoilement d’une plaque commémorative étaient à l’ordre du jour.
Toutefois, selon Alice Ming Wai Jim, si l’on en juge par les réactions aux récentes allégations d’ingérence chinoise dans les affaires du Canada, il importe de continuer à faire preuve de vigilance et de poursuivre la conversation.
« Cet événement vient appuyer les campagnes de sensibilisation menées actuellement contre la haine à l’endroit des personnes d’origine asiatique, affirme-t-elle. La fondation ACCT mène activement diverses initiatives visant à éduquer la population sur l’histoire du racisme envers les personnes d’origine asiatique au Canada et à mettre fin à l’oblitération historique de ces personnes, dans une perspective de réconciliation et de guérison. »
Des histoires moins connues dans l’art canadien
Dans son propre travail, Alice Ming Wai Jim explore les contributions des communautés racisées au cours de l’histoire de l’art canadien. Son exposition intitulée Redress Express, présentée à Vancouver en 2007, abordait la question de la taxe d’entrée en collaboration avec plusieurs artistes et militants, dont Sid Tan et Karen Tam.
Alice Ming Wai Jim a également fondé la revue Asian Diasporic Visual Cultures and the Americas et travaille actuellement à l’écriture d’un livre sur des artistes canadiens de couleur qui se revendiquent d’un autre groupe de sept. « On y aborde d’importantes dates dans l’histoire de l’immigration canadienne qui ont eu un profond impact non seulement sur les minorités visibles issues de l’immigration, mais aussi sur les relations entre les personnes de couleur et les communautés autochtones, dont les territoires non cédés ont été le théâtre de ces luttes au cours de l’histoire et jusqu’à aujourd’hui », précise-t-elle.
Le centenaire de la loi sur l’exclusion des Chinois doit être vu dans l’optique plus large selon laquelle la discrimination structurelle contre les personnes racisées fait du tort à l’ensemble de la population, fait valoir Alice Ming Wai Jim. « Et pourtant, déplore-t-elle, nous savons encore très peu de choses sur ces années d’exclusion, sur le Komagata Maru ou sur les camps d’internement des Canadiens et Canadiennes d’origine japonaise. »
« Je suis d’avis que l’éveil racial qui a été amplifié par le mouvement Black Lives Matter et le meurtre de George Floyd, ainsi que la croissance des groupes suprémacistes blancs et la recrudescence de la haine anti-asiatique au cours de la pandémie de COVID-19 nous ont fait prendre conscience de l’impérative nécessité d’œuvrer à l’avènement d’une société plus juste. Or, pour que ce changement survienne, nous devons apprendre à mieux connaître notre passé. La situation actuelle devrait nous inciter à passer à l’action, et il est plus que temps de discuter de ces enjeux. »
Apprenez-en davantage sur le Département d’histoire de l’art de l’Université Concordia.