Le régime de retraite de l’Université Concordia impressionne dans un contexte de grande instabilité financière
« Nous avons repensé le régime et adopté une approche unique », affirme Marc Gauthier.
L’année 2022 a été difficile pour les marchés financiers du monde entier. Les valeurs boursières ont chuté, l’inflation a monté en flèche et les économies de nombreux épargnants ont été durement mises à mal.
Malgré tout, le régime de retraite du personnel de l’Université Concordia (RRPUC) se porte toujours à merveille. Le fonds affiche un avantageux rendement du capital investi de 1,74 % pour l’année 2022, ce qui représente, selon ce que rapporte la Banque Canadienne Impériale de Commerce (CIBC), 8,44 points de pourcentage de plus que le rendement médian des régimes de retraite canadiens ayant des actifs moyens de quatre milliards de dollars. La CIBC est le dépositaire de la caisse de retraite de l’Université.
Le RRPUC se classe également parmi les cinq meilleurs régimes de retraite canadiens dont les actifs se situent entre un et cinq milliards de dollars pour sa capacité à mesurer les rendements mensuels sur une base continue et à générer les revenus les plus élevés avec un minimum de risques.
Pour Marc Gauthier, trésorier et chef du placement de Concordia, le succès que connaît le régime depuis quelques années est la preuve que sa politique de financement et sa politique d’investissement intégré sont efficaces.
« Nous avons créé un régime qui est peu exposé aux fluctuations des marchés financiers traditionnels. Nous avons aussi fait appel à des stratégies qui visent à protéger le capital tout en profitant des hausses du marché », explique-t-il.
L’approche à plusieurs volets du régime ne manque pas d’attirer l’attention. En 2020, le site Canadian Investment Review a décerné son tout premier Investment Governance Award (Prix en gouvernance de placement) au régime de retraite de Concordia. Puis, en août 2022, Marc Gauthier a été invité à présenter les résultats de son équipe dans le cadre du colloque sur la gestion du risque de Canadian Investment Review.
Son exposé a surtout porté sur la période de 2018 à 2022, caractérisée par une grande instabilité financière.
« Ceux de mes pairs qui assistaient au colloque ne comprenaient pas comment nous avions réussi. Jusque-là, personne n’avait été en mesure de profiter des hausses du marché une année, puis d’éviter les baisses l’année suivante », fait valoir M. Gauthier.
« Nous avons conçu notre politique de placement comme une partie de football. Nous nous sommes dotés d’une solide défense qui nous donne la possibilité de passer à l’offensive, puis nous avons adopté de nombreuses stratégies — des équipes spéciales — qui n’ont rien à voir avec les marchés financiers, mais qui apportent un bon rendement. »
Éviter la mentalité de troupeau
Marc Gauthier explique que la bonne tenue du régime remonte à une évaluation de la gestion du risque d’entreprise effectué par son équipe au lendemain de la crise financière de 2008. À cette époque, le régime avait perdu plus de 25 % de son coefficient de capitalisation.
« Nous avons formé un petit groupe composé de membres du comité du régime de retraite, répertorié la totalité des risques du régime et tenté d’en faire l’évaluation, relate M. Gauthier. Puis, nous avons élaboré un plan d’atténuation pour réduire ces risques. »
C’est ainsi qu’ont été établies les politiques de financement et d’investissement intégré du régime. De plus, Marc Gauthier et son équipe ont entrepris une transformation globale du cadre et du processus de gouvernance du régime.
« En 2008, il y avait un comité du régime de retraite, qui devait se charger de tout. Nous avons alors décidé de mettre sur pied un sous-comité spécialisé en placement relevant strictement du comité du régime », poursuit-il.
« Nous avons depuis organisé des séances de formation et d’orientation. Ainsi, mon équipe a consacré beaucoup de temps à la gestion et aux échanges avec le comité du régime de retraite. »
En outre, le RRPUC demeure un régime à prestations déterminées, dans un contexte où de nombreux employeurs passent aux régimes à cotisation déterminée ou cessent complètement d’offrir des avantages sociaux.
Contrairement à ce qu’offrent les régimes à cotisation déterminée, les revenus de retraite versés aux membres d’un régime à prestations déterminées sont garantis par l’employeur.
« Nous avons repensé le régime et adopté une approche unique », affirme Marc Gauthier.
« Les intervenants du milieu de l’investissement ne cessent de se comparer aux autres et font toujours les choses de la même façon, car ils n’osent pas sortir du lot. Il faut du courage et de l’audace pour penser différemment et éviter la mentalité de troupeau. »
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