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Des étudiants coop de l’École de génie et d’informatique Gina-Cody construisent, apprennent et tissent des liens au sein de la Nation crie de Chisasibi

Muhammad Ahsan et Malik Arsalan évoquent leur parcours d’apprentissage, du Pakistan à la baie James en passant par Montréal
5 septembre 2024
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Muhammad Ahsan avec des aînés cris lors d’un pow-wow à Chisasibi. Muhammad Ahsan avec des aînés cris lors d’un pow-wow à Chisasibi.

Lorsque Muhammad Ahsan a appris qu’il avait la possibilité d’effectuer un stage à Chisasibi, une communauté crie éloignée du Nord-du-Québec, il a été intrigué par cette aventure prometteuse.

« Je n’avais jamais entendu parler de cet endroit auparavant », admet l’étudiant aux cycles supérieurs en génie originaire de Lahore, au Pakistan. « Lorsque j’ai fait une recherche sur Google et que j’ai vu à quel point c’était loin de Montréal, j’ai pensé que ce serait une expérience enrichissante pour moi. »

Muhammad Ahsan et son camarade Malik Arsalan sont les deux premiers étudiants de l’Université Concordia à effectuer leur stage coop en territoire cri, dans l’une des régions septentrionales du Canada, et ce, grâce à un partenariat unique entre l’Institut d’enseignement coopératif et la Nation crie de Chisasibi.

La communauté réalise actuellement des projets d’infrastructure essentiels. Il s’agit notamment de bâtir de nouvelles routes, des logements et un hôpital plus grand qui permettra aux habitants de la région d’obtenir des soins de santé localement plutôt que de prendre l’avion pour se rendre à Québec ou à Montréal.

« Nous sommes ravis que nos étudiants puissent appliquer leurs connaissances et leurs compétences spécialisées à des projets de développement à Chisasibi », déclare Cherine Zananiri, directrice de l’apprentissage expérientiel et de l’enseignement coopératif à Concordia.

« Ce partenariat peut servir de modèle à d’autres communautés cries et nordiques aux prises avec des pénuries de main-d’œuvre, tout en augmentant le nombre de possibilités de stages pour nos étudiants. »

Pour Muhammad Ahsan et Malik Arsalan, qui ont tous deux obtenu un baccalauréat au Pakistan avant de poursuivre des études supérieures à l’École de génie et d’informatique Gina-Cody de Concordia, l’expérience s’est révélée transformatrice, tant sur le plan professionnel que personnel.

Les deux stagiaires sont arrivés à Chisasibi au début de l’été et se sont rapidement retrouvés plongés dans des projets cruciaux pour le développement de la communauté. « Nous supervisons la construction d’une quarantaine de maisons et nous participons également à la construction d’une caserne de pompiers et de routes », explique Muhammad Ahsan.

Pour les étudiants habitués à Islamabad ou à Lahore, puis à Montréal, les vastes étendues sauvages et la communauté soudée de Chisasibi offrent un grand contraste. « Ici, tout le monde se connaît, affirme Muhammad Ahsan. Les gens sont très accueillants; ils vous saluent et partagent leurs traditions. »

Travailler dans le nord du Canada présente des défis uniques. La saison de construction est brève, de juin à octobre, en raison de la rigueur du climat.

« Les conditions météorologiques ont un impact considérable sur la construction ici. Des projets qui prendraient des mois ailleurs peuvent prendre des années parce que nous n’avons que cinq mois pour travailler », souligne Malik Arsalan.

Malik Arsalan

Un témoignage et un apprentissage profondément émouvants

Au-delà des aspects techniques de la construction, le stage offre également une formation culturelle approfondie. Les deux étudiants ont été frappés par le respect que porte la communauté crie à la terre. Ils ont assisté à un pow-wow qui rassemblait des Cris de toute la région. « Dans leur culture, la terre est leur mère, précise Muhammad Ahsan. Ils lui rendent hommage à travers ces événements, et c’était profondément émouvant d’être témoin et d’apprendre de cette tradition. »

Les étudiants ont également été invités à un grand rassemblement annuel appelé Mamoweedow. À cette occasion, la communauté retourne sur l’île de Fort George, où elle vivait avant d’être déplacée dans les années 1980 en raison d’un projet de barrage hydroélectrique.

« Nous avons passé deux nuits sur l’île, participant aux célébrations qui relient les membres de la communauté à leur histoire et à leurs ancêtres. Nous avons mangé des plats traditionnels, les enfants et les anciens ont joué à des jeux, et la communauté a dansé jusque tard dans la nuit », ajoute Muhammad Ahsan.

Les étudiants ont par ailleurs dû relever des défis culturels et pratiques, notamment en matière d’alimentation. En tant que musulmans suivant un régime halal, Muhammad Ahsan et Malik Arsalan ont eu de la difficulté à trouver de la nourriture halal dans une communauté où le gibier – tel que l’oie, le castor, l’orignal et la baleine – représente une part importante de l’alimentation locale. Ils ont apporté de la nourriture halal de Montréal, et les membres de la communauté locale ont fait preuve de générosité en leur offrant le poisson qu’ils avaient pêché. Ils espèrent même participer à un voyage de chasse, au cours duquel ils pourront préparer leur gibier selon les pratiques halal.

« Nous aimerions faire l’expérience de la chasse, ce que nous n’avons jamais fait auparavant », déclare Muhammad Ahsan avec enthousiasme.

Les étudiants ont également eu la chance de voir une aurore boréale. « Nous sommes allés sur une plage et, à notre grande surprise, le ciel entier était illuminé. »

Pour les stagiaires de Concordia, ce séjour à Chisasibi s’est avéré plus qu’une simple étape dans leur cheminement de carrière; il s’agissait d’une immersion dans le territoire et la culture cris.

« Même si le mode de vie est totalement différent ici, nous avons tissé des liens avec les membres de la communauté, raconte Malik Arsalan. Je ne m’attendais pas à vivre une telle expérience, mais je pourrai dire à mes petits-enfants que j’ai travaillé avec les Premières Nations du Canada. »

Barbara Spencer, directrice des ressources humaines de la Nation crie de Chisasibi, qui a embauché Malik Arsalan et Muhammad Ahsan, s’est montrée enthousiaste quant à leur travail.

« Nous sommes très reconnaissants de leur présence et il sera difficile de les voir partir. Ils ont été très actifs au sein de notre communauté et nous ont beaucoup aidés. »

Heureusement, le partenariat se poursuivra, et d’autres étudiantes et étudiants de Concordia nouvellement embauchés s’envoleront bientôt vers le nord pour effectuer des stages à Chisasibi à l’automne.


Apprenez-en davantage sur l’
Institut d’enseignement coopératif de l’Université Concordia.

 

 



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