Nesreen Galal
Glimpses of Egypt, Syria and Kuwait
2024
Démarche artistique
Un temps avant la guerre civile
Un temps où j’avais mes perruches au Koweït : Sinson et Toti
Un temps où je voyais mes grands-parents chaque année
Un temps où mon père était encore en vie
Un temps où ma grand-mère était encore en vie
Un temps où j’admirais les magnifiques paysages de Sharm El Sheikh — شرم الشيخ
Un temps où je me promenais dans le quartier de mes grands-parents à Dummar — دُمَّر
Un temps où j’attendais avec impatience de manger les plats de ma grand-mère
......
Quel temps.
Glimpses of Egypt, Syria and Kuwait a été réalisé dans le cadre d'une étude indépendante, où j’ai expérimenté avec la risographie. J’ai essayé d'intégrer l’animation image par image au processus d’impression. Imprimées en images bicolores — rose et bleu, bleu et rouge, rouge et jaune, jaune et rose — ces prises ont été réalisées lorsque j’étais enfant. J’ai voulu réutiliser de vieilles séquences datant de l’époque où ma passion pour l’art a commencé, quand j’ai reçu un appareil photo numérique pour mes dix ans. J’ai retrouvé cet appareil récemment. Ce projet est un cadeau à mon moi plus jeune.
En suivant la situation actuelle à Gaza, j’ai été inspirée par les souvenirs collectifs de mon enfance.
Les Arabes vivant au Canada, loin de leurs familles et de leurs animaux de compagnie, deviennent nostalgiques des paysages de nos pays : comme les plages du golfe Arabo-Persique et de la mer Rouge. Certains souvenirs liés à la nourriture, comme « el sufra » qui signifie la table à manger, ont une grande importance dans la communauté arabe, car c’est un moment pour s’asseoir et passer du temps en famille, surtout pendant le Ramadan. J’ai ajouté deux séquences à ce sujet, car je trouve fascinant que le mot sufra vienne de la racine sémitique « s-f-r », associée aux mouvements de balayage et aux voyages (et qui a également donné naissance au mot anglais safari). Selon le Lexique arabe-anglais de E. W. Lane, le sens de base du mot était « nourriture préparée pour le voyageur… ou pour un voyage ».
Cela résonne en moi, en tant que personne nostalgique des pays où j’ai vécu et que j’essaie de revisiter souvent. Je me sens comme une voyageuse et une touriste dans mes propres pays. Je n’ai jamais vécu en Égypte ou en Syrie, bien que mes parents soient originaires de ces pays, et j’ai vécu au Koweït sans jamais me sentir assez koweïtienne. Je dis souvent que je ressemble à une Syrienne, mais je ne parle pas comme une Syrienne, et que j’ai l’accent égyptien, mais que je n’ai pas l’air d’une Égyptienne. J’utilise l’art pour naviguer mon identité et trouver ma place.
Biographie de l'artiste
La pratique artistique de Nesreen se situe à la croisée de l'exploration de la mémoire et de la déconstruction de l'identité. Elle examine et déconstruit souvent les multiples couches de l'identité au sein d'une société capitaliste et patriarcale, remettant en question la distinction entre le véritable soi et le personnage construit sous le regard sociétal. Au cœur de son travail se trouve une exploration de la nature subjective de la mémoire, en considérant les distorsions inhérentes au souvenir et la physicalité de l'archivage de la mémoire.
Nesreen utilise une gamme variée de médiums pour articuler ces thèmes, avec un accent particulier sur l'art de la performance, l’impression, la photographie, la vidéo, le design et le collage. Son approche est expérimentale et implique souvent une fusion de techniques numériques et analogiques, aboutissant à des créations multimédias qui remettent en cause les frontières artistiques traditionnelles..